« Nos salaires, c’est de la misère ! » Tel était le principal mot d’ordre de la grève nationale impulsée par l’intersyndicale (CFE-CGC, CFDT, CGT, UNSA) le 24 mai dernier devant le siège parisien de Marionnaud ainsi que dans de nombreux magasins (Lyon, Marseille, Toulouse, Strasbourg…) parmi les 420 que compte l’enseigne de parfumeries. « Les négociations annuelles obligatoires (NAO) se suivent et se ressemblent d’année en année dans une entreprise où les augmentations générales sont gelées depuis 2014 », résume Christelle Launé, déléguée syndicale centrale CFE-CGC, élue au comité social et économique (CSE) et à la commission santé, sécurité et conditions de travail (CSSCT).
Créatrice en 2018 de la section CFE-CGC, devenue immédiatement représentative lors des dernières élections professionnelles, Christelle Launé, par ailleurs responsable du magasin parisien de l’Opéra, a pris part à ce mouvement de grève. « À titre personnel et pour tous nos collègues directeurs de sites, la situation n’était pas simple à gérer car nous étions pris entre deux feux. Mais cette mobilisation était nécessaire tant la situation sociale est difficile avec, outre le manque de reconnaissance salariale, des conditions de travail dégradées et des salariés exténués de par le manque d’effectifs dans les magasins. Malgré les alertes répétées des organisations syndicales, le niveau des risques psychosociaux est au plus haut et les arrêts de travail montent en flèche. »
Chez Marionnaud, un parfum de crise sociale
Salaires gelés depuis 2014, conditions de travail dégradées… Après une grève nationale fin mai, l’intersyndicale reste mobilisée au sein de la chaîne de parfumeries, témoigne Christelle Launé, déléguée syndicale centrale CFE-CGC.
« Pour la CFE-CGC, la priorité est d’améliorer les coefficients de rémunérations liés à l’ancienneté »
Avec ses 27 ans de maison, la militante dresse un état des lieux lucide d’une entreprise confrontée à des difficultés structurelles : « Marionnaud, propriété depuis 2005 du conglomérat chinois AS Watson, est en déficit chronique et la crise Covid n’a rien arrangé. Au niveau des effectifs, la pyramide des âges est assez élevée avec une majorité de nos 2 900 salariés (dont 95 % de femmes) qui ont plus de 20 ans d’ancienneté dans une entreprise qui a longtemps été familiale. »
Ces derniers jours, les discussions ont repris avec la direction et doivent se poursuivre jusqu’au 14 juin pour tenter de trouver des solutions. « Jusqu’ici, aucune des revendications de l’intersyndicale n’a été retenue, déplore Christelle Launé. La NAO a été imposée de manière unilatérale par l’employeur. Les échanges sont d’autant plus compliqués que le représentant des affaires sociales vient de quitter l’entreprise. Pour la CFE-CGC, la priorité est d’améliorer les coefficients de rémunérations liés à l’ancienneté ainsi que les grilles salariales des agents de maîtrise et des cadres. »
S’agissant des conditions de travail, la CFE-CGC milite en particulier pour des dispositifs d’aménagement de fin de carrière et pour l’octroi de deux journées supplémentaires de RTT. « Ce serait un petit plus qui, psychologiquement, ferait du bien aux salariés en termes de reconnaissance, estime la militante. Tout en sachant que les difficultés de Marionnaud ne permettent pas d’envisager l’embauche de personnels et que la stratégie à terme de notre actionnaire chinois n’est pas clairement définie. »
Mathieu Bahuet