Madeleine Gilbert, secrétaire nationale CFE-CGC à la Transition vers un monde durable, est intervenue au « D.A.V.O.S. des PME », samedi 30 septembre à Montpellier. Entretien.
Qu’avez-vous dit aux patrons de PME et de TPE qui se retrouvent parfois bien embêtés avec la transition environnementale « sur les bras » ?
Je suis intervenue devant une centaine de patrons de PME, sur deux thèmes : « TPE/PME et la RSE : comment se lancer ? » et « L’environnement : toute l’entreprise est-elle concernée ? ». J’ai mis en avant les positions de la CFE-CGC et j’ai l’impression d’avoir fait passer quelques messages. A savoir que les PME-TPE peuvent être les fers de lance du développement durable sur le terrain. Et que pour cela, quand on est chef d’entreprise et qu’on ne connaît pas très bien le sujet, le plus simple est de se servir dans un premier temps des objectifs de développement durable (ODD) qui existent pour flécher les thèmes, cocher les cases pour savoir dans quels domaines on a déjà des actions, puis mettre en place une stratégie en commençant par l’un de ces ODD.
A la question « L’environnement : toute l’entreprise est-elle concernée ? », que répondez-vous ?
Je réponds oui, effectivement, toute l’entreprise est concernée. Les patrons et les élus du personnel ont des attributions environnementales à portée de main dans le cadre de la loi Climat et Résilience. Ils peuvent s’appuyer dessus pour mobiliser les salariés et les parties prenantes, afin d’agir pour le climat et la biodiversité, mais pas seulement. Il faut aussi adresser tout ce qui est attenant : l’égalité femmes-hommes, la situation des personnes en situation de handicap, la qualité de vie et des conditions de travail (QVCT), tout cet indispensable qui contribue à la responsabilité sociétale des entreprises (RSE). Chacun, dans une entreprise, doit se demander quel est son impact sur l’environnement au sens large et comment arriver à l’objectif zéro émission nette de CO2 d'ici 2050.
On en est loin : une étude du cabinet de conseil en relations sociales Syndex indique que 83 % des représentants des salariés constatent une absence de dialogue social sur l’environnement…
Ils ont complètement raison, ce n’est pas brillant. Les directions et les DRH ne savent pas forcément comment aborder ces sujets. L’environnement est un sujet nouveau qui aurait pu être intégré plus vite si on avait eu des commissions dédiées (je ne dis pas « obligatoires » pour ne pas heurter), des heures de formation et de délégation supplémentaires. Mais aujourd’hui, toutes ces heures sont noyées dans la masse du comité social et économique (CSE). On traite l’urgence par rapport à l’emploi, aux salaires, au pouvoir d’achat, mais on n’a pas cette volonté de faire monter en puissance les prérogatives environnementales.
Vous avez porté le sujet, il y a quelques jours, au ministère de la transition énergétique. Sur quels axes et avec quels résultats ?
J’ai été invitée par le ministère le 26 septembre en « one to one » pour remettre et expliciter la note de positionnement de la CFE-CGC. Une fois que l’on a dit que l’étude Syndex n’est pas surprenante, il faut faire en sorte qu’un autre modèle se mette en place. La ministre de la Transition énergétique, Agnès Pannier-Runacher, a indiqué que la moitié des efforts à fournir dans le cadre des mesures de la planification écologique incomberait aux entreprises. Donc il faudra bien que des choses se passent à l’intérieur des entreprises. On ne peut pas en rester au traitement actuel a minima. Et c’est par le dialogue social qu’on y arrivera.
Propos recueillis par Gilles Lockhart