Lors de votre prise de fonction fin 2023, vous avez dit vouloir « réaffirmer l’identité » de l’Apec. Pourquoi ?
Nous continuons à développer notre accompagnement en faveur des cadres, des jeunes diplômés et des entreprises. Cela se traduit par de nouvelles implantations en 2024, à Saint-Nazaire, à Montbéliard, en Guyane, en attendant d’autres. Nous poursuivons notre transformation en créant les « centres Apec de demain », en phase avec les besoins du marché. Cela inclut le décryptage de tendances telles que l’intelligence artificielle générative (IAG) ou la transition écologique et énergétique (TR2E) et leur impact sur le marché du travail, comme le montre l’exposition immersive et itinérante de l’Apec sur le Futur du travail. Nous renforçons notre capacité d’innovation : nouveaux services accélérant la mise en relation entre les candidats et les entreprises ; organisation des Trophées de l’innovation ; création de Novapec, un programme de soutien financier à l’innovation sociale qui a déjà permis d’accompagner près d’une quarantaine d’associations.
« Il est crucial de valoriser les cadres seniors »
Président de l’Association pour l’emploi des cadres (Apec) depuis juin 2023, Pierre Damiani, militant CFE-CGC, dresse un premier bilan de son action.
Malgré une situation de quasi-plein-emploi chez les cadres du secteur privé, il subsiste des inégalités notables »
Quel constat faites-vous de l’emploi des seniors et avez-vous un plan de bataille ?
Malgré une situation de quasi-plein-emploi chez les cadres du secteur privé, il subsiste des inégalités notables. Le taux de chômage des cadres de plus de 55 ans est plus élevé que celui du reste de la population cadre (6,8 % contre 4,1 %). Il est préoccupant de constater que 33 % des cadres seniors demandeurs d’emploi sont au chômage depuis plus d’un an, comparé à 17 % pour l’ensemble des cadres.
Face à cette réalité, l’Apec se fixe un double objectif. Premièrement, favoriser l’emploi des cadres seniors grâce à plusieurs dispositifs spécifiques pour les aider à actualiser leurs compétences et à améliorer leur employabilité. Deuxièmement, changer le regard des entreprises sur cette tranche d'âge, notamment via des campagnes de communication. Il est crucial de valoriser l'expérience et les compétences des cadres seniors et de sensibiliser les employeurs aux avantages qu’ils peuvent apporter.
Pouvez-vous déjà faire un premier bilan de votre action ?
Il est positif, en soulignant que les actions de l’Apec perdurent au-delà de mon mandat de deux ans et qu’elles existaient avant moi. À fin avril, nous accompagnons près de 80 000 clients cadres et jeunes diplômés, soit 20 % de plus qu’en avril 2023. Plus de 10 000 entreprises nous font confiance pour recruter et les aider dans leur problématique de marque employeur. Nos prises de parole publiques ont illustré notre engagement envers ceux qui en ont le plus besoin, notamment les seniors et les femmes, en s'attaquant aux inégalités persistantes. Nous nous mobiliserons sur ces sujets à travers divers événements régionaux.
Les défis à venir restent nombreux. Nous allons intensifier nos actions en faveur des jeunes issus des quartiers prioritaires de la politique de la ville (QPV). Nous avons l'intention de renforcer notre rôle dans la transition énergétique et écologique, en particulier en accompagnant la réindustrialisation verte, un enjeu qui me tient particulièrement à cœur étant moi-même issu de l'industrie (ArcelorMittal).
Propos recueillis par Gilles Lockhart