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Publié le 02 - 10 - 2024

    « C’est déloyal, c’est un chantage à la signature de la direction »

    ExxonMobil vend la raffinerie de Fos-sur-Mer et arrête les activités chimiques à Gravenchon. En découle un rude plan social, imposé plus que négocié, signé par la CFE-CGC. Délégué syndical central, Gilles Telal s’en explique et souligne que le combat se poursuit.

    La CFE-CGC ExxonMobil a signé le 27 septembre dernier le projet de PSE actuellement examiné par la Drieets (Direction régionale de l’économie, de l’emploi, du travail et des solidarités), alors que le contenu reste insatisfaisant. Qu’a permis d’éviter ce paraphe ?

    La CFE-CGC a été la première organisation syndicale à signer le PSE négocié avec les organisations syndicales et la direction, même si le contenu et les mesures proposées restent insuffisants au regard des moyens du premier groupe pétrolier du monde. Le document unilatéral qui a été communiqué à la Drieets est quant à lui scandaleux.

    Le projet unilatéral aurait conduit cent personnes de plus vers un licenciement contraint. En effet, le document supprime la possibilité pour une partie des salariés de partir 5 ans avant leur âge de liquidation à taux plein à la retraite, en cas de départ volontaire. Ce congé de fin de carrière leur permet de conserver 75 % de leur salaire. La mesure unilatérale proposait un congé de fin de carrière qui permettait de partir 4 ans avant leur âge de départ à la retraite en cas de non-signature par les organisations syndicales. C’est déloyal, c’est un chantage à la signature de la part de la direction, d’autant plus que cela n’avait jamais été évoqué au cours des négociations. Nous avons été choqués par l’inhumanité de notre Direction tout au long du processus. Toutes leurs déclarations étaient rédigées sans empathie par leurs avocats et juristes.

    Nous avons obtenu une légère amélioration du texte initial soumis à la signature, avec la mise en place d’un plancher de 50 000 euros d’indemnités pour tous les salariés, quelle que soit leur ancienneté, et d’une cellule de reclassement. Ces mesures ont le mérite d’exister mais apparaissent bien insuffisantes, surtout au vu des résultats financiers du premier groupe pétrolier mondial ! La Drieets n’a pas soutenu les salariés et les organisations syndicales. Malgré le fait que nous mettions en évidence qu’une centaine de salariés allaient se retrouver pris en charge par France Travail dans ce document unilatéral, elle est restée très neutre et frileuse, arguant que l’entreprise l’attaquerait si elle en demandait davantage, en s’appuyant sur les jurisprudences d’autres groupes qui ont bâti des textes unilatéraux moins-disants.

    Quelles sont les prochaines étapes ?

    Le temps de négocier est terminé. Nous allons signer le plan de sauvegarde de l’emploi, suivre avec attention la mise en place des cellules de reclassement, et contrôler l’application des critères d’ordre définis dans le PSE. Le recueil des situations individuelles va débuter pour voir qui peut être licencié et qui ne le sera pas. Certains métiers seront bien entendu plus impactés que d’autres, par exemple les opérateurs de chimie, mais nous aurons aussi de nombreux postes à la journée de techniciens, d’agents de maitrises, d’ingénieurs et de cadres.

    Nous mobilisons les réseaux CFE-CGC pour trouver des passerelles en termes d’emploi »

    La CFE-CGC poursuit l’accompagnement des salariés. De quelle façon concrètement ?

    Nous travaillons avec les autres fédérations CFE-CGC pour identifier des emplois similaires. La maintenance se trouve par exemple en tension dans la métallurgie, cela peut permettre de repérer des offres d’emploi. Nous devons trouver des passerelles. Nous mobilisons aussi les réseaux de la fédération chimie et leurs délégués syndicaux pour mettre en relation les personnes impactées par ce plan social avec des entreprises qui recrutent. Nous opérons de la même manière avec les unions régionales et départementales CFE-CGC.

    La CFE-CGC intervient donc au niveau régional, national mais aussi européen. Nous avons ainsi sollicité le gouvernement pour faire une demande auprès du Fonds européen de transition juste et du Fonds européen d’ajustement à la mondialisation. Le premier a pour but de permettre aux salariés du groupe ExxonMobil et aux salariés des entreprises intervenantes - on parle de 5 000 emplois concernés - de se former aux métiers de la transition énergétique pour améliorer l’employabilité. Bref, notre combat continue !

    Propos recueillis par Sophie Massieu