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Intelligence artificielle : les référents IA CFE-CGC jouent le jeu
À l’occasion de la journée des référents fédéraux IA, deux représentants de l’ANACT ont présenté un jeu de plateau et un jeu de rôle aux participants, afin de mieux appréhender l’impact de l’IA sur le dialogue social.
L'apprentissage par le divertissement a toujours été un pilier fondamental de l’éducation des enfants. Mais cette approche peut-elle également s'avérer pertinente pour les adultes ? Nicolas Vispi, chargé de mission à l'Agence régionale pour l'amélioration des conditions de travail (ARACT) Hauts-de-France, et Vincent Mandinaud, chef de projet R&D pour l'ANACT et expert auprès de l'Anses, en sont convaincus.
Lors de la journée des référents fédéraux IA, qui accueillait 18 militants d’entreprises de différents secteurs de la CFE-CGC déjà familiarisés avec cette thématique, les deux intervenants ont présenté deux dispositifs – un jeu de plateau et un jeu de rôle – initialement élaborés par l'European Trade Union Institute (ETUI).
Jouer pour comprendre
« L'IA et le numérique sont des sujets complexes, qui sont saisis par les acteurs techniques, et laissent de côté les acteurs organisationnels et sociaux. Ces derniers se sentent souvent illégitimes pour discuter ces sujets », constate Nicolas Visti. Une observation partagée par Nicolas Blanc, Secrétaire national de la CFE-CGC : « Nous nous associons avec l'ANACT car ce n'est qu'en aidant nos militants à comprendre ces sujets qu'ils deviendront légitimes pour en parler ».
Chez les cadres particulièrement, l’inquiétude est palpable. Comme le rappelle Vincent Mandinaud, « Les cols blancs sont rattrapés par ce dont ils pensaient être à l’abri avec leur haut niveau de formation. L’automatisation n’est plus réservée aux autres car aujourd’hui, l’IA peut effectuer des tâches de haut niveau. Sans connaissance de cette dernière, il est aisé d’être déboussolé, voir effrayé ».
Comme souvent face aux innovations technologiques, la connaissance dissipe la peur : s'approprier l'IA devient alors un moyen d'en faire un allié plutôt qu'une menace, permettant aux salariés de participer activement à cette transformation plutôt que de la subir.
Les cols blancs sont rattrapés par ce dont ils pensaient être à l’abri avec leur haut niveau de formation. L’automatisation n’est plus réservée aux autres »
Créer l’émulation
Le premier jeu consiste en un plateau où les joueurs doivent classer des cartes illustrant des technologies d'IA (entretiens d'embauche automatisés, vidéo-surveillance, robots compagnons en EHPAD...) en catégories : technologies d'aujourd'hui, de demain et d'après-demain.
Une première étape qui permet de réaliser la présence déjà forte de ces technologies dans la vie de tous les jours, et pour beaucoup de joueurs, de comprendre qu’ils sont déjà familiers avec le sujet, les échanges sur la présence contemporaine ou future de ces technologies alimentant les débats. Ensuite, ils choisissent trois technologies et déterminent collectivement leurs possibilités, avantages et inconvénients.
« Le but est de créer des discussions, de réfléchir ensemble au sujet et de confronter les points de vue tout en amenant la discussion sur l’aspect social et humain, avec ses apports et ses inconvénients, au lieu de se limiter à l’aspect productiviste », explique Nicolas Visti.
La deuxième activité prend la forme d’un jeu de rôle, nommé « The IA Game ». Dans ce dernier, les participants se retrouvent projetés dans une situation où une organisation (hôpital, agence de communication, banque, etc.) cherche à intégrer une solution IA, avec les difficultés et objectifs liés à chaque défi. Chacun endosse un rôle (concepteur, représentant syndical, patron, RH, État, délégué à la protection des données) et doit contribuer à trouver un accord commun sur des questions cruciales : hébergement des données, impact sur l'emploi, respect du cadre réglementaire, sécurité des salariés...
En vivant ces négociations simulées, les référents CFE-CGC développent une expertise pratique, qui leur permettra de mieux anticiper et influencer les futures décisions d'intégration de l'IA dans leur environnement professionnel.
« Ce genre de discussions forcent les participants à aborder ces problèmes sous des angles qu’ils ne connaissent pas forcément, et donc de voir toute la complexité du sujet, mais aussi de découvrir cette galaxie technologique et politique qui y est liée », explique Nicolas Visti.
Légers et facilement transportables, ces deux jeux constituent un outil stratégique pour les référents IA dans leurs actions auprès des adhérents et salariés. Car, face aux avancées de l’IA, la progression humaine reste primordiale : seules les organisations investissant autant dans l’humain utilisateur que l’outil utilisé sauront tirer leur épingle du jeu. Un investissement dans lequel les référents IA CFE-CGC joueront un rôle clé. Sous peine de voir les avancées technologiques distancer notre capacité collective à les intégrer efficacement.
François Tassain