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Publié le 28 - 01 - 2025

    NAO Michelin : la CFE-CGC dénonce une « Bérézina »

    La CFE-CGC ne signe pas l’accord de négociation annuelle obligatoire (NAO) proposé par la direction de Michelin. Explications avec Valérie Dossin, déléguée syndicale centrale adjointe de Michelin France.

    Des propositions d’augmentations salariales décevantes, des injonctions managériales choquantes, une entreprise qui régale ses actionnaires et « oublie » ses salariés : tout était réuni pour que l’intersyndicale (CFE-CGC, CGT, FO, CFDT et Sud) ne signe pas les NAO 2025 chez Michelin à l’issue des deux rounds de négociation des 15 et 16 janvier. La décision a été prise par la CFE-CGC le 24 janvier, en convergence de vue avec les autres organisations syndicales.

    Un seul chiffre, le « 2 % d’AI pour les cadres », émanant du camp directorial, permet de résumer la situation. Par son montant, ses exclusions et son contexte, il suscite la déception, voire la colère des managers de Michelin.

    MONTANT
    Outre l’absence totale d’augmentation générale pour les cadres, ces 2 % d’augmentation individuelle se décomposent en deux lots : + 1,25 % en AI immédiatement et + 0,75 % en cours d’année. « Mais, attention, on considère que près de 80 % de nos cadres ne seront pas concernés par le "en cours d’année", du fait qu’ils sont déjà positionnés sur les médianes salariales de leur classification », relativise Valérie Dossin, DSCA CFE-CGC de Michelin France. La plupart des cadres devront donc se contenter d’une maigre AI de 1,25 %, inférieure au niveau d’inflation actuel. Sur son site internet, la CFE-CGC Michelin parle de « Bérézina » concernant ces NAO. 

    EXCLUSIONS
    Dans un document, Michelin enjoint aux managers de ne pas faire de saupoudrage. La direction leur demande de faire preuve de « courage managérial » et de « porter la politique de l’entreprise ». Autrement dit, elle impose aux managers de donner 2 % d’AI à une partie de leurs équipes et zéro pour cent aux autres, même s’ils font des performances solides. La CFE-CGC estime que près de 5000 personnes devraient ainsi être exclues des augmentations individuelles en 2025. 

    Sachant qu’on parle ici essentiellement de managers de niveau intermédiaire, gérant des petites équipes, qui ont une enveloppe de NAO à répartir et qui vont se retrouver les yeux dans les yeux avec les salariés qu’ils n’auront pas augmentés… « Cela coince en ce moment chez les managers et nous sommes sollicités par beaucoup d’entre eux qui nous demandent s’ils ont le droit de faire du saupoudrage malgré les consignes, et s’ils risquent des sanctions. »

    CONTEXTE
    La CFE-CGC dénonce par ailleurs le double langage de l’entreprise qui annonce des résultats records en 2024 et a versé 1,45 milliard d’euros à ses actionnaires en dividendes et rachats d’actions, tout en demandant aux salariés de se serrer la ceinture. « Le message qui est utilisé en interne consiste à dire : ça va mal ! Ça va aller encore plus mal en 2025 ! Les coûts d’énergie sont trop élevés ! Les coûts salariaux sont trop élevés en Europe !... Dans ce cas, pourquoi avoir donné autant aux actionnaires ? »

    Cette politique salariale très dure de Michelin en France s’accompagne d’un ralentissement des promotions internes annoncé par l’employeur. Privant ainsi les salariés du mode d’augmentation salariale naturel que représente la montée dans les échelons. « On voudrait faire partir les gens qu’on ne s’y prendrait pas autrement », fustige la déléguée syndicale. 

    Gilles Lockhart