Dans une société où les questions vis-à-vis du travail sont sources de tension, se pourrait-il que la situation soit meilleure que prévu ? C’est ce que suggère une étude publiée le 30 avril par Elabe*, qui révèle que 70 % des actifs se disent satisfaits de leur vie professionnelle (14 % très satisfaits, 56 % plutôt satisfaits). Une vision positive qui transcende toutes les catégories socio-professionnelles (73 % des cadres, 72 % des professions intermédiaires, 68 % des employés, 66 % des ouvriers).
Sans surprise, la situation financière influence fortement cette satisfaction, puisque 84 % des actifs qui bouclent leurs fins de mois sans se restreindre et en épargnant sont satisfaits, contre 48 % pour ceux qui peinent à les boucler de mois.
Le salaire reste d'ailleurs la priorité absolue pour 69 % des sondés, devançant l'équilibre vie professionnelle/vie personnelle (50 %) et l'ambiance de travail (47 %). Néanmoins, les ouvriers considèrent la sécurité de l’emploi (40 %) comme plus importante que l’ambiance au travail. Les cadres, eux, accordent plus d’importance à l’intérêt des missions (31 %, contre 7 %-17 % dans les autres catégories) et à l’utilité sociale (25 %, vs 14 %-23 %) de leur travail.
Une recherche de l’équilibre vie pro-perso à l’avantage du second
La seconde priorité des actifs est l’équilibre vie professionnelle/vie personnelle, qui est jugé comme satisfaisant par 77 % des actifs. Un niveau de satisfaction homogène entre les catégories socioprofessionnelles (78 % des cadres, 77 % des professions intermédiaires, 77 % des employés, 75 % des ouvriers) mais moins élevé chez les femmes (73 %) que chez les hommes (80 %).
Autre enseignement : les Français ne souhaitent pas nécessairement travailler plus. Deux tiers estiment travailler « suffisamment », un quart « trop », et seulement 7 % « pas assez ». Les cadres se distinguent en étant les plus nombreux (33 %) à estimer travailler excessivement.
Un travail utile et intéressant, mais sous-payé et stressant
Concernant leur emploi, les actifs portent un regard plus nuancé. D’un côté, ils le jugent « utile à la société » (85 %), « intéressant » (80 %), « éthique/moral » (78 %), « source de fierté » (73 %), et « motivant » (64 %). Mais de l’autre, ils sont 62 % à l’estimer « stressant » et 59 % comme « pas bien payé ». Près de la moitié le considèrent même comme pénible et peu valorisé socialement.
Par ailleurs, Elabe observe des réalités contrastées entre les différentes catégories socio-professionnelles. Ainsi, si les cadres sont plus nombreux à juger leur travail comme motivant (77 %), avec des perspectives d’évolution (62 %) et bien payé (61 %) ils sont aussi plus nombreux à le considérer comme stressant (72 %). Les employés et ouvriers vivent moins de pression (55 % décrivent leur métier comme stressant), mais sont plus nombreux à le trouver mal payé (62 %) et plus pénible (56 %, surtout les ouvriers à 63 %)
Les professions intermédiaires, elles, se retrouvent dans une position délicate, puisqu’elles subissent un stress équivalent à celui des cadres (72 %), tout en constatant un manque de perspective d’évolutions (61 %). Pire encore, 67 % jugent leur métier mal payé, soit plus que les employés et ouvriers eux-mêmes !
Si la satisfaction globale reste encourageante, les attentes fortes sur la rémunération et l'équilibre vie professionnelle/vie personnelle appellent à des réponses concrètes. Côté entreprises, l'enjeu est double puisqu’elles doivent revaloriser les rémunérations, particulièrement pour les professions intermédiaires prises en étau, et repenser l'organisation du travail pour réduire le stress sans sacrifier l'engagement. Enfin, ces données rappellent l'importance d'une négociation prenant en compte les différences catégorielles, les cadres et professions intermédiaires n'ayant pas les mêmes priorités que les employés et ouvriers.
*Source : « Les Français et le travail » comprenant une enquête en ligne auprès de 1002 personnes représentatif des résidents de France métropolitaine âgés de 18 ans et plus
François Tassain