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Publié le 12 - 06 - 2024

    « Non à cette réforme de trop sur l’assurance chômage »

    Réunis au CESE le 11 juin lors d’une conférence de presse, les leaders syndicaux, dont François Hommeril pour la CFE-CGC, ont unanimement condamné la nouvelle réforme de l’assurance chômage, invitant l’exécutif à renoncer au décret.  

    Non à la réforme de trop sur l’assurance chômage. Tel était le mot d’ordre des leaders syndicaux réunis hier au siège du Conseil économique, social et environnemental (CESE) à l’occasion d’une conférence de presse commune (photo ci-contre) organisée en présence de Bruno Coquet (chercheur associé à l’OFCE), Dominique Lhuilier (psychologue du travail à la CNAM), Claire Vivès (chercheuse au CNAM) et Michaël Zemmour (enseignant chercheur à l’Université Lyon 2).

    Dans un contexte politique et social très particulier suite à la dissolution de l’Assemblée nationale annoncée le 10 juin au soir par le président de la République après l’annonce des résultats des élections européennes (voir le communiqué de la CFE-CGC), les cinq organisations syndicales représentatives ont affiché leur franche détermination pour inciter l’exécutif à ne pas appliquer le décret de cette énième réforme de l’assurance chômage pour laquelle une proposition de loi du groupe Liot devait être examinée par les députés ce jeudi.

    Nous reproduisons ci-dessous les principales interventions des leaders syndicaux.

    François Hommeril, président de la CFE-CGC
    « Il existe, sur l’assurance chômage, des chercheurs qui analysent les chiffres, qui publient des études, qui se confrontent à l’exigence scientifique pour évaluer les impacts. Cette prise de parole de l'intersyndicale aujourd’hui, c'est une opération de résistance, par l'intelligence, contre des décisions gouvernementales dont nous contestons le bien-fondé et qui confinent parfois au populisme. Comme pour la réforme des retraites, le gouvernement n’a pas d’arguments mais en invente pour justifier ses réformes de l’assurance chômage. Dégrader les conditions d’indemnisation des chômeurs pour créer des emplois est un non-sens. Le seul objectif du gouvernement, c’est d’appauvrir les chômeurs. Alors que l’exécutif se targue toujours de ne pas augmenter les impôts, cette réforme n’est rien d’autre qu’une augmentation des impôts sur le travail et uniquement sur le dos des salariés. J’appelle donc solennellement l’exécutif à ne pas faire passer ce décret. »

    Marylise Léon, secrétaire générale de la CFDT
    « Cette nouvelle réforme gouvernementale, d’ordre budgétaire, constitue un nouveau danger pour les droits des demandeurs d’emploi et ne ferait que plonger dans la précarité encore plus de personnes. Il nous a paru extrêmement important de continuer notre travail syndical, avec les éclairages d’économistes et de chercheurs, pour peser dans le débat public et nous mobiliser. »

    Sophie Binet, secrétaire générale de la CGT
    « Cette réforme par décret est un enjeu majeur puisqu’elle concernerait au minimum 1 million de personnes précarisées et qu’environ 300 000 personnes seraient privées de droits. La réforme permettrait de réaliser non pas 3,6 milliards d’euros d’économies par an comme l’avance le gouvernement, mais 5,6 milliards souligne l’Unédic. C’est un véritable hold-up, sans que le gouvernement ne présente la moindre étude d’impact. »

    Frédéric Souillot, secrétaire général de FO
    « Cette cinquième réforme est purement économique, injuste et inacceptable. Être au chômage ou au RSA, ce n’est pas un choix. Le chômage, c’est comme la maladie : ça n’arrive pas qu’aux autres. Passer ce décret sans débat au Parlement serait une fois de plus remettre en cause notre protection sociale et ajouter davantage de précarité. »

    Cyril Chabanier, président de la CFTC
    « Cette réforme est un nouveau tour de vis alors que les précédentes n’ont toujours pas fait l’objet de réelles évaluations ni démontré une quelconque efficacité pour améliorer l’emploi. L’exécutif choisit d’aller plus fort, plus vite, plus loin pour taper sur les chômeurs et les plus précaires, en particulier les jeunes et les seniors. C’est scandaleux. »

    UN COMMUNIQUÉ INTERSYNDICAL

    Le lendemain, 8 organisations syndicales (CFE-CGC, CFDT, CFTC, CGT, FO, UNSA, Solidaires, FSU) ont publié un communiqué commun pour demander à l’exécutif de renoncer à cette réforme. (voir ici le communiqué).

    Propos recueillis par Mathieu Bahuet