L’affaire a commencé le 1er décembre dernier par la réunion d’un comité social et économique (CSE) extraordinaire en présence du directeur général, Nicolas Houzé, membre de la famille qui possède à 100 % le groupe Galeries Lafayette. Il annonce aux représentants du personnel le projet de trois plans de sauvegarde de l’emploi (PSE). Ceux-ci seront effectivement déclenchés quelques jours plus tard, les 8, 9, 10 et 15 décembre, par la tenue des premières réunions (R1) obligatoires. Les Galeries Lafayette Haussmann sont organisées en union économique et sociale (UES), c’est-à-dire avec des sociétés juridiques distinctes mais une direction unique, ce qui explique le lancement de plusieurs plans.
Le premier PSE porte sur l’entité GGL Services qui regroupe principalement la comptabilité. Il concernerait 17 personnes employées dans deux centres comptables en région lyonnaise. Le deuxième PSE touche GL Voyages (les agences de voyage et leurs supports-siège) dont la cessation totale des activités est programmée, ce qui implique la fermeture de leurs corners dans une douzaine de Galeries Lafayette et la suppression de 43 postes. Le troisième PSE est le plus important puisqu’il cible le siège du Groupe, le fameux « 44 GL » (sis 44 rue de Châteaudun à Paris), ainsi que son centre de formation, l’Académie, et qu’il inclut 132 personnes sur 890. Au total, 192 salariés sont menacés par ces différents plans de départ.
UN DIALOGUE SOCIAL QUI S’ENCLENCHE CORRECTEMENT
Deux éclaircies dans cette grisaille : l’entité GL Haussmann qui contient le navire-amiral, le grand magasin du boulevard Haussmann, n’est pas concernée par un PSE. Le dialogue social s’enclenche correctement dans cette entreprise qui est une place forte de la CFE-CGC puisque celle-ci est leader sur UES GL Haussmann devant la CFDT et la CGT. Pour preuve, la conclusion rapide d’un accord de méthode qui, selon les mots de Laurence Lafond, déléguée syndicale CFE-CGC de l’UES, « nous permet de disposer de moyens supplémentaires pour passer cette période ». Les partenaires sociaux ont ainsi obtenu la prise en charge de leurs déplacements en province pour se rendre sur les sites concernés, 10 heures de délégation supplémentaires pour les élus suppléants du CSE et un renforcement de la commission santé sécurité et conditions de travail (CSSCT). Mais aussi une formation spécifique sur la prévention des risques psychosociaux de la part d’un cabinet spécialisé ou encore de pouvoir communiquer sur les négociations via l’intranet de l’entreprise.
« Nous avons également avancé sur tout ce qui concerne l’organisation des reclassements et la mobilité externe de manière anticipée, explique Laurence Lafond, même si nous refusons de donner notre accord à la direction sur le fait de lister précisément des catégories professionnelles car nous ne voulons pas que ces plans se concentrent sur des catégories trop ciblées. » Y aura-t-il des départs contraints ? « Le projet prévoit un plan de départs volontaires. Mais en 2015, il y avait déjà eu un PDV au siège, ouvert à 75 personnes sur le papier et qui n’avait tenté que 59 candidats, remarque Laurence Lafond. Sur Lafayette Voyage, il sera difficile de reclasser une quarantaine de personnes en interne, il risque donc d’y avoir des départs contraints. Idem pour les entités comptables à Lyon dont les salariés ne pourront ou ne voudront pas forcément déménager pour venir travailler à Paris. »
VERS UNE PROLONGATION DE L’ACCORD D’ACTIVITÉ PARTIELLE DE LONGUE DURÉE (APLD) ?
S’agissant du calendrier prévisionnel, l’intersyndicale a pris un avocat et s’est assuré l’expertise du cabinet Apex pour examiner les gros documents de l’étape R1. La négociation et la finalisation du rapport d’expertise sont en cours, sachant que l’avis du CSE doit être rendu le 12 mars et que la direction ne veut pas étendre le calendrier. La période de PDV démarrera ensuite, ce qui laisse à craindre des licenciements à partir de juin.
Quant au grand magasin Haussmann, son activité a fortement chuté depuis un an mais il passe pour le moment à travers les gouttes du fait de la volonté de garder des ressources et des compétences en vue d’un redémarrage à venir. La réouverture de la Samaritaine (LVMH), prévue cette année, est notamment prise très au sérieux sur le plan de la concurrence. Un accord d’activité partielle de longue durée (APLD) avec garantie de l’emploi a été signé en septembre 2020. Il se termine fin mars 2021 mais sa prolongation est renégociable et la garantie de l’emploi court, quoiqu’il arrive, jusqu’à fin août. Actuellement, le taux d’activité partielle y est de l’ordre de 25 % et pourrait monter jusqu’à 40 % si les circonstances l’exigeaient.
(1) Le Printemps a annoncé en novembre 2020 la fermeture de 7 magasins (4 Printemps et 3 Citadium) et la suppression de plus de 400 postes.
Gilles Lockhart
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Publié le 22 - 01 - 2021
Les Galeries Lafayette touchées par un plan de départs
Après le Printemps cet automne (1), les Galeries Lafayette font l’objet d’une restructuration. Mais, cette fois, il n’est pas question de fermeture de magasins. Éclairages avec Laurence Lafond, déléguée syndicale CFE-CGC.