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Publié le 20 - 02 - 2025

    Tetra Pak : la CFE-CGC mobilisée pour sauver l’usine de Longvic

    Alors qu’un plan social du groupe suédois d’emballages prévoit la prochaine fermeture des Papeteries de Dijon, l’intersyndicale s’organise pour préserver les 207 emplois. Explications avec Mohamed Aouidat, délégué syndical CFE-CGC. 

    QUELLES SONT VOS ACTIVITÉS PROFESSIONNELLES ET SYNDICALES CHEZ TETRA PAK ? 

    J’ai 35 ans d’ancienneté dans l’entreprise. J’ai longtemps travaillé comme responsable secteur de maintenance au sein des Papeteries de Dijon, la seule usine en France du groupe suédois Tetra Pak. Depuis trois ans, je suis gestionnaire du magasin de pièces détachées. Cela m’a permis de prendre un peu de recul pour exercer mes mandats syndicaux puisque je suis délégué syndical CFE-CGC, membre titulaire du comité social et économique (CSE) et membre titulaire du comité d’entreprise européen (CEE). 

    La direction de Tetra Pak a annoncé fin janvier un plan social prévoyant la fermeture, fin 2025, de l’usine de Longvic (Côte-d’Or). Pour quelles raisons ? 

    L’usine existe depuis 1971, c’est un maillon clé historique de l’économie locale. Le site produit le carton qui part ensuite en rouleaux de plusieurs milliers d’emballages chez les clients. Elle emploie 207 salariés en CDI, sans compter la quinzaine d’alternants et une vingtaine de sous-traitants qui dépendent indirectement de son activité. Les effectifs, qui étaient de 360 au plus fort de l’activité au début des années 2000, ont progressivement diminué avec notamment la suppression, depuis deux ans, des équipes du week-end. Pour justifier le PSE, la direction évoque la baisse des volumes de production et l’augmentation des coûts et des frais fixes. D’une part, la consommation de lait et de jus de fruits diminue depuis des années. D’autre part, nos emballages sont tombés dans le domaine public et subissent de plein fouet la concurrence des emballages chinois, à l’identique et moins chers. Ce n’est pas la première fois que Tetra Pak cherche à fermer un site européen pour préserver sa rentabilité. Cette fois, cela tombe sur nous alors que l’usine n’a jamais perdu d’argent. 
     

    Quelle a été la réaction des salariés à l’annonce du PSE ? 

    C’est très violent. Tout en restant stoïques et très dignes, les salariés ont été assommés. C’est une entreprise avec une bonne réputation que personne n’imaginait fermer dans la région. Pendant longtemps, on entrait aux Papeteries de Dijon avec confiance et de bons avantages pour sa carrière.  
     

    Ce plan social n’intervient que dans une pure logique de rentabilité pour réaliser davantage de bénéfices »

    Que prévoit le calendrier ? 

    Le planning prévisionnel prévoit de stopper la production et de démonter les machines à fin septembre 2025 avec, en parallèle, l’envoi des premières lettres de licenciement. Le PSE a officiellement débuté le 7 février. Dans le cadre du CSE, les syndicats doivent rendre un avis début mai. En intersyndicale, nous avons sollicité et obtenu l’accord de l’avocat Ralph Blindauer, spécialiste du droit du travail et figure médiatique bien connue pour ses déplacements en camping-car. Nous avons également fait appel à des cabinets d’expertise s’agissant de la situation financière des Papeteries de Dijon et des risques psychosociaux (RPS). 

    Comment allez-vous travailler sur le plan syndical ? 

    Nous allons analyser en détail, à la lumière des raisons économiques, dans quelle mesure il est possible de préserver des emplois. L’usine n’est pas en difficulté financière et, je le répète, elle n’a jamais perdu d’argent. Ce plan social n’intervient que dans une pure logique de rentabilité pour réaliser davantage de bénéfices. Notre avocat conteste la terminologie de cessation d’activité et parle plutôt d’un transfert d’activité. C’est donc un long travail d’expertise qui se met en place. La stratégie des organisations syndicales est claire : il s’agit en l’état de parler de sauvegarde des emplois, pas de licenciements. C’est ce que nous avons expliqué à l’ensemble des salariés lors d’une récente assemblée générale. 

    Qu’en est-il de la mobilisation des élus locaux ? 

    Nous mobilisons en effet les élus pour médiatiser le dossier. Deux députés viendront rencontrer la direction ce vendredi 21 février parmi lesquels Pierre Pribetich (groupe Socialistes et apparentés), qui a fait parler de lui à l’Assemblée nationale en dénonçant la casse sociale à l’œuvre en Côte-d’Or. La maire de Longvic, Céline Tonot (PS), sera aussi présente. L’intersyndicale sollicite par ailleurs tous les maires des communes avoisinantes et la presse locale. 

    Propos recueillis par Mathieu Bahuet