Voir un collègue sur cinq partir, c’est ce à quoi se préparent les salariés de Nokia France. La direction de l'équipementier finlandais de télécommunications a annoncé vouloir supprimer 427 postes sur les 2 300 que la société compte sur le territoire national, soit environ 18 % des effectifs.
« On s’attendait à ce type d’information quand on a reçu l’invitation au CSE central. Mais l’ampleur nous a surpris, c’est énorme ! Et on ne se l’explique pas du tout », commente Virginie Gervais-Bazin, déléguée syndicale centrale CFE-CGC. Ce d’autant moins que 600 millions d’euros de rachat d’actions sont réalisés chaque année et que l’entreprise continue à engranger des bénéfices, à hauteur de 1,3 milliard d’euros en 2023 par exemple.
Quoi qu’il en soit, la direction a engagé une négociation avec les organisations syndicales représentatives de l’entreprise autour d’une rupture conventionnelle collective (RCC). Elle espère la voir aboutir le 19 décembre, soit un mois après l’annonce des licenciements à venir. Les partenaires sociaux se réuniront quatre fois et la prochaine séance se tiendra ce mardi 2 décembre.
REVOIR LA PYRAMIDE DES ÂGES
Dans ce cadre, la CFE-CGC, deuxième organisation représentative chez Nokia, derrière la CFDT (non majoritaire) et devant la CGT, entend défendre plusieurs points. D’abord, veiller à ce que quitte à devoir faire partir des salariés, la pyramide des âges soit un peu rééquilibrée. Autrement dit, il convient de préserver en priorité les postes des plus jeunes. D’autre part, la CFE-CGC, explique Olivier Marcé, délégué syndical central, voudrait trouver un juste équilibre pour que les personnes qui partent soient correctement indemnisées, sans que l’enveloppe budgétaire ne mette en difficulté les salariés qui vont rester dans l’entreprise.
Un point de vigilance d’autant plus important que, redoute Olivier Marcé, cette baisse des effectifs pourrait ne pas être la dernière : « On se croyait sortis du cycle infernal mais hélas non ! » Le militant syndical constate par ailleurs un manque de visibilité sur la stratégie à moyen terme de l’entreprise. Une preuve ? Il n’a pas été possible de signer un accord de gestion des emplois et des parcours professionnels (GEPP).
D’AUTRES MOTIFS D’INQUIÉTUDE
Deux autres motifs d’inquiétude pointent : le poids de l’immobilier va croître mécaniquement et, cette fois, les services de recherche et développement vont être largement touchés. Un risque pour la compétitivité de l’entreprise et, par ricochet, pour la souveraineté numérique de la France.
Après avoir bataillé pour se faire entendre des pouvoirs publics, qui pourtant versent d’importantes sommes d’argent public à Nokia au travers par exemple du crédit d’impôt recherche (CIR), l’intersyndicale devrait être reçue à Bercy le 12 décembre prochain. Elle sera donc entendue. Mais sera-t-elle écoutée ?
Sophie Massieu