DES PROPOSITIONS PATRONALES INDÉCENTES
Après trois mois d’attente et en dépit de la bonne santé financière du secteur, la chambre patronale s’est contentée d’une proposition technique temporaire, bien en deçà de l’inflation, qui plus est sans négociation possible. À savoir :
- Un premier groupe de salariés (sur les 11 de la grille conventionnelle, soit 0,5 % des effectifs de la branche) se verrait accorder 2,6 % d’augmentation, représentant un alignement technique sur le SMIC.
- Deux groupes suivants (soit 13 % des salariés de la branche) recevraient une prime temporaire de 20 euros brut par mois, représentant 1 à 1,2 % du salaire.
« Suite à cette proposition indécente de revalorisation des minimas conventionnels déjà en-dessous du cours de l’inflation, l’ensemble des organisations syndicales en séance ont quitté la table des non-négociations et rédigé un communiqué commun », indique François Reyrolle, le négociateur de la CFE-CGC.
Les syndicats de la branche souhaitent alerter ainsi les pouvoirs publics. Ils sollicitent leur intervention pour rappeler aux entreprises du médicament leur responsabilité sociale et sociétale. « Ce secteur industriel, riche, doit être dénoncé pour ses comportements aussi peu respectueux de ses salariés que des citoyens français dans l’ensemble. Il s'enrichit sur le dos des pouvoirs publics en n'assurant pas ses obligations sociales, lesquelles ne risquent en aucun cas de mettre en péril les entreprises concernées », fustige François Reyrolle.
De son côté, Malik Gueye, président de la fédération Chimie CFE-CGC, tire la sonnette d’alarme socio-politique : « Si nous avons ce type de réponse dans toutes les branches, nous aurons du mal à empêcher les gilets jaunes de ressurgir… »
Autre élément qui frise peut-être l’intoxication : le représentant du LEEM (syndicat patronal de la pharmacie) n’a pas hésité à laisser entendre que le gouvernement envisageait de couper le gaz à des entreprises du médicament pour protéger de toutes coupures les foyers individuels.
« Fake news ou pas ? Il semble urgent d’interpeller le gouvernement sur ses intentions vis-à-vis de notre production de médicaments sur le territoire français, commente François Reyrolle, et de laisser le LEEM assumer ses déclarations, surtout si elles sont sans fondement, devant les partenaires sociaux… »
Gilles Lockhart