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Publié le 06 - 03 - 2025

    Rémunération : les inégalités perdurent entre hommes et femmes cadres

    En 2024, les femmes cadres gagnaient 12 % de moins que leurs homologues hommes, et 7 % de moins à postes et profils identiques. L’Apec souligne par ailleurs la persistance d’un plafond de verre dans leur évolution de carrière. 

    Bon an mal an, la rémunération demeure un levier d’inégalités persistant entre les femmes cadres et leurs homologues hommes. En 2024, celles-ci gagnaient encore 12 % de moins (50k€ médians bruts annuels contre 56k€), selon le Baromètre « Carrière des femmes cadres » publié le 27 février par l’Association pour l’emploi des cadres (Apec) en amont de la journée internationale des droits des femmes du 8 mars. Même à postes et profils identiques, l'écart de rémunération reste de 7 %, un chiffre quasi constant depuis 2015. Et qui se creuse avec l’âge : déjà de 3 % chez les moins de 35 ans, il monte à 11 % pour les plus de 55 ans. 

    SEULE UNE FEMME CADRE SUR DEUX SE SENT RÉMUNÉRÉE À SA JUSTE VALEUR

    Ces inégalités salariales s’illustrent également avec la part variable dont bénéficient davantage les hommes cadres (57 % contre 50 %). Face à ces écarts, seules 51 % des femmes cadres (contre 59 % des hommes) ont le sentiment d’être rémunérées à leur juste valeur. Alors que la directive européenne sur la transparence salariale doit être transposée d’ici juin 2026, 66 % des cadres - hommes et femmes confondus - plébiscitent le dispositif comme levier d’égalité salariale. Les femmes sont toutefois plus nombreuses (75 % contre 60 %) à souhaiter que leur entreprise communique sur les grilles de rémunération par métier.

    « La transparence salariale est une opportunité, à la fois pour l’égalité salariale mais aussi pour l’attractivité des entreprises encore confrontées aux difficultés pour recruter et fidéliser des compétences, analyse Gilles Gateau, directeur général de l’Apec. Pourtant, même s’il existe un consensus sur les effets positifs attendus de la directive européenne, il faudra accompagner les entreprises, notamment les TPE-PME, dans l’appropriation de ces exigences réglementaires. » 

    PLAFOND DE VERRE ET CARRIÈRES PÉNALISÉES 

    Outre la partie rémunération, l’étude Apec souligne que le plafond de verre 
    est encore loin d’être brisé. Les femmes cadres mettent ainsi plus de temps à accéder à des fonctions managériales et elles encadrent souvent des équipes plus petites : seules 12 % d’entre elles ont la responsabilité d’équipes de plus de 10 personnes contre 21 % pour leurs collègues masculins. 

    L’idée parfois reçue selon laquelle les femmes cadres auraient moins d’ambition professionnelle que les hommes est par ailleurs battue en brèche : plus d’un tiers d’entre elles ont, au cours des trois dernières années, pris l’initiative de demander plus de responsabilités à leur manageur, une proportion quasi égale à celle des hommes. 
     

    Les femmes cadres font encore trop souvent face au sexisme persistant dans leur entreprise ou lors des processus de recrutement »

    « Les femmes cadres ne sont pas freinées par leur supposé manque d’ambition ; en revanche, elles se voient, dès le début de carrière, pénalisées par des inégalités qui perdurent d’année en année, déplore Gilles Gateau. Elles font encore trop souvent face au sexisme persistant dans leur entreprise ou lors des processus de recrutement. Le monde du travail, à l’instar de la société, ne doit plus cultiver le terreau de ces inégalités. Il est urgent d’agir en poursuivant les actions concrètes de sensibilisation, formation à la négociation, mentoring, lutte contre le sexisme, etc. »

    Mathieu Bahuet 

    Dans le privé, l’écart de salaires femmes-hommes recule mais reste élevé

    Dans une étude publiée le 4 mars, l’Insee indique qu’en 2023, dans le secteur privé, le revenu salarial moyen des femmes était inférieur de 22,2 % à celui des hommes. Depuis 1995, les inégalités se sont réduites d’un tiers. « La diminution des écarts de volume de travail et celle des écarts de salaire en équivalent temps plein (ETP) ont contribué à cette baisse qui s’est intensifiée depuis 2019 », précise l’Insee. À temps de travail égal, l'écart de rémunération s’élevait, en 2023, à 14,2 %, contre 22,1 % en 1995.

    Parmi les facteurs explicatifs, l’Insee en avant le moindre volume de travail annuel des femmes, moins souvent en emploi au cours de l’année et davantage à temps partiel ; et la répartition genrée des professions qui fait notamment qu’elles accèdent moins aux postes les plus rémunérateurs. En 2023, les femmes représentaient 42 % des postes salariés du privé en ETP mais seulement 24 % des 1 % des postes les plus rémunérés.

    Les écarts de revenu salarial femmes-hommes sont encore plus marqués entre parents, souligne l’Insee, qui acte que « les mères ont des temps de travail mais aussi des salaires en ETP nettement inférieurs aux pères », et que « les écarts s’accentuent avec le nombre d’enfants ».  

    Journée du 8 mars : la CFE-CGC défilera samedi à Paris
    Dans le cadre de la mobilisation intersyndicale (CFE-CGC, CFDT, CGT, UNSA, Solidaires, FSU), les équipes CFE-CGC défileront à Paris ce samedi 8 mars, date de la journée internationale des droits des femmes. Le cortège partira de la Place de la République à 14h.

    Parce que « l’égalité entre les femmes et les hommes n’est toujours pas une réalité dans nos entreprises et administrations ou dans les sphères publiques et privées », les organisations syndicales appellent à faire de ce 8 mars 2025 « une puissante journée de mobilisation ».