Tout comme le cycle de négociation sur les accidents du travail et les maladies professionnelles (AT/MP), celui qui démarre sur la transition écologique en entreprise s’inscrit dans le cadre de l’Agenda social paritaire. La CFE-CGC l’a préparé, à la fois par des groupes de travail et en bureau national. Elle a élaboré un document de propositions qui reste pour l’instant confidentiel puisqu’il contient des éléments de négociation. Les deux principaux négociateurs de la Confédération, Madeleine Gilbert, secrétaire nationale développement durable et RSE, et François Moreux, délégué national, sont mobilisés et conscients de réticences sur certains sujets, mais confiants dans l’espoir d’une prise de conscience collective.
Le document confédéral s’ouvre sur un développement consacré à l’électricité et au nucléaire. Pourquoi ce focus sur cette source d’énergie ?
François Moreux : Ce document nous sert de base de travail et il est appelé à évoluer au fur et à mesure du stade des négociations. Certes, quand on parle de transition énergétique, toutes les énergies doivent être considérées, mais nous avons préféré nous centrer sur le problème critique de l’alimentation électrique. C’est elle qui inquiète beaucoup nos collègues de l’industrie et qui est au cœur du quotidien des Français. Nous n’oublions pas pour autant le gaz dont la ressource est moins critique dans l’immédiat.
Madeleine Gilbert : Cela constitue peut-être aussi une manière de rappeler la responsabilité des politiques. Certains d’entre eux essayent d’imputer la responsabilité de la crise à EDF. Or la centrale nucléaire de Fessenheim (Haut-Rhin) a été fermée sur décision politique et les décisions hasardeuses prises par les gouvernements successifs depuis plus de 15 ans en matière de politique énergétique ou de concurrence sont bien à l’origine de la crise que nous connaissons aujourd’hui. Notre système électrique est privé de ses indispensables marges de sécurité. Comme le rappelle hélas notre point de contexte : « Trente-deux de nos cinquante-six réacteurs nucléaires sont à l’arrêt pour cause de maintenance (…) et corrosion sur contraintes et circuits de sécurité. » D’où notre estimation à date, en prévision d’un hiver comparable aux années précédentes, d’un manque de production de l’ordre de 10 GW sur une centaine requise pour passer la pointe hivernale.