Les arguments du LEEM peuvent paraître spécieux : ils invoquent le fait que l’industrie pharmaceutique ne rassemble pas que des grands groupes prospères (Sanofi, Servier, Merck...) mais aussi tout un volant de petits façonniers ou de détenteurs d’anciennes autorisations de mises sur le marché (AMM) dont les patrons prennent l’inflation de plein fouet et ne peuvent pas se permettre d’augmenter leurs salariés.
Ce à quoi la CFE-CGC rétorque par deux arguments de bon sens économique : d’abord, « ce phénomène ne concerne qu’un nombre infinitésimal de PME qui ne sont pas au bord du dépôt de bilan de toute façon, et dont l’exemple est donné comme un prétexte pour maltraiter les salariés de toute une filière », décortique François Reyrolle. Ensuite, ces sous-traitants sont mis en difficulté par les Big Pharma eux-mêmes qui leur demandent en permanence de baisser leurs prix. « On ne compte plus les exemples où les acheteurs des grands groupes s’amusent à rogner des centimes sur le prix des produits ou des emballages de leurs petits fournisseurs. »
UNE REVALORISATION DES MINIMAS CONVENTIONNELS BLOQUÉE POUR L’ENSEMBLE DU SECTEUR
Le résultat est qu’une revalorisation décente des minimas conventionnels est bloquée pour l’ensemble du secteur. « Je ne rêvais pas, mais j’attendais au moins un geste symbolique de la part du LEEM, se désole François Reyrolle. En ne maintenant même pas le pouvoir d’achat des salariés payés aux minimas conventionnels, le patronat fait preuve de mépris. »
Etape suivante, car il y en a une : les parties prenantes devraient se retrouver à la fin du trimestre, après l’augmentation du SMIC annoncée pour le 1er mai. Le premier niveau des minimas de la branche pharmaceutique se retrouvera alors au-dessous du SMIC, ce qui obligera les entreprises à le rehausser. Maigre consolation.
Gilles Lockhart