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Publié le 11 - 06 - 2021

    Mutuelle Générale : 10 choses à savoir sur l’accord Open Travail

    Les partenaires sociaux de la mutuelle aux 1 700 salariés viennent de signer un accord d’organisation du temps de travail qui décoiffe. Décryptage avec l’aide du délégué syndical central CFE-CGC, Larbi Kezouh.

    1. UNE AMPLITUDE DE TÉLÉTRAVAIL EXCEPTIONNELLE
    L’accord intitulé Open Travail autorise l’ensemble des collaborateurs de la Mutuelle Générale (hors agences commerciales, logistique, courrier...) à opter, sur la base du volontariat, pour zéro à cinq jours de télétravail par semaine, avec un minimum de 4 jours de présence par mois. Sur ces 4 jours, un doit être consacré au collectif (temps forts en équipe ou inter-équipes, activités collaboratives…).

    2. UNE LIBERTÉ DU CHOIX DE RÉSIDENCE
    Les salariés ont la possibilité de choisir leur lieu de télétravail : domicile, résidence secondaire, lieu tiers ou autre site de La Mutuelle Générale de manière ponctuelle. Autrement dit, un responsable d'une direction support de la direction des Opérations Clients (DOC), rattaché au siège parisien, qui choisit d’aller télétravailler sur la Canebière, pourra faire ses jours de présence obligatoires à l’agence de Marseille. Inversement, le volontariat étant la règle, s’il veut revenir à plein temps sur son site initial, il sera prioritaire.

    3. UN ACCOMPAGNEMENT À LA HAUTEUR
    La mutuelle a prévu trois types d’accompagnements. Professionnel et comportemental : des formations, guides pratiques et charte des bonnes pratiques seront dispensés à chaque étape de la mise en place de l’Open Travail. Matériel : elle met à disposition de chacun une sélection d’équipements informatiques et du mobilier de bureau. Financier : une indemnité forfaitaire de 2 euros par jour télétravaillé, dans la limite de 40 euros/mois, et des tickets restaurant pour chaque journée de télétravail effectuée.

    4. UNE GÉNÈSE QUI REMONTE AU DÉBUT DE LA CRISE SANITAIRE
    Un accord de télétravail existait et faisait l’objet d’une expérimentation à la Mutuelle Générale. « Puis la crise nous est tombée sur la tête, raconte Larbi Kezouh, délégué syndical central de la CFE-CGC dans l’entreprise. Tout le monde s’est retrouvé en télétravail à plein temps à partir du 16 mars 2020. Il est devenu vite évident qu’au-delà de la crise sanitaire, il fallait anticiper une future organisation du travail. C’est en juin 2020 que notre directeur général, Christophe Harrigan, a prononcé pour la première fois les mots "open travail". Et en juillet que les directions ont commencé à pousser la réflexion. »

    5. UN PROCESSUS D’ÉLABORATION COLLECTIF
    À partir de septembre 2020, des ateliers sont ouverts à 80 collaborateurs de toute l’entreprise. Chaque atelier intègre un représentant du personnel. Les cinq organisations syndicales représentatives trouvent un modus vivendi pour se répartir les groupes. La CFE-CGC hérite de l’atelier management où elle est représentée par Nathalie Sulpice (cadre manager), l’une des deux élus titulaires au comité social et économique (CSE) avec Larbi Kezouh. Chaque délégué syndical central est individuellement « interviewé » par le DGA de la Mutuelle chargé de l’organisation et des ressources humaines.

    6. UNE OUVERTURE DES NÉGOCIATIONS UN PEU REPOUSSÉE
    Deux synthèses sur le projet Open Travail sont restituées aux partenaires sociaux en octobre et décembre 2020 par ce DGA référent. Le conseil d’administration est tenu informé. Mais l’ouverture des négociations paritaires, prévue en janvier, est retardée par un changement de DRH. Elles débutent finalement en février 2021, au rythme de deux réunions par mois, et la signature intervient le 11 mai.

    7. QUELQUES FRICTIONS MAIS PAS DE « POINTS DURS »
    « Il y a eu des discussions homériques sur la prise en charge des frais, dans la mesure où, au départ, la direction voulait raser gratis : pas de tickets restaurant, pas d’indemnités, rien, souligne Larbi Kezouh. Et nous avons dû négocier fermement certains points. Par exemple, le code de la Mutualité impose de diviser les activités. Nous sommes donc un groupe qui comprend la Mutuelle Générale (assurance, prévoyance) et la Mutuelle Général Services (centres de santé). L’employeur ne voulait inclure que la MG. Il a fallu trois réunions pour obtenir que nos collègues-santé (hormis les praticiens) soient intégrés à Open Travail. »

    8. LE RÔLE MOTEUR DE LA CFE-CGC
    Quatrième syndicat dans l’entreprise avec une douzaine de points de représentativité globale, la CFE-CGC compte 4 élus (les 2 titulaires précités et 2 suppléants : Eric Savine et Virgine Josse) grâce à ses 23 % dans le troisième collège. Dans ces négociations, elle a dès le début affiché sa volonté d’anticiper et d’innover en matière d’organisation du travail. « Ensuite, on peut dire que le fait que les cadres étaient pour a progressivement entraîné tout le monde », résume Larbi Kezouh.

    9. DES POINTS DE VIGILANCE IMPORTANTS
    Les élus vont surveiller un certain nombre d’évolutions. Vigilance sur les « plages de contact » durant lesquelles le manager s’assure de la disponibilité de son collaborateur s’il veut l’appeler. La CFE-CGC a joué un rôle déterminant pour qu’elles soient limitées aux tranches 10-12h et 14-16h. « On parie sur l’intelligence des gens », commente Larbi Kezouh. Vigilance sur la charge de travail, le droit à la déconnexion, la bonne application du forfait-jours et par conséquent la santé des salariés. « C’est sûr que c’est une organisation innovante, mais qui peut générer du mal-être », ne nie pas le militant. Surveillance également des « conventions de service » au terme desquelles les managers et leurs équipes vont s’accorder sur le nombre de jours de télétravail. Ainsi que sur le risque d’isolement de salariés et la bonne qualité de la couverture Internet.

    10. UNE SOLUTION ENCORE À TROUVER POUR LES AGENCES
    La Mutuelle Générale a un siège parisien (1 200 personnes), deux sites de gestion et deux plateformes téléphoniques en province, et une présence commerciale dans chaque département plus ou moins étoffée selon le nombre d’adhérents. Pour ne pas bloquer l’accord, vu la complexité du télétravail dans les agences ouvertes au public, les quelque 200 personnes du réseau n’ont pas été incluses dans l’accord, ce que Larbi Kezouh reconnaît être « un biais » : « Nous devons faire bénéficier ces agents du télétravail pendant les périodes où ils ne font pas l’accueil : gestion administrative, phoning… Les discussions continuent ! »

    Gilles Lockhart