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Publié le 07 - 03 - 2025

    Retraites : la question des âges de départ sur la table

    Organisée jeudi 6 mars, la deuxième séance de la négociation retraites entre partenaires sociaux a été consacrée à un état des lieux des âges de départ et des durées de cotisation. La CFE-CGC a fait passer ses messages. 

    Conformément au calendrier défini le 27 février lors du coup d’envoi officiel des travaux de la délégation paritaire permanente pour aménager le système des retraites, les organisations syndicales et patronales représentatives ont tenu, jeudi 6 mars après-midi, une deuxième séance toujours animée par Jean-Jacques Marette, ancien directeur général de l'Agirc-Arrco. 

    L’ordre du jour prévoyant un état des lieux des âges de départ à la retraite (âge de l’ouverture des droits, âge d’annulation de la décote, dérogations aux âges de droit commun) et des durées de cotisation, la séance s’est ouverte par la présentation de divers documents techniques réalisés principalement par la Caisse nationale d'assurance vieillesse (CNAV) et l’Inspection générale des finances (IGF). 

    LE SUJET SENSIBLE DES 64 ANS 

    Dans la foulée, le traditionnel tour de table a permis à chaque organisation de faire valoir ses analyses : espérance de vie, liberté de choisir son âge de départ, taux de remplacement, compte notionnel… Alors que la réforme gouvernementale de 2023 a allongé de 62 à 64 ans l'âge légal de départ à la retraite, le sujet demeure forcément sensible. Comme dans toute négociation au format national interprofessionnel, les points durs seront abordés tout au long des discussions qui doivent durer trois mois. 

    Les partenaires sociaux se retrouveront désormais le jeudi 13 mars pour une séance centrée sur l’emploi des seniors et les carrières longues. 

    L’ANALYSE DE CHRISTELLE THIEFFINNE, SECRÉTAIRE NATIONALE CFE-CGC À LA PROTECTION SOCIALE ET CHEFFE DE FILE DE LA NÉGOCIATION

    « Le sujet du jour était "les âges" de la retraite. Sur fond de documents techniques rappelant l'existant ainsi que des données statistiques pour poser un état des lieux, les discussions ont permis à chaque organisation d’exprimer ses analyses. Le sujet de l’âge légal fixé à 64 ans par la mauvaise réforme de 2023 est bien sûr sur la table, avec des positions syndicales éloignées de celles des organisations patronales, mais il ne s’agissait pas d’en faire aujourd’hui un objet de crispation. Nous en avons aussi profité pour solliciter plusieurs demandes d’évaluation pour la suite de la négociation, notamment sur l’emploi des seniors et les carrières longues pour la séance de la semaine prochaine. »

    « Pour la CFE-CGC, ce qui est frappant, c'est qu’au fur et à mesure du recul de l'âge légal de départ en retraite, la variabilité grandit autour de cet âge cible. Autrement dit, au fur et à mesure qu'il est demandé aux salariés de travailler plus longtemps, il faut trouver des aménagements pour ceux qui en sont empêchés, sans oublier les impacts en termes de pénibilité, d’incapacité, etc. C'est donc une mauvaise solution. La CFE-CGC a par ailleurs rappelé, et cela a été confirmé par les rapports du Conseil d’orientation des retraites (COR) et de la Cour des comptes, qu’à terme, la réforme de 2023 coûtera plus cher qu'elle ne rapportera aux régimes de retraites. »

    « Concernant l'espérance de vie, les échanges se sont concentrés autour de la possibilité d'indexer l'âge de départ à l'espérance de vie. Cette question reviendra dans quelques semaines quand nous aborderons le pilotage des régimes de retraites. Cependant, pour la CFE-CGC, ce sujet de l’espérance de vie n'est pas assez documenté. Nous contestons l'idée qu’elle continue à s'allonger pour les générations à venir. Il n’y a qu’à voir, par exemple, les prévisions de l'Insee qui sont en permanence revues à la baisse sur le sujet. L'évolution de l'espérance de vie étant un phénomène à observer à long terme, elle ne peut pas constituer un levier à court terme d'équilibrage des régimes de retraites. »

    Mathieu Bahuet