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Publié le 20 - 09 - 2016

    "Les partenaires sociaux doivent être respectés en tant que tels"

    Débat, organisé à l’initiative de Libération et L’Express.

    "Modèle social, quel rôle pour les syndicats ?" : tel est le débat, organisé à l’initiative de Libération et L’Express, auxquels ont participé François Hommeril et des leaders ou représentants des autres grandes organisations syndicales de salariés le 17 septembre à Paris, devant une assistance fournie. L’occasion pour le président de la CFE-CGC de rappeler les vertus d’un dialogue social serein et du nécessaire respect des partenaires sociaux.  

    • Le bilan du quinquennat : « Le pouvoir financier n'a jamais été aussi important »

    En 2012, la priorité affichée était de mettre sous contrôle la finance. Cinq ans plus tard, le pouvoir financier n'a jamais été aussi important, s’infiltrant dans toutes les sphères de l’économie et imposant au monde du travail sa logique toujours plus dérégulatrice.

    Il ne s’agit pas de distribuer les bons et les mauvais points quant à la compétence des politiques à bien travailler ou non la question sociale, mais plutôt d’évaluer la capacité et la volonté de résister à l’extension sans partage de la finance dont l’objectif est de siphonner toujours davantage les marges.

    Plus globalement, dans un monde où la norme (sécurité, environnement, comptable…) ne fait qu’augmenter et nous envahit au quotidien, il faudrait, en revanche, diminuer la norme sociale… C’est incompréhensible ! Pourquoi devrait-on accepter qu’il faille réguler partout tout en dérégulant le monde du travail et en attaquant les individus qui le composent ?

    • Le syndicalisme en France : « L’adhésion n’est pas la question centrale »

    Dès que l’on aborde la question des rapports sociaux et du syndicalisme français à l’aune d’autres modèles européens, il est facile de tomber dans la caricature. Or, bien plus que le taux de syndicalisation (ndlr : environ 11 % des salariés français en 2013 selon une récente étude de la Dares), il faut rappeler que le marqueur déterminant est le taux de couverture des salariés par les conventions collectives (environ 97 %), fruit de la concertation sociale et des accords signés entre organisations de salariés et d’employeurs.

    • Dialogue social : « Les partenaires sociaux doivent être respectés en tant que tels »

    Historiquement, les partenaires sociaux évoluent sur un terrain bien défini avec des règles précises, où chacun se respecte. Or, ce champ est progressivement envahi par les décideurs politiques qui ont abdiqué quant à leur capacité à intervenir sur les grands pouvoirs financiers et économiques qui influencent intimement nos vies. Chacun doit donc reprendre sa place. Les partenaires sociaux doivent être respectés en tant que tels.

    C’est bien la question du dialogue social qui est au cœur du sujet, autrement dit la question du rôle des partenaires sociaux et de la capacité qui leur est concédée à intervenir dans le champ économique du partage de la valeur ajoutée.

    • Transformations du monde du travail : « Penser une société dans laquelle le travail n'est pas considéré comme un coût à diminuer mais une valeur à partager : voilà l'enjeu »

    Irruption du digital, transformation numérique… De nouveaux défis nous attendent, sans opposer les syndicats dits réformistes et contestataires. La CFE-CGC respecte les points de vue de chacun mais, s’agissant de la loi Travail, nous avons fait valoir que nous n’avions pas la même évaluation que d’autres quant aux risques lourds que comporte cette loi pour les salariés.

    Il y a aujourd’hui toute une série de questions décisives qui sont abordées par le petit bout de la lorgnette, en particulier le temps de travail qui n’est rien moins que la décomposition du volume de travail disponible par le nombre de personnes disposées à le faire. La CFE-CGC défend un modèle social basé sur la répartition des contributions, sans discrimination pour les bénéficiaires. Il faut arrêter de faire croire à l’ensemble de l’opinion que le bonheur de tous sera assuré par la somme des petits malheurs de chacun !

    Penser une société dans laquelle le travail n'est pas considéré comme un coût à diminuer mais une valeur à partager : voilà l'enjeu.

    Propos recueillis par Mathieu Bahuet