La 6ème Conférence nationale du handicap (CNH), un rendez-vous triennal depuis 2005, s’est tenue le 26 avril à l’Elysée. Christophe Roth, secrétaire national Accessibilité, Egalité des chances de la CFE-CGC et président de l’Agefiph, fait le point.
Quelle est votre première analyse de cette CNH ?
La Conférence nationale du handicap a été mise en place par la loi du 11 février 2005 pour l’égalité des droits et des chances. Par rapport aux précédentes, celle-ci a fait l’objet d’une réelle co-construction. J’ai participé à plusieurs groupes de travaux pilotés par la conseillère emploi et personnes handicapées du ministre du Travail, Olivier Dussopt, et j’ai pu échanger en bilatéral avec la ministre chargée des personnes handicapées, Geneviève Darrieussecq et avec son directeur de cabinet. Pour cadrer notamment les propositions concernant l’emploi des personnes handicapées, les évolutions possibles, et pour porter les revendications que la confédération développe depuis des années sur ces sujets.
Avez-vous retrouvé vos thèmes dans le déroulement de l’événement ?
Le président de la République l’a signifié dans son discours : il a indiqué que sur le fronton de nos bâtiments publics, le terme « Egalité » en ce qui concerne le handicap n’est pas respecté. Donc il a été sincère en faisant un constat lucide. N’empêche qu’il ne faut pas noircir les choses : en 8 ans, le taux de chômage des personnes en situation de handicap a diminué de 4 points pour s’établir à 14 %, même s’il reste encore deux fois supérieur à celui du tout public. 1,1 million de personnes en situation de handicap travaillent dont 850 000 dans le secteur privé. Depuis la loi « pour la liberté de choisir son avenir professionnel » de septembre 2018 qui a revu à la hausse les obligations d’embauche de ces personnes et imposée aux entreprises de +250 ETP d’avoir un référent handicap, on peut clairement dire que ça bouge ! Il n’y a pas de quoi tirer un feu d’artifice à l’issue de la 6ème CNH mais les indicateurs sont bien orientés. Le cap est fixé par le président de la République : le plein emploi et atterrir à 5 % de chômage toute population confondue d’ici 2027.
Quelles mesures annoncées trouvent grâce à vos yeux ?
Les ministres ont fait le constat qu’il reste d’énormes chantiers, et celui des Transports notamment, Clément Beaune, a été humble en reconnaissant que le métro parisien n’est pas à la hauteur. Le 1,5 milliard d’euros annoncé pour améliorer l’accessibilité aux bâtiments publics est une goutte d’eau mais témoigne d’une volonté forte des pouvoirs publics. L’augmentation du nombre de licences de taxis conditionnées à l’accessibilité PMR aussi. Les annonces sont également tangibles pour aller vers l’objectif de plein emploi des personnes en situation de handicap en 2027 fixé par le président de la République. Je salue en particulier le changement de cap annoncé pour faciliter l’orientation des personnes actuellement en Esat (1) et aller vers l’équivalence de leurs droits et de leur rémunération par rapport aux salariés « ordinaires ».
En tant que secrétaire national de la CFE-CGC, pouvez-vous cautionner le résultat de cette CNH ?
J’assume mes propos : en qualité d’élu confédéral, il m’était impossible de ne pas participer à ce rendez-vous malgré le contexte tendu entre les organisations syndicales et l’exécutif, malgré qu’on entende vibrer les casseroles. Mon engagement personnel et celui de la CFE-CGC impliquent d’être dans la proposition, de sortir des cases, de faire communiquer des silos, de travailler à un véritable maillage pour donner sa chance à la différence. Il y a eu des mesures concrètes annoncées hier – cf. le fauteuil roulant à zéro euro – qui témoignent que les décideurs prennent conscience de certaines choses, parfois parce qu’ils vivent le handicap dans leur environnement personnel comme des millions de Français. Le fait qu’un ultimatum ait été lancé au sujet de l’accessibilité, prélude à des sanctions si la prochaine CNH, dans trois ans, constate que les dossiers n’avancent pas, me paraît également positif.
Propos recueillis par Gilles Lockhart
(1) Etablissements ou services d'aide par le travail encore appelés « centres d'aide par le travail » qui relèvent du milieu « protégé » et ont pour objectif de faciliter l'insertion sociale et professionnelle des adultes handicapés. Les rémunérations y sont 60 % inférieures à celle du milieu « ordinaire ».