« Après avoir été informées par la direction cet été, à la veille des vacances, de ce projet unilatéral, les organisations syndicales ont appris avec consternation, en octobre lors d’une réunion du comité social et économique central (CSEC), que le déménagement allait concerner 2 800 salariés du site de Vélizy dès l’automne 2022, dans moins d’un an, explique Anh-Quan Nguyen, délégué syndical central CFE-CGC de Stellantis et membre du comité européen de groupe. Si la CFE-CGC n’est pas contre la construction de ce futur campus, nous sommes très en colère quant à l’absence totale de concertation et contre ce planning imposé avec beaucoup de précipitation, qui suscite énormément d’inquiétudes légitimes chez les salariés du site dont la moyenne d’âge est de 48 ans. »
Dans ce contexte, l’ensemble des organisations syndicales (OS) ont sollicité l’expertise du cabinet Secafi pour être accompagnées dans l’analyse du projet et sa justification économique, et concernant les mesures d’accompagnement et les garanties en termes d’activité. En parallèle et à l’initiative de la CFE-CGC, première OS sur le site de Vélizy, un sondage terrain réalisé montre que le prochain transfert suscite un grand mécontentement chez 80 % des salariés. Sur l’augmentation des temps de trajets, 75 % des sondés expliquent ainsi prévoir une augmentation forte ou très forte avec près de la moitié annonçant plus d’une heure de transport supplémentaire. Conséquence : 45 % des salariés se disent démotivés, 40 % résignés, 37 % inquiets et 36 % en colère, quand seulement 8 % indiquent être intéressés ou enthousiastes.
Ce mécontentement a trouvé un large débouché puisqu’à l’appel de l’intersyndicale, plus d’un millier de salariés du site ont manifesté le mardi 16 novembre à Vélizy, durant la pause déjeuner. « Ce n’était pas une grève mais une manifestation pacifique, souligne Anh-Quan Nguyen. Cette forte mobilisation, qui a permis aux salariés de venir discuter avec les élus syndicaux, témoigne de la vive inquiétude en interne. La DRH de Stellantis France était d’ailleurs présente ce jour-là, ce qui est plutôt rare en pareille circonstance. D’ores et déjà, nous craignons des départs et donc une perte substantielle de compétences pour l’entreprise. »
Au-delà de ce projet de déménagement, la CFE-CGC Stellantis alerte sur un climat social dégradé et un moral en berne chez les salariés : « Il y a un fond de mécontentement qui prend de l’ampleur. Entre les difficultés économiques liées à la crise sanitaire, le management et les orientations stratégiques au niveau du Groupe à l’échelle mondiale, on sent que le débordement social n’est pas loin. Dans ce contexte tendu, la moindre négociation d’accord d’entreprise est compliquée et nous redoutons les prochaines négociations salariales, prévues début 2022. »
Mathieu Bahuet