Partant du constat de la baisse d’attractivité du salariat, l’objet de ce rapport est d’explorer comment cette forme de rejet peut conduire les acteurs à construire un projet d’entrepreneuriat. L’esprit de ce rapport consiste à comprendre ce phénomène de transformation/déformation de la relation salariale tout en gardant un certain recul sur cette mise en avant appuyée de la création d’activité « pour tous »
Plus de trois millions de Français envisagent l’entrepreneuriat à court terme, c’est-à-dire qu’ils expriment le projet de créer ou reprendre une entreprise ou de se mettre à leur compte dans les deux ans. Cela constitue le niveau le plus élevé constaté depuis 2000 (sondage Opinionway, janvier 2016 auprès d’un échantillon représentatif de la population française adulte). Parmi les personnes interrogées, 33 % des actifs imaginent la suite de leur carrière en dehors du salariat. Qu’est-ce-qui pousse ces personnes à choisir de quitter le salariat ?
L’état des conditions de travail dans les pays occidentaux ne peut qu’inquiéter les observateurs. Les salariés sont fatigués, stressés et parfois épuisés. Le travail est intense, toujours pris dans l’urgence et l’incertitude sans que parfois il réussisse à faire sens. L’émergence du concept de « bullshit jobs » (Graeber, 2013) ou la caractérisation d’une population de « planneurs » dans nos organisations (Dujarier, 2015) est à cet égard tout à fait parlant. Le travail salarié est compliqué, sollicitant et il semble parfois dépourvu de sens.
Le propos de cette recherche est ainsi d’explorer comment le rejet du salariat peut conduire les acteurs à construire un projet d’entrepreneuriat.