Dénonçant depuis de longs mois un dialogue social déloyal avec la direction d'Aéroports de Paris, la CFE-CGC, première organisation syndicale du Groupe, a déposé un préavis de grève à compter du vendredi 2 juillet dans les aéroports parisiens de Roissy-Charles-de-Gaulle et Orly. Ce mouvement intersyndical, associant l’UNSA et la CGT, les deux autres syndicats représentatifs, fait suite aux manifestations du 18 et du 25 juin, qui avaient chacune rassemblé des centaines de salariés de l’entreprise avec un mot d’ordre : le retrait du plan de modification des contrats de travail (PACT) prévoyant des baisses de rémunération.
« Alors qu’un accord de rupture conventionnelle collective (RCC), signé fin 2020 par les organisations syndicales, prévoit le départ de 1 150 des 6 400 salariés d’ADP, la direction veut imposer, brutalement, des baisses de rémunération en menaçant de licenciement les salariés qui refuseraient, explique Rachid Eddaidj, secrétaire général et délégué syndical CFE-CGC. Les salariés, qui ont vu partir bon nombre de leurs collègues et qui vont donc être confrontés à une charge de travail accrue, sont en colère et très inquiets face à cette menace de précarisation du contrat de travail. »
Dans le détail, ce plan unilatéral, qui prévoit par ailleurs une clause de mobilité géographique pour tous les salariés, conduirait à des baisses de rémunération « de près de 15 %, hors intéressement et participation », précise Rachid Eddaidj. Si le traitement de base, la prime d'ancienneté et le supplément familial ne bougent pas, toutes les primes annexes, qui faisaient l’attractivité d’ADP, sont revues à la baisse, en particulier une baisse importante des indemnités kilométriques.
ADP : la CFE-CGC mobilisée contre les baisses de rémunération
S’associant à l’appel intersyndical à la grève lancé dans les aéroports parisiens, la CFE-CGC demande le retrait du plan d'adaptation des contrats de travail imposé par la direction. Le point avec Rachid Eddaidj, secrétaire général de la CFE-CGC ADP.
Le dialogue social n'a jamais été aussi mauvais dans l'entreprise, au moment où elle a le plus besoin de ses salariés pour redémarrer »
Autant de raisons pour lesquelles la CFE-CGC et le comité social et économique (CSE) se sont prononcés contre ce plan, le 21 mai dernier, confortés dans leurs analyses par un rapport très détaillé du cabinet Secafi, qui met en avant la viabilité, dans la durée, de l’entreprise. « Alors que le trafic aérien commence à redémarrer, la direction maintient son projet de baisse définitive de rémunération et de mobilité forcée de ses salariés, déplore Rachid Eddaidj. Le dialogue social n'a jamais été aussi mauvais dans l'entreprise, au moment où elle a le plus besoin de ses salariés pour redémarrer. »
Alors que la direction met en avant la nécessité de réaliser des économies après les lourdes pertes enregistrées en 2020 (1,17 milliards d’euros) en raison de la crise sanitaire, la CFE-CGC bat en brèche ces arguments. « La pertinence économique et financière de ce projet est loin d'être démontrée alors que, parallèlement, ADP a acquis l’an dernier, pour 1,2 milliard d'euros, l'entreprise GMR en Inde, que le groupe vient d'acquérir pour 415 millions de dollars l'aéroport d'Almaty (Kazakhstan), qu’il dispose encore de 2 milliards d'euros de trésorerie et que les 1 150 départs, dont 700 non remplacés, ont déjà un effet important sur la masse salariale », fait valoir Rachid Eddaidj.
Pour tenter d’apaiser une situation de plus en plus tendue, la direction d’ADP a reçu les organisations syndicales, mardi 29 juin. Sans réelles avancées significatives ni engagements pour l’instant. « La défiance est grande, tant nous faisons face à un problème de loyauté dans la mise en œuvre du plan social, avec une direction qui ne cesse de jeter de l’huile sur le feu, regrette Rachid Eddaidj. En l’état, la CFE-CGC continue de demander le retrait pur et simple de ce plan de modification des contrats de travail. »
Mathieu Bahuet