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Publié le 25 - 04 - 2024

    Télétravail et management : la CFE-CGC au cœur du sujet

    La CFE-CGC a organisé le mercredi 24 avril un colloque autour des enjeux managériaux induits par les nouvelles organisations du travail. Présentation de l’événement et de l’étude ANACT/CFE-CGC qui le sous-tendait.

    Quels sont les impacts de la crise du Covid sur les missions des manageurs et sur leurs conditions de travail ? Comment l’encadrement gère-t-il l'extension massive du télétravail ? C’est pour répondre à ces questions que la CFE-CGC a lancé fin 2022, avec l’ANACT, un projet sur le travail hybride et le management intitulé SUPERMANagement (Savoir, Unir, Promouvoir, Entraîner, Reconnaître dans le Management).

    À l’occasion de la mise en ligne de cette étude, la CFE-CGC a organisé deux tables-rondes, l’une sur le thème « Télétravail et management, les enseignements des enquêtes CFE-CGC », l’autre sur le thème « La relation managériale à réenchanter ». Nous présentons les bonnes feuilles de la première, introduite par François Hommeril, président de la CFE-CGC.

    Un sujet au cœur des missions de la CFE-CGC
    « L’évolution du travail des managers est un sujet fondamental sur lequel la CFE-CGC se penche depuis sa création en tant que confédération en 1944. Il suffit de lire des extraits de nos statuts pour s’en convaincre et pour rappeler ce qui nous rassemble : « La CFE-CGC s’est donné pour mission originelle d’incarner le syndicalisme spécifique au personnel d’encadrement, d’en assurer la représentation, d’être le gardien de son unité, et elle entend s’adapter en permanence aux changements de la société. » Nous sommes au cœur du sujet ! »
    François Hommeril, président de la CFE-CGC.

    Pourquoi revenir sur le télétravail quatre ans après la pandémie
    « J’ai participé aux négociations, il y a 15-20 ans, des premiers accords de télétravail qui ont commencé par concerner 2 ou 3 % de la population active. Puis les renégociations ont fait monter ce chiffre à 5 % et en 2020 le Covid a bousculé tout cela. À partir du moment où 40 ou 50 % des salariés sont passés en télétravail, le sujet est sorti de sa dimension assez individuelle pour devenir une problématique d’organisation du travail. Il y a eu beaucoup d’analyses conduites auprès des salariés et des employeurs, mais très peu sous l’angle de la relation managériale, en incluant à la fois le manageur et le managé. C’est ce qui constitue tout l’intérêt de l’étude que nous avons conduite avec l’ANACT. »
    Maxime Legrand, secrétaire national CFE-CGC.

    Un décentrage de la relation avec l’entreprise
    « La massification du télétravail déclenche de nouveaux équilibres. Le gros point que nous avons identifié dans cette étude est le décentrage du lien avec l’entreprise. Nous nous sommes rendu compte que le fait d’être beaucoup en télétravail éloignait d’une certaine façon les collaborateurs de l’entreprise et décentrait le rapport qu’ils ont avec leur employeur : plus d’autonomie, plus de libre arbitre, plus de temps choisi à répartir entre ses activité personnelles et son travail, donc un rapport au travail qui change et un lien à la hiérarchie, à la subordination, qui change. »
    Jean-Yves Rigal, designer et fondateur de l'agence Daventure.

    Une montée en puissance concrète des accords collectifs
    « Cela fait quelques années qu’il existe des accords interprofessionnels fixant des règles et un cadre au travail à distance. Mais outre qu’ils n’ont pas toujours été transposés dans les entreprises, leur contenu n’était pas à la hauteur des attentes des salariés. Depuis le covid, des entreprises innovent, cherchent des solutions et concluent des accords qui abordent des questions pratiques : comment se synchroniser à distance ? Quels outils utiliser ? Comment maintenir le collectif à distance ?... Beaucoup d’accords insistent sur la formation des manageurs. Par ailleurs, il existe des guides pratiques et des plateformes sur ces sujets, qui présentent l’avantage de pouvoir être actualisés régulièrement. »
    Yann-Maël Larher, fondateur du cabinet OkayDoc.

    Un impact sur l’équité des conditions de travail
    « Pour pouvoir réaliser une activité professionnelle, il faut trois choses : des conditions de travail, une organisation, et les relations nécessaires pour pouvoir le faire. Le télétravail n’est pas qu’une question géographique de réduction de temps de trajet. Il impacte l’équilibre des organisations et l’équité d’accès aux conditions de travail : est-ce que j’ai le droit d’accéder au travail à distance, aux outils numériques, aux informations, comment garder une relation spontanée avec mes collègues, comment réunir des opportunités de collaboration ou de coopération dans l’entreprise pour pouvoir maintenir mon travail, que je sois à distance ou pas ? Quand un collaborateur est sur site, cela ne le dérange pas d’aller frapper à la porte du collègue en lui disant : « Salut ! j’ai un petit souci, est-ce qu’on peut se voir ? » Aujourd’hui, des manageurs en entreprise nous disent qu’ils ne prennent plus leur téléphone parce que leur collègue est chez lui et qu’ils ne veulent pas le déranger… Mais dans télétravail, il y a travail ! Comment convenir ensemble de nouvelles façons de faire pour nous permettre de nous réaliser dans notre travail et d’accomplir ce pourquoi nous sommes engagés ? »
    Nathalie Gauvrit, chargée de missions à l'ANACT.

    Les outils numériques, un bien ou un mal ?
    « Sans les outils numériques (internet à haut débit, ordinateurs et téléphones portables), nous serions tous « cloués » au bureau. Donc bien sûr qu’ils sont une bonne chose ! Mais leur inconvénient est d’être trop facilement accessibles, trop facilement au bout de la main, le matin quand on se réveille, quand on boit son café, tout le temps… Cela génère une hyper-sollicitation du numérique à la fois pour les manageurs et les managés. Autre problème : les manageurs sont très peu formés au fait d’utiliser les outils numériques dans leur travail. Beaucoup d’entreprises les leur imposent, les forment sur leur fonctionnement technique, mais pas sur la façon dont ils s’intègrent dans leur quotidien de travail ni sur la manière dont l’interaction avec leurs collègues évolue. Quant au droit à la déconnexion, si beaucoup d’entreprises d’une certaine taille le mettent en œuvre, il n’est pas du tout organisé dans les petites. À force d’essayer d’être irréprochable, le manageur s’use. Il essaie de faire tampon entre ses équipes et sa direction, mais pour finir c’est lui qui prend la pression et qui exprime un sentiment d’épuisement lié au télétravail et à la sur sollicitation numérique. »
    Jean-Yves Rigal, designer et fondateur de l'agence Daventure.

    Le triptyque essentiel : travail, organisation, santé
    « Un des constat de notre enquête est que, dans un premier temps, beaucoup de manageurs ont « explosé » leur temps de travail. Une grande partie du temps gagné sur les transports en particulier a été réinvestie sur du travail, ce qui pose la question de l’intensité du travail. Par la suite, des barrières ont été remises, mais notre premier devoir en tant que syndicaliste à la CFE-CGC est de veiller sur la santé des salariés. Le secteur dont je suis secrétaire national s’appelle « Travail, organisation et santé ». Il a été créé en mars 2023 avec François Hommeril et la direction de la CFE-CGC parce que nous avions bien compris que ces trois mots forment un triptyque essentiel. Surtout depuis la suppression des CHSCT. D’ailleurs, depuis, nous avons été copiés par le gouvernement puisque le ministère du Travail est désormais aussi celui de la Santé. »
    Maxime Legrand

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    Gilles Lockhart