Au terme de plusieurs journées de grève à l’appel de l’intersyndicale (CFE-CGC, UNSA, CGT), marquées notamment par l’interpellation, le 9 juillet, de plusieurs responsables syndicaux dont Véronique Pigueron, présidente de la CFE-CGC ADP, un accord de fin de grève a été trouvé le 13 juillet. Signé par la direction d’ADP, par la CFE-CGC (première organisation syndicale du groupe) et par l’UNSA, mais rejeté par la CGT, le texte comporte plusieurs avancées notables dans le cadre du plan d'adaptation des contrats de travail (PACT) imposé par ADP avec l’approbation de l’État, actionnaire majoritaire de l’entreprise (6 400 salariés).
« À un moment, face à l’escalade du conflit, au risque d’enlisement et à celui du retrait de badge de sûreté, indispensable pour travailler sur les plateformes, il faut prendre ses responsabilités et savoir terminer une grève, surtout avec l’annonce du 12 juillet restreignant les rassemblements à 50 personnes maximum, justifie Rachid Eddaidj, secrétaire général et délégué syndical CFE-CGC. La mobilisation intersyndicale a permis de reprendre les discussions avec la direction, et d’obtenir plusieurs améliorations substantielles pour les salariés, avec notamment des garanties sur l'encadrement des baisses de rémunération et leur limitation dans le temps, et la renonciation à la clause de mobilité géographique. Ce n’est pas rien, sachant qu’il faut rappeler que ce plan est mis en œuvre unilatéralement par la direction d’ADP, et qu’il a d’ores et déjà et été validé par l’État et par la DREETS, l’instance d’homologation des plans sociaux. »
DES PREMIÈRES CONTREPARTIES NON NÉGLIGEABLES
Dans un contexte très difficile, « la CFE-CGC a été prise de cours afin de communiquer en interne, avant la direction, sur ce protocole de sortie de grève », témoigne Rachid Eddaidj. Comme à l’automne dernier, la CFE-CGC, avec l’appui en back office de son avocat et du cabinet d’expertise Secafi, a donc pesé de tout son poids pour obtenir des premières contreparties loin d’être négligeables.
Dans le détail, l’accord de sortie de crise prévoit ainsi plusieurs garanties :
- Les salariés sont assurés qu'ils ne perdront pas plus de 5 % de leur rémunération en 2021 et en 2022, puis pas plus de 4 % en 2023, avec la garantie de retrouver leur rémunération de 2019 au plus tard en 2024, sans condition. Si le niveau de 2019 de trafic dans les aéroports était retrouvé avant 2024, alors cette garantie s'appliquerait.
- L’ajustement des dispositifs de calcul de la base de rémunération de 2019 dans un sens favorable aux salariés.
- La suppression de la clause de mobilité géographique pour tous les salariés.
- La revalorisation des indemnités kilométriques selon les rythmes horaires.
- Dans le cadre des réorganisations en cours, la prise en compte, pour tous les salariés travaillant en horaires décalés, des éventuelles pertes d’heures majorées dans les tableaux de services.
LA MOBILISATION CONTINUE
« Nous n’avons pas décroché la lune mais ces premières mesures permettent de limiter les impacts engendrés par le plan d'adaptation des contrats de travail et, en matière de rémunération, de préserver les primes annexes des salariés, résume Rachid Eddaidj. Il est de notre responsabilité syndicale, dans le cadre contraint d’un plan unilatéral que la CFE-CGC a combattu, d’obtenir le maximum de contreparties et de mesures pour les salariés qui sont épuisés par la situation des derniers mois. Après la trêve estivale, nous reprendrons les discussions pour continuer de faire valoir nos revendications sachant qu’en parallèle, nous menons, avec le comité social et économique (CSE), plusieurs actions juridiques. »
Mathieu Bahuet