Quel regard portez-vous sur l’actualité sociale dans la fonction publique ?
Plusieurs focus s’imposent. Tout d’abord, la question des revalorisations salariales. Après plus d’une décennie de gel du point d’indice de traitement dans la fonction publique, ce thème doit être au cœur des élections professionnelles qui auront lieu en fin d’année.
Ensuite, la faible participation des agents au scrutin électoral. Elle est pour moi la conséquence d’un certain immobilisme des principaux acteurs syndicaux, pourtant aux manettes depuis plusieurs décennies.
Enfin, la désinvolture et la mauvaise foi gouvernementale. Elles sont partagées par tous les ministères successifs – par ceux-là même qui utilisent des cabinets d’audit aux factures salées pour copier-coller le schéma du secteur privé, lequel n'a pourtant montré que deux choses : la hausse du chiffre d’affaires de ces cabinets et le désastre social de ce choix global ! L'erreur ne fait pas toujours exemple.
Cela se traduit par quelques signes révélateurs comme l'appellation de la tutelle : depuis quelques années, le ministère de la Fonction publique est passé sous la coupe de celui des Comptes publics. Autrement dit – et c’est à la limite de l’injure – les agents de la fonction publique sont devenus un coût !
« Il est temps que la CFE-CGC s’impose dans le secteur public »
Secrétaire national confédéral du secteur Pôle public, Simon-Pierre Policciardi évoque l’actualité sociale dans la fonction publique et se projette sur les élections professionnelles programmées fin 2022.
Comment la CFE-CGC aborde-t-elle les prochaines élections professionnelles ?
Ces élections ne concernent pas seulement le Pôle public ni quelques syndicats en particulier, mais constituent une cause commune à toute la Confédération. En effet, le résultat pourrait impacter la représentativité globale de toutes nos structures. Il s’agit donc d’un enjeu confédéral.
La mise en place de notre dispositif de campagne a commencé il y a près de deux ans par l'établissement de fiches de décryptage des nouvelles instances de dialogue social, tout comme la Confédération l'avait fait pour les comités sociaux et économiques (CSE) dans le privé. Le chantier s’est poursuivi par l’équipement de nos militants de terrain avec un outil de qualité.
Quelles ont été les principales étapes de ce chantier ?
Nous avons tenu compte des délais, de la qualité des structures, des implantations, des viviers de voix et des possibilités des militants. Après cet inventaire, nous avons construit une coordination confédérale mise en place autour de l’équipe du secteur Pôle public, avec l'assistance technique des services confédéraux (notamment le Secrétariat général et la Formation), des syndicats concernés, de la Fédération support et bien entendu des militants de tous les horizons CFE-CGC. Cette coordination confédérale ne retire rien à l'investissement stratégique habituel de nos syndicats et de notre Fédération des services publics. Elle vient en complément de l’action électorale des structures.
Il est grand temps que la capacité éclairée des membres de la CFE-CGC, comme c'est le cas dans le privé, vienne s'imposer fortement dans le secteur public. La CFE-CGC a la capacité de faire de la fonction publique un employeur attentionné, socialement comme financièrement, qui offre un réel parcours professionnel à ses agents et qui (re)motive le personnel pour rendre un service de qualité aux citoyens.
Propos recueillis par Gilles Lockhart