Comment améliorer l’entrée des jeunes dans la vie active ? Comment répondre à leurs aspirations pour un travail porteur de sens, intégrant de plus en plus la dimension écologique ? Dans quelle mesure ces attentes et ce rapport au travail peuvent-ils être des leviers de transformations des organisations au sein des entreprises ? Comment anticiper et accompagner les transitions du travail ? Saisi sur ces sujets par le Premier ministre en amont de la célébration du centenaire de l’OIT, le CESE - la troisième assemblée de la République, composée de représentants de la société civile (organisations syndicales, associations…) - a mené divers travaux en s’appuyant sur des auditions, des enquêtes (dont une consultation citoyenne en ligne) et des ateliers citoyens organisés en région et au siège de l’institution à Paris, au Palais d'Iéna.
Ces riches travaux nourris par de nombreuses contributions ont débouché sur un avis adopté le 27 mars dernier (voté par la CFE-CGC). Dans un monde du travail marqué par l’incertitude associée aux transformations techniques, économique et environnementales, « la jeunesse doit relever les défis de l’insertion dans l’emploi mais elle affiche aussi une forte aspiration au bien-être individuel et collectif dans l’exercice d’un travail qui ait du sens », fait valoir le CESE.
L’avis met en avant trois axes prioritaires : améliorer l’accès des jeunes au monde du travail ; rendre le travail plus riche et émancipateur avec une attention soutenue portée à la qualité de vie au travail (QVT) et à l’articulation des temps de vie ; mieux accompagner les transitions professionnelles pour anticiper et maîtriser des transformations techniques, sociales et environnementales de grande ampleur.
Améliorer l’accès des jeunes au monde du travail
Le CESE considère que les jeunes doivent pouvoir débuter leur vie professionnelle dans un climat de confiance : dans ce but, il recommande aux employeurs de donner la priorité aux embauches en CDI et de limiter le recours aux contrats courts. Autre recommandation aux acteurs de l’insertion professionnelle (service public de l’emploi, employeurs, branches professionnelles) : « assumer, dans le cadre juridique issu de la réforme de la formation professionnelle, toutes leurs responsabilités pour assurer, par un suivi plus efficace, l’accompagnement vers un emploi stable des jeunes sortis de parcours d’alternance. »
Le CESE rappelle par ailleurs que la montée en puissance de la Garantie jeunes (dispositif permettant d'accompagner les jeunes entre 16 et 25 ans en situation de grande précarité vers l'emploi ou la formation) nécessite des efforts financiers et de coordination. L’avis énonce également des mesures visant à mettre tous les jeunes en capacité d’accéder à une qualification. Cela passe en particulier par la mise à disposition d’un capital initial sur le compte personnel de formation (CPF), qui n’est pour l’heure crédité qu’après une période dans l’emploi.
Répondre à la quête de sens au travail
A l’instar de nombreuses études sur le sujet, la consultation citoyenne menée par le CESE souligne « une aspiration générale en faveur d’un travail plus riche de sens ainsi que d’un engagement pour un modèle productif plus respectueux de la qualité de vie au travail et de l’environnement ». Le CESE préconise ainsi que les diverses formes d’engagement des jeunes (bénévolat associatif, volontariat) soient reconnues comme une expérience professionnelle. Autres recommandations : des instruments efficaces de lutte contre les discriminations, un management soucieux du développement des compétences, des espaces de discussion sur l’organisation du travail et la nécessaire amélioration de la qualité de vie au travail (QVT), notamment dans l’articulation entre vie professionnelle et vie personnelle.
Accompagner les transitions professionnelles
Pour répondre aux défis liés aux rapides et profondes mutations économiques et sociales, le CESE milite pour « un renforcement des droits individuels dans le cadre du compte personnel d’activité, pour sécuriser les parcours professionnels, ce dès le début de la vie active ». Il s’agit aussi de rendre plus effective et transparente la responsabilité sociétale des entreprises (RSE) pour renforcer la confiance et l’engagement des jeunes au travail. Enfin, l’avis souligne la nécessaire « promotion d’un projet mondial de justice sociale et climatique », en phase avec les aspirations de la jeunesse, particulièrement mobilisée sur cette problématique.
La CFE-CGC au service des jeunes générations
Mobilisée au quotidien en faveur des étudiants et des jeunes actifs à travers ses diverses actions menées dans le cadre de Pas à Pas - projet coordonné par Fabrice Tyack, délégué national en charge de la jeunesse - la CFE-CGC a voté l’avis du CESE adopté fin mars, retenant 4 notions essentielles qui ressortent des travaux conduits : la transparence, la confiance, la bienveillance et le plaisir au travail.
Pour la CFE-CGC, il s’agit donc de replacer l’humain au cœur des préoccupations des entreprises et des administrations pour leur permettre de d’attirer et de fidéliser les jeunes. Un bémol cependant : le groupe CFE-CGC regrette que la reconnaissance du droit à l’erreur n’ait pas été retenu dans la version finale de l’avis. Plus largement, la CFE-CGC souligne la nécessaire modification en profondeur des modes de management pour répondre aux nouvelles attentes des jeunes vis-à-vis du monde du travail.
Mathieu Bahuet
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Publié le 16 - 07 - 2019
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