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Publié le 19 - 07 - 2024

    ExxonMobil : la CFE-CGC inquiète et mobilisée

    Le dialogue autour de la vente de la raffinerie de Fos-sur-Mer et de l’arrêt des activités chimiques à Gravenchon (Normandie) se passe mal, témoigne Gilles Telal, délégué syndical central et secrétaire du CSE central d’ExxonMobil.

    Onze réunions du CSE central en trois mois, de l’annonce des suppressions de postes en avril jusqu’à mi-juillet : six pour évoquer l’arrêt des activités chimiques de Gravenchon et cinq pour la vente de la raffinerie de Fos-sur-Mer. S’y ajoutent cinq réunions de négociations sur le plan de sauvegarde de l’emploi (PSE). Le rythme est soutenu mais le dialogue social est rude.

    « Nous échangeons par courrier entre nos avocats et ceux de la direction, déplore Gilles Telal, secrétaire CFE-CGC du CSE central d’ExxonMobil. Le 25 juin, deux de nos collègues de la CGT et de FO ont été cueillis à leur domicile pour une interpellation en nom propre. Ils sont passés en comparution immédiate deux jours plus tard, sans être condamnés. Mais si un nouveau blocage d’usine devait intervenir, les organisations syndicales devraient payer des astreintes. »

    La CFE-CGC, FO, la CGT et la CFDT portaient une revendication commune : éviter tout départ volontaire. Mais les 153 millions d’euros obtenus de la direction dans le cadre du PSE ne permettront pas de l’atteindre, selon Gilles Telal. De surcroît, il regrette que ces sommes laissent trop de côté les plus jeunes comme les plus seniors, qui vont devoir se reconvertir pour les uns, subir une baisse de revenus conséquente pour les autres, alors que leurs salaires ont été plafonnés durant toute leur carrière sous couvert de conditions futures de fin de carrière plus favorables que le benchmark.

    5 000 EMPLOIS INDIRECTS MENACÉS

    Les négociations ne sont pas encore bouclées mais il est d’ores et déjà certain que mi-septembre, l’information-consultation prendra fin. La raffinerie de Fos-sur-Mer sera vendue et Gravenchon perdra ses activités de pétrochimie.

    Un coup de tonnerre dans le bassin d’emplois normand puisque, selon les calculs de Gilles Telal basés sur les ratios usuels dans l’industrie pétrochimique, 5 000 emplois indirects seront aussi impactés. De quoi mobiliser les élus aux côtés des organisations syndicales.

    Car les raisons de s’inquiéter ne manquent pas : « Dans sa stratégie mondiale, souligne Gilles Telal, ExxonMobil conserve seulement les raffineries auxquelles s’adjoignent des activités de pétrochimie. Quand seules demeurent les activités autour du pétrole, on se sépare des raffineries. Comme en ce moment celle de Fos-sur-Mer. Donc le risque que Gravenchon, dans quelques années, soit vendu à son tour existe bel et bien. »

    Il insiste en espérant sensibiliser ses homologues : « En période de multiplication des PSE, mieux vaut faire des réserves financières pour, si nécessaire, disposer des ressources pour financer un soutien juridique, très précieux en pareille circonstance. »

    Au-delà, Gilles Telal invite à préparer l’avenir : « La transition énergétique passe aussi par celle des emplois ». Le militant rappelle que des fonds européens peuvent aider à financer des formations pour s’adapter aux nouveaux besoins. Un message qu’il porte au sein de la confédération CFE-CGC dans son ensemble.

    Sophie Massieu