Plusieurs préavis de grève ont été déposés à l’appel de l’intersyndicale (CFE-CGC et CGT) chez ADP. Pour quelles raisons ?
La situation est préoccupante. La crise sanitaire et économique a considérablement impacté le trafic aérien, occasionnant des plans sociaux pour les compagnies aériennes, les sous-traitants et Aéroports de Paris. Or, la forte reprise d’activité que nous connaissons n’a pas été anticipée en termes de moyens et de ressources. Chez ADP, la restructuration a engendré 1 300 départs de salariés sur les 5 500 que comptait l’entreprise. Si un plan de recrutements a été mis en place par la direction depuis janvier 2022, il demeure largement insuffisant pour répondre aux besoins opérationnels, surtout que plusieurs métiers (maintenance, informatique…) sont très peu attractifs, notamment en termes de rémunérations. Conséquence : les salariés d’ADP font aujourd’hui face à une très forte charge de travail.
Avant le pic d’activité estivale à flux tendus, tous les voyants sont au rouge : les personnels n’en peuvent plus et cela se répercute dans les plateformes parisiennes avec des files d’attentes qui s’allongent, des bagages perdus, des risques d’accidents, etc. Plusieurs maillons de la chaîne sont fragiles et menacent de faire craquer tout le système relatif au circuit passagers.
La question des rémunérations est au centre des enjeux. Qu'en est-il des négociations ?
Face à la situation, la direction avait annoncé il y a quelques mois aux organisations syndicales qu’elle allait prendre des mesures en faveur d’une augmentation salariale et de moyens supplémentaires. Mi-juin, nous avons été conviés à une négociation dite de « mesures sociales » avec des propositions conditionnées à des contreparties, notamment l’introduction de deux niveaux de statut entre les anciens salariés et les nouveaux embauchés.
Pour la CFE-CGC, première organisation syndicale représentative chez ADP, le compte n’y était pas. S’en est suivi un premier préavis de grève déposé avec la CGT pour le 1er juillet dernier, qui a en particulier été bien suivi à Roissy : équipes de tris bagages, pompiers... L’intersyndicale a porté la revendication d’une augmentation générale entre 5,2 et 6 % pour faire face à l’inflation. Suite au prévis, la direction a menacé d’imposer des mesures unilatérales, à savoir une augmentation générale de 1,5 % sur le traitement de base, assortie de primes non pérennes.
Où en est-on ?
Les responsables syndicaux ont été reçus ce mardi 5 juillet pour reprendre les discussions et discuter des levées du nouveau préavis de vendredi prochain. Nous avons réitéré notre demande, pour l’ensemble des salariés, d’une augmentation générale a minima de 4 % avec un effet rétroactif au 1er janvier 2022, ou de 6 % au 1er juillet 2022. Il faut rappeler que les personnels ont subi une baisse forcée des rémunérations en 2021 à hauteur de 5 %. Notre demande n'est donc pas du tout exagérée au regard de l'inflation galopante. D'autant plus que le trafic est de retour et que les bénéfices réalisés vont permettre de distribuer plus de 100 millions d'euros de dividendes aux actionnaires dès cette année… La balle est dorénavant dans le camp de la direction et nous espérons un retour favorable ces prochains jours.
Propos recueillis par Mathieu Bahuet