Jusqu’à la présentation du projet de réforme au Conseil des ministres, nous étions dans une séquence de rapport de forces avec le gouvernement, en gageant sur le fait que le premier ministre ait l’intelligence d’ajourner ou de retirer son texte. Il l’a présenté quand même, malgré nos critiques confirmées par le Conseil d’État. Le gouvernement a décidé d’aller jusqu’au bout et l’Assemblée nationale examine le texte. Une nouvelle séquence s’est donc ouverte.
Nous demeurons dans l’intersyndicale en faveur du retrait de cette réforme. Mais nous n’appelons pas à manifester ce jeudi, car ce texte est suffisamment grave et dangereux vis-à-vis des droits des salariés pour que nous défendions aussi nos positions auprès des députés. Nous avons envoyé des propositions d’amendements à l’ensemble des groupes parlementaires que nous avons rencontrés. Nos adhérents les relaient auprès de chaque permanence de député. Elles ont été bien reçues, y compris de la part des députés LaREM. Ceux-ci nous disent que l’on a sans doute raison, mais qu’il est inexorable de faire passer cette réforme car elle est un élément structurant du quinquennat. Ils se sentent d’autant plus libres de le faire rapidement qu’une grande partie des mesures seront décidées ensuite par ordonnances et décrets, par d’autres qu’eux. Ce travail auprès des parlementaires n’enlève rien à notre conviction. Ce projet de réforme est comme un avion sans ailes que l’on tente coûte que coûte de faire décoller, mais qui n’y parviendra pas. En cela, nous sommes en conformité avec la troisième voie syndicale que nous avons choisi de suivre. Nous disons les choses de manière radicale quand c’est nécessaire, y compris dans la rue.
Nous ne sommes donc pas dans le rôle des réformistes bon teint prêts à tout accepter que certains politiques voudraient nous voir jouer. Nous avons conquis aujourd’hui notre liberté d’action. À l’issue de cette séquence, nous rediscuterons des options avec l’intersyndicale.