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Publié le 24 - 06 - 2025

    QVCT : un fort enjeu de dialogue social en entreprise

    Organisation du travail, prévention des RPS, santé mentale, rôle du management : lors d’une table ronde organisée par l’ACMS, Anne-Michèle Chartier, déléguée nationale CFE-CGC et médecin du travail, a livré ses analyses pour améliorer la QVCT.

    Pour son 80e anniversaire, l’Association interprofessionnelle des centres médicaux et sociaux de santé au travail (ACMS), le plus grand service français de prévention et de santé au travail interentreprises (SPSTI) avec 1 210 collaborateurs et plus d’un million de salariés suivis, a organisé, le 20 juin au Trianon de Paris, un cycle de conférences dont une table ronde intitulée « La QVCT, levier ou obstacle pour le dialogue social ? »

    Trois acteurs y ont apporté leur expertise en la personne de Patricia Drevon (secrétaire confédérale FO), Laurent Munerot (vice-président de l’U2P) et Anne-Michèle Chartier (avec le micro sur la photo), médecin du travail, ancienne salariée de l’ACMS et déléguée nationale CFE-CGC au sein du secteur organisation du travail et santé au travail.  

    Il a notamment été rappelé que le dialogue social fait partie intégrante de la qualité de vie et des conditions de travail (QVCT) à tous les niveaux de la négociation collective (entreprises, branches, interprofessionnel), à l’image de l’accord national interprofessionnel (ANI) signé en 2020 par les partenaires sociaux, qui avait mis à jour celui de 2013.

    Nous reproduisons ci-dessous quelques-unes des principales interventions d’Anne-Michèle Chartier.

    ENGAGEMENT DE LA CFE-CGC
    « La CFE-CGC milite de longue date en faveur de la qualité de vie au travail et de la prévention des risques psychosociaux (RPS). C'est d'ailleurs sous l'impulsion de notre organisation qu'a été ajouté le C pour conditions de travail dans la terminologie officielle QVCT (voir le guide CFE-CGC dédié). »

    UN DIALOGUE SOCIAL À COCONSTRUIRE
    « En entreprise, il est fondamental d'associer les élus du personnel avec les employeurs sur tous ces sujets de santé au travail, notamment dans l'élaboration et le suivi du document unique d'évaluation des risques professionnels (DUERP). C’est une démarche obligatoire pour discuter des situations de travail, de la prévention des risques afférents et notamment des RPS. Rappelons que les comités sociaux et économiques (CSE) ont une nouvelle prérogative depuis 2021, avec une consultation sur le DUERP. »

    MONTÉE DES RISQUES PSYCHOSOCIAUX 
    « Les RPS ont tendance à prendre de l’ampleur ces dernières années. J’y vois l’effet de la densification du travail qui fait que les situations de stress professionnel et de symptômes d’épuisement professionnel chez les salariés sont une réalité ancrée en entreprise. On peut l’objectiver à travers la hausse constance des arrêts de travail. Thomas Fatôme, directeur général de l’Assurance maladie, a d’ailleurs cité les conditions de travail comme une cause responsable de la hausse des arrêts de travail. »  

    FAIRE DE LA QVCT UN FACTEUR D’ATTRACTIVITÉ
    « La QVCT est un facteur d’attractivité, d’engagement et de fidélisation des salariés en entreprise. Les employeurs doivent comprendre que c’est aussi un enjeu pour la compétitivité de l’entreprise. La réalité, de mon expérience terrain, est toutefois plus nuancée. La compétitivité est encore trop souvent perçue, par les employeurs, à travers des indicateurs de rendement et de diminutions de personnels, sans suffisamment prendre en compte le coût global avec les arrêts maladie, le turnover, le recrutement, etc. »

    QVCT ET MANAGEMENT  
    « Outre l’organisation du travail au sens large, le management est une composante essentielle de la QVCT. Un rapport de l’Inspection générale des affaires sociales (IGAS) a souligné combien le management à la française pouvait se révéler plus vertical, voire plus autoritaire par rapport à d'autres pays. Cependant, il ne faut pas oublier que les ordres viennent du top management. »

    PRISE EN COMPTE DE LA SANTÉ MENTALE
    « La santé mentale est sans aucun doute un élément de la santé au travail. Attention aux discours des directions des ressources humaines en entreprise qui se déclarent tout à fait ouvertes à prendre en compte la santé mentale des salariés. Je trouve ça dangereux, pour un collaborateur, d’aller s’exprimer ouvertement à sa DRH sur sa santé mentale. Le médecin du travail est là pour accompagner le salarié et l’employeur pour la bonne prise en charge du salarié - sans dévoiler sa pathologie mentale - et afin de repérer les facteurs de risques au sein de l’entreprise qui influent sur la santé mentale des salariés. »

    Mathieu Bahuet