Lille, Marseille et Bordeaux cet été ; Paris le 26 septembre 2023 : ces quatre villes ont accueilli successivement Élan Séniors, le nouveau format de rendez-vous de l’Apec, en partenariat avec La Tribune. À chaque fois, des présentations du marché de l’emploi senior sont faites et des ateliers organisés pour mettre en commun les bonnes pratiques. Lors de la manifestation parisienne du 26 septembre, une table ronde des partenaires sociaux a fait office de synthèse, à laquelle participait François Hommeril, président de la CFE-CGC.
Porte-parole des intentions de l’Apec, son directeur général, Gilles Gateau, a ouvert le séminaire parisien en se disant « très heureux de voir l’Apec de plus en plus identifié par les seniors comme un moyen de conserver et de retrouver du travail ». À titre d’exemple, l’une des interventions de la matinée a décrit un partenariat concret entre l’Apec et une entreprise privée, Eurogroup Consulting.
QUAND UN CABINET DE JEUNES CONSULTANTS S’OUVRE AUX SENIORS
Ce cabinet de conseil de 400 salariés d’une moyenne d’âge de 33 ans, repaire de diplômés de grandes écoles et de grandes universités (il emploie 98 % de cadres !), ne semble pas a priori très concerné par l’emploi senior. Erreur ! Sa directrice générale, Claudia Montero, a constaté « une montée de l’attente de nos clients sur notre rôle sociétal ». Autrement dit, pour être au clair sur les questions d’égalité et de diversité, Eurogroup doit embaucher davantage de seniors.
L’entreprise a donc sollicité l’Apec « pour que des CV remontent jusqu’à nous », raconte sa DG. Un « Parcours Rebond » a été créé. Il a permis à trois hommes et trois femmes présélectionnés par l’Apec de s’immerger une semaine dans une entreprise cliente d’Eurogroup Consulting pour voir si le métier leur plaisait et s’ils pouvaient être taillés pour le job.
Inversant la logique de l’âge, de jeunes consultants maison se sont impliqués dans l’opération et ont mentoré les candidats sur la vie et le fonctionnement du cabinet. En parallèle, la DRH conduisait « un travail d’acculturation », via des ateliers et des formations, sur la non-discrimination au sens large, notamment envers les seniors.
Bilan de l’opération : sur les 6 seniors proposés par l’Apec, 5 ont postulé pour rejoindre Eurogroup. Le cabinet a fait trois propositions d’embauche, acceptées par les personnes concernées, qui ont été recrutées en CDI. L’initiative va se renouveler en octobre avec l’association Force Femmes qui a présenté à la société de conseil 16 candidates, dont 6 seront retenues pour un test d’insertion similaire chez des clients.
TRÈS ACTIFS, LES SENIORS DISPOSENT DE SOLIDES ATOUTS
Intervenant en début de matinée, le sociologue Michel Wieviorka avait auparavant pris de la hauteur en rappelant les atouts sociétaux d’une meilleure intégration des seniors en entreprise et dans le tissu national en général.
« Par rapport aux personnes de grand âge, à celles qui sont en Ehpad, les seniors dont nous parlons sont jeunes, a-t-il posé d’emblée en contrepied. Leur espérance de vie est d’un quart de siècle, en bonne santé la plupart du temps, surtout les cadres. Ce sont des gens actifs dans le tissu associatif, dans les conseils municipaux, auprès de leurs enfants et petits-enfants. Ils savent se mobiliser dans des associations comme le Collectif national autoproclamé de la vieillesse (CNaV) ou Old’Up. Cerise sur le gâteau, ils ont des réseaux ! »
UNE NÉGOCIATION À VENIR ENTRE PARTENAIRES SOCIAUX
Olivier Dussopt, ministre du Travail, du Plein emploi et de l’Insertion, a conclu la matinée. En termes d’agenda social, il a notamment évoqué le document d’orientation que le gouvernement va transmettre aux partenaires sociaux pour cadrer la triple négociation à venir sur l’emploi des seniors, le compte épargne-temps universel et les parcours professionnels.
Gilles Lockhart