À l’attaque d’un dernier trimestre stratégique pour l’entreprise (Sephora y réalise la moitié de son chiffre d’affaires annuel), les organisations syndicales de l’enseigne de parfums et de cosmétiques (305 magasins ; 5 500 salariés dont 1/3 dans l’encadrement) viennent, en attendant les prochaines négociations annuelles obligatoires (NAO) prévues en février 2023, de signer un accord mettant en place « une mesure salariale exceptionnelle et spécifique » en faveur des employés et des agents de maîtrise. Les premiers bénéficieront ainsi d’une hausse de salaire de 33,37 euros bruts mensuels pour un équivalent temps plein, les seconds d’une augmentation de 50 euros bruts mensuels.
« Au terme d’une négociation constructive avec une direction consciente de la nécessité d’agir sur les salaires au regard de l’inflation et des bons résultats commerciaux de Sephora, ces mesures permettent de préserver le pouvoir d’achat », salue Stéphane Guillory, délégué syndical CFE-CGC, élu titulaire au CSE, élu CSSCT et représentant de proximité. Globalement, les employés et les agents de maîtrise se sont vu octroyer cette année, pour chaque catégorie, une enveloppe d’augmentation générale de 3 %. Le même montant a été alloué aux cadres, « mais uniquement sous la forme d’augmentations individuelles, précise le militant, conformément à la politique de rémunération du groupe LVMH qui, pour toutes ses filiales, ne prévoit jamais de hausse générale spécifique pour les cadres ».
Sephora : la CFE-CGC monte au créneau sur les salaires
Signataire d’un accord salarial en faveur des agents de maîtrise, la CFE-CGC de l’enseigne du groupe LVMH se tourne déjà vers les prochaines NAO avec la volonté d’y défendre aussi la rémunération des cadres.
Au-delà de la rémunération variable et des primes, par définition fluctuantes, le plus important reste le salaire fixe »
Porte-voix des personnels de l’encadrement, la CFE-CGC (plus de 22 % de représentativité sur son champ statutaire lors des dernières élections professionnelles de 2019) a d’ores et déjà posé les jalons pour la suite. « Nos équipes ont alerté la direction sur notre attente très forte pour les cadres, qui ne peuvent pas être mis de côté, explique Stéphane Guillory. Pour la CFE-CGC, au-delà de la rémunération variable et des primes, par définition fluctuantes, le plus important reste le salaire fixe. »
Rendez-vous donc en février prochain : « L’employeur a indiqué que les cadres auront toute leur place lors des prochaines NAO. J’ai plutôt confiance car nous travaillons avec une directrice des relations sociales qui a conscience des leviers à activer et qui ne peut pas se permettre de malmener l’encadrement alors que Sephora est engagée dans un vaste plan de transformation. »
LA CFE-CGC DE PLUS EN PLUS SOLLICITÉE PAR LES PERSONNELS D’ENCADREMENT
Rouages essentiels à la bonne marche de l’entreprise, les agents de maîtrise et les cadres sont d’ailleurs de plus en plus enclins à se tourner vers les équipes de la CFE-CGC Sephora. « Dans l’encadrement, nous avons une solide base de sympathisants qui viennent voir nos collègues de la section en disant vouloir nous rejoindre car ils ont besoin d’être reconnus et défendus, et qu’ils ne veulent pas être en permanence les variables d’ajustement dans les magasins », témoigne Stéphane Guillory qui, outre ses mandats chez Sephora, est aussi vice-président de l’USN (union syndicale nationale) pour activités diverses dans le giron de la Fédération nationale encadrement, commerce et services (FNECS CFE-CGC).
En parallèle de ces discussions salariales et autour du pouvoir d’achat - la CFE-CGC a par ailleurs envoyé, fin août, un courrier à la direction demandant l’ouverture d’une négociation sur la prime de partage de la valeur pour les salariés -, les syndicats chez Sephora planchent sur la mise à jour de l’accord relatif au dialogue social (moyens dévolus aux élus du personnel, périmètre des représentants de proximité, etc.) et, surtout, sur la renégociation du temps de travail. Objectif : passer précisément en revue chaque catégorie de salariés quant à la modulation des horaires adaptée à l’activité.
« Dans cette négociation, la CFE-CGC veille notamment à la préservation d’un bon équilibre vie pro-vie perso pour l’ensemble des personnels, souligne Stéphane Guillory. Pour les cadres, nous souhaitons qu’ils aient davantage de RTT et la possibilité de choisir, de manière incompressible, des jours à poser à telle et telle date. »
Mathieu Bahuet