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Publié le 15 - 12 - 2020

    Danone : les cadres principales victimes du projet de plan social

    Le géant de l’agroalimentaire a annoncé une vaste réorganisation mondiale visant à supprimer 400 à 500 postes en France, principalement des cadres. La CFE-CGC dénonce une course à la rentabilité et s’interroge sur la stratégie de l’entreprise.

    Réorganisation en vue chez Danone. Organisé en trois pôles (produits frais, eaux et nutrition spécialisée), le géant agroalimentaire français a annoncé, le 23 novembre dernier, vouloir supprimer 1 500 à 2 000 postes dans ses sièges à l’étranger et en France, avec notamment la fermeture du siège mondial à Paris et l’ouverture d’un nouveau siège à Rueil Malmaison (92). Objectifs affichés : simplifier son organisation, renouer avec la croissance, augmenter sa rentabilité et réaliser un milliard d'euros d'économies d’ici 2023.

    En France, où Danone compte près de 9 000 salariés, ce sont 400 à 500 postes qui doivent être supprimés et qui vont principalement concerner les managers, les cadres, les forces de vente, les agents de maîtrise et les techniciens. « Cette annonce nous a surpris, en tout cas par son ampleur, assure Yannick Pichon, secrétaire CFE-CGC du comité de groupe Danone et délégué syndical central CFE-CGC Evian (une des marques du Groupe). Nous sommes certes sur des marchés compliqués au niveau mondial pour les produits frais et les eaux, et la pandémie de Covid-19 n’a pas arrangé les choses. À la CFE-CGC, nous sommes d’accord pour faire évoluer les organisations et s’adapter mais là, l’annonce a été brutale en se comparant avec d’autres acteurs comme Nestlé et Pepsico sous le seul angle de la course aux taux de rentabilité. C’est le coup de massue. »

    Au micro de Franceinfo, François Hommeril, président de la CFE-CGC, a récemment lui aussi fustigé les annonces de Danone : « La raison est simple, tout le monde la connaît en interne :  Danone fait 14 % de marge opérationnelle, Nestlé en fait 17 %. Et c'est la course à l'échalote entre les deux. Ces restructurations et ces plans d'économies ne débouchent sur rien en matière stratégique et ne sont de fait que des plans pour faire plaisir à la place financière. »

    PREMIÈRE ORGANISATION SYNDICALE CHEZ DANONE, LA CFE-CGC FERA ENTENDRE SA VOIX

    Alors que les discussions sur ce projet de réorganisation dans les différentes instances doivent démarrer fin février-début mars 2021, et se tenir jusqu’en juin prochain, la CFE-CGC, première organisation syndicale chez Danone avec une représentativité globale de 26,64 % tous collèges confondus, fera entendre sa voix. « Les inquiétudes sont vives parmi les salariés, souligne Yannick Pichon. Alors que le Groupe a plutôt protégé ses salariés et les emplois au début de la crise sanitaire, il a finalement cédé à la pression financière des marchés pour retrouver la confiance des actionnaires. Avec l’appui du Syndicat national des industrie agro-alimentaires (SNI2A CFE-CGC), nous allons interroger la direction sur les impacts de cette réorganisation sur le développement et la pérennité de l’entreprise, et sur la continuité de l’activité. »

    Concernant les modalités du projet de plan de sauvegarde de l’emploi (PSE), la CFE-CGC se veut particulièrement vigilante. « Nous souhaitons, en plus bien sûr d’atténuer l’ampleur de ce plan, discuter des différents dispositifs existants tels que le plan de départs volontaires (PDV) et les ruptures conventionnelles collectives (RCC), ainsi que de mesures d’âge, sans aller vers des départs contraints, détaille Yannick Pichon. Il n’est pas concevable pour nous dans la période que nous vivons de mettre de façon brutale des salariés sur un marché du travail qui s’annonce sinistré pour les populations que nous défendons. »

    Mathieu Bahuet