Le gratin de l’épargne salariale s’est retrouvé à la Cité de l’économie à Paris le vendredi 20 mai. Représentants de la CFE-CGC (Gérard Mardiné, secrétaire général de la Confédération, Raphaëlle Bertholon, secrétaire nationale à l’Economie), de la direction du Trésor, de l’Autorité des marchés financiers (AMF), de l’Association française de la gestion financière (AFG), de la Société française des analystes financiers (SFAF)… Devant une salle comble, plusieurs intervenants et deux tables-rondes ont décrypté le rôle du CIES dans le développement de l’épargne salariale, de l’actionnariat salarié et de l’investissement socialement responsable (ISR) en particulier.
20 ans déjà ! le CIES toujours au cœur de l’épargne salariale
Créé en 2002 par quatre syndicats dont la CFE-CGC, le Comité intersyndical de l’épargne salariale (CIES) a boosté le développement de l’épargne salariale. Il vient de fêter ses 20 ans.
Laure Delahousse, directrice générale adjointe de l’AFG, a quantifié « le saut en avant » : depuis 2004, le nombre d’entreprises où il y a de l’épargne salariale est passé de 100 000 à 360 000 et les actifs gérés de 60 à 170 milliards d’euros, total dont l’actionnariat salarié représente 40 % et l’épargne-retraite un quart. « Chaque année, on gagne 1 % de salariés concernés par l’épargne salariale », a-t-elle indiqué.
Si l’épargne salariale a grossi, elle a su garder ses fondamentaux : ouverte à tous, symbole du partage de la valeur, étroitement liée au dialogue social : c’est le premier thème des négociations en entreprise.
Le CIES labellise depuis 2002 des fonds ou des gammes de fonds d’épargne salariale qui respectent son cahier des charges. En 2021, un nouveau cahier des charges, avec des exigences sociales renforcées, a donné lieu à un appel d’offres auprès de sociétés de gestion.
Pour Frédérique Dejean, professeur en sciences de gestion à Paris Dauphine, « le marché de l’ISR ne serait pas ce qu’il est sans le levier qu’a représenté le label du CIES. Il a permis une structuration ». Quant à Martine Léonard, de la SFAF, elle a souligné à quel point le CIES a aidé les gestionnaires de fonds à aborder l’épargne salariale avec ses exigences « fortes, de bon niveau, bienveillantes, basées sur la co-construction ». Monde financier et monde syndical, chacun a testé ses idées auprès de l’autre avant de trouver, après quelques incompréhensions initiales, une voie qui a pu convenir à tout le monde.
Grégoire Cousté, délégué général du Forum pour l’Investissement Responsable, a rappelé le rôle essentiel des syndicats dans le décollage de l’épargne salariale : « Les travaux du FIR ont été guidés par cette partie prenante, constituante de l’entreprise, que sont les élus du personnel. »
Hélène Marcy, militante CFE-CGC chez Orange, a témoigné de la vitalité du sujet au sein du groupe de télécommunications dont les personnels détiennent près de 5 % des actions, constituant le second actionnaire après l’État, et dont le PERCO, avec un encours de plus de 3 milliards d’euros, est le premier de France.
Un débat nourri a porté sur la gouvernance, plus largement sur la nécessité de faire avancer la responsabilité sociale et environnementale des entreprises pour le bénéfice de l’épargne salariale : « Si l’on veut que les entreprises aient un comportement RSE vertueux et donc qu’elles attirent l’investissement des financiers sur le long terme, il faut que les salariés soient invités à leur gouvernance, a souligné Hélène Marcy. Ce sont eux qui savent ce qui se passe à l’intérieur des entreprises, ce qui fonctionne ou pas sur le plan opérationnel ; ce sont eux qui ont le plus souvent l’ancienneté et qui peuvent dire qu’elles seraient les bonnes évolutions. Tandis qu’un administrateur lambda peut se tromper sur les bons drivers… »
Gilles Lockhart