À l’approche des élections syndicales dans les TPE , prévues du 25 novembre au 9 décembre 2024, l’Union départementale Maine-et-Loire de la CFE-CGC, avec l’Action régionale pour l'amélioration des conditions de travail (ARACT), a organisé un débat à la Bourse du travail d'Angers pour mettre en évidence l'importance de structurer les échanges dans les petites structures souvent privées de représentation syndicale.
Jérôme Hanarte, président de la CFE-CGC Pays de la Loire (en photo aux côtés de Emilie Orriere, présidente de l’Union départementale CFE CGC Maine-et-Loire) a expliqué que, dans ces entreprises de moins de 11 salariés, « les relations sont fréquemment gérées de manière conviviale et directe, réduisant l’envie d’un cadre formel de concertation ». Cependant, avec près de 5 millions de salariés concernés, structurer le dialogue social est essentiel pour prévenir les conflits et améliorer la qualité de vie au travail. De ce fait, comme le rappelle Jérôme Hanarte, « les élections syndicales sont une opportunité précieuse pour les salariés des TPE d’élire leurs représentants et de s'assurer que leurs droits et intérêts soient entendus ».
DES EXEMPLES DE LA RÉALITÉ DU TERRAIN
Les échanges ont permis de partager des expériences variées et inspirantes sur la réalité du dialogue social dans les TPE :
- David Deshaies (CAPEB), dirigeant dans le secteur du bâtiment, privilégie la transparence avec des réunions hebdomadaires « qui renforcent l'esprit d'équipe et limitent le turnover ». Son entreprise a par ailleurs adopté la semaine de quatre jours, « une initiative qui a eu un effet positif sur le bien-être des salariés tout en maintenant la productivité ».
- Fabrice Anger (CPME), à la tête de l’entreprise ADDECOM, applique un modèle d’« entreprise libérée » où chaque collaborateur gère ses projets de manière autonome ». Tout en accordant cette liberté, il organise des échanges informels « pour maintenir la cohésion et compenser les défis du télétravail, qui, pour certains, peut freiner la productivité ».
- Stéphane Coignard (CPME) témoigne de son expérience de chef d’entreprise autodidacte qui a instauré un comité social et économique (CSE) « pour structurer les discussions avec ses employés ». Il recommande également de « faire appel à des RH externes pour favoriser des échanges ouverts et confidentiels avec les salariés ».
- Leila Thomé dirige une coopérative inclusive offrant des logements aux personnes en situation de handicap. Avec les salariés-sociétaires, elle organise des séminaires stratégiques pour engager l’ensemble des collaborateurs dans la gouvernance. « Les horaires de travail, flexibles et adaptés aux besoins des résidents, sont discutés avec les coordinateurs, permettant une organisation souple et efficace », se félicite-t-elle.
DES OUTILS CONCRETS POUR STRUCTURER LES ÉCHANGES
Afin de renforcer le dialogue social dans les TPE, plusieurs outils ont été proposés par l’ARACT : entretiens individuels réguliers pour encourager l’expression des salariés ; agendas sociaux planifiés et réunions programmées pour structurer les échanges ; accords d’entreprise sur le temps de travail comme le forfait-jours, permettant une flexibilité adaptée aux attentes des salariés. Élisabeth Tayar de l’ARACT a détaillé les ingrédients d’un dialogue social réussi : « une écoute active, une concertation formalisée et un réel souci des besoins des salariés ». Elle souligne que « même si les TPE n’ont pas les obligations des grandes entreprises, il reste crucial de développer ces échanges pour maintenir un climat de travail positif et prévenir les conflits ».
LE RÔLE MAJEUR DES COMMISSIONS PARITAIRES
En conclusion, Christine Lê, secrétaire nationale au dialogue social de la CFE-CGC, a rappelé l’importance des Commissions paritaires régionales interprofessionnelles et de l’artisanat (CPRIA), qui permettent aux salariés des TPE de participer aux négociations au niveau de leur branche professionnelle. Elle a également présenté Proximeo, une plateforme apportant des avantages sociaux et culturels aux salariés des TPE, augmentant ainsi l’attractivité de ces petites structures.
L’IMPORTANCE D’ALLER VOTER
L’ensemble des intervenants a souligné l’importance du dialogue social dans les TPE pour le bien-être des salariés et la cohésion des équipes. « Ces prochaines élections sont une occasion cruciale pour les salariés des TPE de se faire entendre, a souligné Christine Lê. Voter pour élire des représentants, c’est contribuer à l’amélioration des conditions de travail, à la prévention des risques et au renforcement de la solidarité. Structurer ces échanges est une démarche gagnante, tant pour les employés que pour les employeurs, dans des entreprises où chaque voix compte », a conclu la secrétaire nationale.
Cecilia Escorza