La formation syndicale est un droit. Encore trop souvent méconnu des adhérents. Elle ne dépend ni des plans de formation des entreprises, ni du Compte Personnel de Formation (CPF). Selon l’article L-2145-5 et suivants du Code du travail, tout salarié a en effet droit à douze jours par an de formation économique, sociale et syndicale. À condition qu’elle soit délivrée par un organisme agréé, principalement un Centre de formation d’une des confédérations syndicales. Pour les animateurs de stage et de session, ou les salariés exerçant des responsabilités syndicales, ce temps de formation est porté à dix-huit jours par an. L’autorisation d’absence de l’employeur suffit pour bénéficier de cette possibilité. Tout refus de sa part peut faire l’objet d’une sanction pénale. Ces cursus n’ont aucun impact financier sur les revenus des salariés. Les frais de déplacement sont couverts à certaines conditions fixées par le CFS. Selon l’article L-2145-6 du Code du travail, les salaires sont en effet maintenus lors de ce congé formation.
CFS : les modalités d’inscription
Le catalogue des formations du Centre de formation syndicale (CFS) de la CFE-CGC, l’ensemble des modalités d’inscription et les montants des prises en charge des frais de repas, de transport et d’hébergement sont disponibles sur l’Intranet CFE-CGC.
D’une durée de deux jours pour la plupart d’entre elles, les formations du catalogue sont dispensées à Paris. D’autres peuvent être proposées au sein des unions territoriales CFE-CGC ou par les fédérations et syndicats, mais toujours en présentiel. Pour les formations dispensées en union, il est possible de s’inscrire par l’intermédiaire de l’intranet confédéral.
Au niveau pratico-pratique, les salariés désireux de participer doivent demander une autorisation à leur employeur au moins 30 jours avant le début de la formation. Toutes ces informations sont disponibles dans le catalogue du CFS sachant que les formations sont planifiées d’un semestre sur l’autre.
Des parcours de formation
La CFE-CGC se montre attentive à la montée en compétences de ses militants. En 2022, plus de 8 000 d’entre eux ont ainsi pu suivre une formation, sur de nombreuses thématiques et de divers niveaux, pour s’adapter au mieux à leurs besoins, selon qu’ils occupent ou non un mandat et sa nature, l’historicité de leur implication, etc.
Financé par la confédération, le Centre de formation syndicale (CFS) est aussi agréé par l’État. « Nous essayons d’offrir des parcours à nos militants, indique Karsten Beyer, son responsable. L’offre comporte une trentaine de modules, qui doivent donc être suivis dans un ordre donné, et accompagnent les militants au gré de leurs prises de fonction successives. »
Techniques de négociation et CSE : de fortes demandes
La première est obligatoire : il s’agit du stage d’ouverture sur le syndicalisme. En 2022, 124 sessions ont été organisées. Autre demande phare, qui progresse d’année en année, celle relative aux techniques de négociation. En 2022, 63 ont été montées. La raison principale ? Les ordonnances Macron de 2017, qui ont augmenté le nombre de sujets directement négociés en entreprise, qui l’étaient auparavant au sein des branches. Bien entendu, dans la même lignée, des stages sur les comités sociaux et économiques (CSE) sont aussi régulièrement demandés, de même que sur la représentation du personnel.
À côté de ces « formations juridiques de base », sont proposés des enseignements parfois très techniques, sur des points spécifiques. À l’image des formations sur les élections professionnelles en entreprise, particulièrement prisées les années de vote comme c’est le cas en 2023. Karsten Beyer anticipe qu’il devrait y en avoir deux à trois fois plus que l’année précédente, et souligne leur importance pour éviter tout risque de malfaçon et d’invalidation d’une liste.
Des nouveautés en 2023
Dans un souci d’adaptation constant aux besoins et aux attentes des militants, les cursus évoluent et d’autres s’ajoutent. C’est le cas, cette année, du niveau 3 des formations sur les discriminations et le harcèlement. Selon Karsten Beyer, cette thématique gagne en importance, d’autant que souvent, dans des procédures sur ce sujet, les employeurs l’emportent. De quoi renforcer la nécessité de bien outiller les militants sur le sujet.
De même, un second niveau est créé autour de la lecture des comptes et de l’analyse financière pour évoquer le partage de la valeur ajoutée. D’une durée d’une journée, la formation vise à comprendre la stratégie financière et comptable de l’entreprise. Elle s’adresse aux élus des CSE qui doivent au préalable avoir suivi le niveau 1, qui aborde notamment les questions à se poser et les outils à disposition pour connaître la place de l’entreprise dans le paysage économique. Des formations très pointues, donc, pour permettre aux militants d’aller au fond des choses au sein de leurs entreprises. Mais d’autres nouveautés visent à permettre à de nouveaux militants de mieux appréhender leur mandat. Par exemple celle à destination des récents délégués syndicaux concernant la négociation en entreprise.
Transformation des méthodes pédagogiques
Bien entendu, l’ensemble des formations est régulièrement revisité pour tenir compte des évolutions (de la jurisprudence par exemple) et de l’actualité. Les méthodes pédagogiques se modifient aussi au fil des ans, intégrant des quizz et autres jeux pour se moderniser. Les innovations, pour être lancées, s’appuient sur les retours, tant des formateurs que des personnes formées. Autre « faisceau d’indices » : les demandes des fédérations et des unions territoriales. Ces dernières demandent parfois des enseignements ponctuels, sur-mesure. Enfin, le suivi des lois, de leurs effets à court, moyen et long termes, guide aussi les propositions. Les modifications sont rarement brusques mais elles sont permanentes, et une veille permet de les suivre de près, indique le responsable du CFS. Karsten Beyer note aussi que depuis le « choc » de 2017, l’actualité législative s’est calmée, et que peu de gros changements s’avèrent, en conséquence, nécessaires.
Conjoncture et sur-mesure La conjoncture impose parfois des thèmes. Comme l’activité partielle de longue durée (APLD) pendant les confinements. Le CFS veille aussi à proposer des thématiques visant à développer des aptitudes plus personnelles, comme la prise de parole en public.
Au niveau des ressources, huit formateurs sont salariés par le CFS et délivrent la majorité des formations. Les autres sont assurées par des prestataires extérieurs régulièrement sollicités. De quoi bien garnir le catalogue des formations proposées, mais aussi soutenir et accompagner des sections syndicales en difficulté ou qui souhaitent parfaire leur implantation. Des formateurs à l’écoute « Systématiquement, nous essayons de créer des échanges, de la confiance, de la proximité, au cours de nos stages », précise Karsten Beyer. Une relation horizontale, favorable aux apprentissages. Selon lui, une formation par an pour commencer est une bonne chose. Puis le rythme s’accélère parfois, au gré des prises de responsabilités militantes.
Sophie Massieu