La CFE-CGC a lancé des travaux sur la thématique « Travail hybride : faire évoluer le management et l’organisation du travail dans les TPE-PME ». Quelle est la démarche de ce projet financé par l’ANACT ?
Ce projet constitue un des axes du travail mené par la CFE-CGC sous l’intitulé Superman (Savoir, Unir, Promouvoir, Entraîner, Reconnaître dans le Management), visant à accompagner et à outiller les managers et leurs collaborateurs dans la transformation des organisations du travail. Débuté fin 2022 pour une durée de deux ans, le projet entrepris avec l’ANACT consiste à évaluer et faire évoluer le management et l’organisation du travail à l’aune des transformations en cours avec le développement du télétravail et du travail hybride. Il s’agit aussi de faire un audit de l’évolution des pratiques managériales.
En tant que syndicat de l’encadrement et des cadres, ce projet doit également permettre à la CFE-CGC d’être identifiée comme une référence sur tous ces sujets structurants, d’éclairer positivement les enjeux managériaux et de valoriser la prise de responsabilités. Avoir de bons managers est positif pour l’entreprise, pour les collaborateurs et pour le collectif de travail. Mais être manager n’est pas inné : c’est pourquoi ils et elles doivent être formés, accompagnés, outillés.
« Outiller managers et managés dans la transformation du travail »
Sélectionnée par l’Agence nationale pour l'amélioration des conditions de travail (ANACT), la CFE-CGC lance un projet sur le travail hybride et le management. Explications avec Maxime Legrand, secrétaire national du secteur organisation et santé au travail.
Mesurer, auprès des personnels d’encadrement, leurs conditions de travail dans l’environnement du télétravail, ses effets et la relation manager/managé »
Quel est le cahier des charges et comment allez-vous procéder ?
La première étape, avec l’appui de deux partenaires (OkayDoc et Daventure), a été de réaliser une revue de toute la littérature existante sur le travail hybride. Avec une équipe de doctorants, nous analysons dorénavant plusieurs dizaines d’accords européens sur le télétravail dans des entreprises de toutes tailles, et la place conférée aux managers dans le dispositif.
La CFE-CGC vient par ailleurs, sous la forme d’un questionnaire en ligne transmis à ses fédérations et à ses adhérents, de lancer une enquête pour mesurer, auprès des personnels d’encadrement dans les entreprises et les administrations, leurs conditions de travail dans l’environnement du télétravail, leur perception du dispositif, ses effets, et la relation manager/managé. L’enquête est anonyme et prend quinze minutes. Une fois la collecte réalisée pour avoir les tendances sur de grandes masses, le groupe de pilotage mènera, courant juin-juillet, un second questionnaire qualitatif pour aller plus finement dans l’analyse auprès d’un panel restreint de candidats. Les résultats feront l’objet d’une présentation. Au-delà du projet avec l’ANACT, ces réponses permettront à la Confédération d’élaborer des réponses pour consolider son offre syndicale et mieux accompagner ses adhérents.
Sur quoi déboucheront ces travaux ?
Nous mettrons notamment à disposition des entreprises un site internet avec une bibliothèque numérique comprenant des ressources documentaires sur le télétravail et le travail hybride, des recommandations de pratiques vertueuses pour de futurs accords d’entreprise, etc. L’objectif est de pouvoir, sur la base de chaque audit, mettre à la disposition de tout collectif d’entreprise, en incluant les spécificités éventuelles des PME, des recommandations à son propre cadre d’organisation hybride du travail en intégrant les enjeux spécifiques du management et des conditions de travail des managers et des managés.
Le télétravail s’inscrit dans une organisation collective dont il faut mesurer tous les impacts dont les conditions de travail et les défis posés par le télé-management »
Dans quelle mesure la crise sanitaire a-t-elle accéléré la transformation des organisations du travail du point de vue managérial ?
Pour avoir été moi-même négociateur d’accords sur le télétravail dans le secteur bancaire, le dispositif, qui existait depuis les années 1990, ne concernait que 5 à 10 % des salariés avant la crise du Covid. Les confinements ont tout bousculé puisqu’on atteint aujourd’hui, en fonction des secteurs d’activité, jusqu’à 40 % voire 50 % de salariés concernés. Dès lors, le télétravail n’est plus un rapport individuel. Il s’inscrit dans une organisation collective du travail dont il faut mesurer tous les impacts dont les conditions de travail et les défis posés aux managers par le télé-management. Améliorer les conditions de travail, en intégrant les enjeux spécifiques du management en situation de travail hybride, est donc essentiel.
Sous l’impulsion de la CFE-CGC, la qualité de vie et des conditions de travail (QVCT) a remplacé la qualité de vie au travail (QVT) depuis l’an dernier dans le Code du travail. Où en est-on sur ces sujets ?
On constate qu’il est encore difficile, dans bon nombre d’entreprises, de négocier des accords sur la QVCT. Souvent, les directions et les représentants du personnel ne sont pas au même niveau de compréhension. Beaucoup d’employeurs souhaitent faire de cette QVCT une vitrine de tout ce qu’ils mettent en place pour le bien-être des salariés. Or nous voulons en faire un outil structurant en faveur de la santé et de la prévention dont les risques psychosociaux (RPS).
Propos recueillis par Mathieu Bahuet