Santé au travail : de l’importance d’impliquer les salariés
Une étude de la Dares souligne combien la participation des salariés aux décisions de l’entreprise et la qualité de l’information réduisent les risques dépressifs et les troubles psychiques.
Plus largement, la CFE-CGC rappelle que la qualité de vie au travail est un facteur déterminant pour les salariés et l’entreprise.
Dans un monde du travail en profonde mutation marqué par de nombreux changements en entreprise (organisation du travail, déménagement, restructuration, plan de licenciement, rachat, nouvelle direction…), le fait de consulter, d’informer et d’écouter les salariés constitue le meilleur moyen de limiter les risques dépressifs chez les salariés. Telle est, en résumé, la principale conclusion d’une étude publiée le 25 septembre par la direction de l’animation de la recherche, des études et des statistiques (Dares).
- Insécurité au travail et dégradation de la santé mentale
Menée auprès de 34 000 personnes, l’étude met en exergue que les changements organisationnels, qui ont concerné quatre salariés sur dix en 2013, "peuvent être un facteur d’insécurité pour les salariés, du public comme du privé, et contribuer à dégrader leur santé mentale". Or, les effets de ces changements dépendent beaucoup de la qualité de l’information des salariés et de leur consultation : "Les salariés bien informés présentent moins souvent un symptôme dépressif que ceux qui ne l’ont pas été ; c’est encore plus vrai pour les salariés qui jugent avoir influencé les modalités du changement", soulignent les auteurs.
Parmi les salariés qui font part d'au moins un changement, 56 % estiment "avoir reçu une information suffisante et adaptée" et 17 % ont eu "l'impression d'avoir une influence sur la mise en oeuvre de ces changements". Chez ces derniers, seulement 6 % présentent un symptôme dépressif, contre 21 % chez ceux qui estiment n'avoir été ni informés ni consultés… Précisons par ailleurs que les salariés qui connaissent simultanément l'insécurité liée à des changements imprévisibles et l'insécurité de l'emploi ont un risque 2.8 fois supérieur de présenter un symptôme dépressif que les autres, indique la Dares.
A noter également : la crainte pour son emploi est également corrélée à la nature du contrat de travail puisque cette crainte concerne 45 % des salariés en contrat court (CDD, intérim, apprentis, emplois aidés…) contre 23 % des salariés en CDI et 10 % des fonctionnaires.
- Les cadres mieux informés, plus consultés et plus écoutés
"Plus proches des niveaux de décision", les cadres sont mieux informés (63 % contre 56 % pour l’ensemble), plus consultés et surtout plus écoutés (24 % contre 17 %) que les autres catégories de salariés, met en avant l’étude. A contrario, les salariés les moins autonomes se disent "beaucoup moins souvent informés, consultés et écoutés que les autres".
Enfin, notons que les salariés couverts par un Comité d'hygiène, de sécurité et des conditions de travail (CHSCT) - amené à disparaître avec la fusion des instances représentatives du personnel entérinée par les ordonnances sur la réforme du Code du travail - se déclarent mieux informés que les salariés ne disposant pas d’une telle structure...
- La CFE-CGC et la qualité de vie au travail
Pour la CFE-CGC, la QVT a un lien direct avec la santé physique et mentale des salariés, et avec l’efficacité, l’innovation, la performance et la compétitivité de l’entreprise. Alors que le travail est en pleine mutation, la CFE-CGC rappelle également combien les salariés de l’encadrement (cadres, techniciens, managers…) sont en première ligne. "Dans une société du service qui sollicite ardemment l’activité cérébrale (réflexion, concentration, adaptation, minutie, mémoire, traitement d’informations), et qui prône l’urgence et l’hyper connexion, la charge de travail cognitive et émotionnelle s’accroît, et doit plus que jamais faire l’objet d’une vigilance accrue", explique Martine Keryer, secrétaire nationale confédérale du secteur santé au travail et handicap.
Afin de prévenir toute atteinte à la santé des salariés, il est donc impératif, pour la CFE-CGC, de veiller à ce que les objectifs professionnels soient raisonnables. Et de prévoir un suivi de la charge de travail des cadres et des techniciens.
Mathieu Bahuet