UN ENGAGEMENT FORT POUR UNE SOCIÉTÉ PLUS JUSTE
Dès l’ouverture, Christophe Roth, secrétaire national en charge du secteur accessibilité et égalité des chances, a donné le ton : « Cette année, nous célébrons les 20 ans de la loi du 11 février 2005 pour l’égalité des droits et des chances, avec des avancées notables, mais aussi de nombreux défis à relever, notamment en matière de handicap, d’égalité femmes-hommes et de droits des personnes LGBT+. »
HANDICAP ET AIDANTS : DE LA SENSIBILISATION À L’ACTION
La première table ronde a rassemblé des experts, des salariés concernés et des représentants associatifs. Le débat s’est ouvert sur une réalité souvent ignorée : le lien indissociable entre handicap et proches aidants.
« Le mot inclusion est devenu un terme générique, parfois galvaudé. Pourtant, il reste un combat de tous les instants. Les entreprises les plus engagées dans le handicap sont souvent plus ouvertes à d'autres formes de diversité », a déclaré Yves-Olivier Lenormand, RH chez Airbus et membre du Club des entreprises du 44.
« Il faut voir les compétences avant de voir le fauteuil, a insisté Fabien Héraud, référent handicap à la DSI Atlantique et conférencier. Communiquer, c’est bien, mais aujourd’hui, le défi, c’est de passer à l’action. »
Jean-Paul Patois, salarié en situation de handicap au Crédit Agricole, a livré un témoignage terrain : « La loi de 2005 a été un vrai tournant. Nous avons mis en place un accord handicap national. Le DRH de l’époque a fait appel à moi pour décliner l’accord en région et le mettre en place. Cela a permis d’officialiser les choses, notamment sur le recrutement. On a adapté les postes, recruté des personnes en situation de handicap, et beaucoup ont connu de très beaux parcours professionnels. »
Avant d’expliquer le rôle et les aides apportées par l’Agefiph, Corinne Geny, déléguée régionale, a rappelé une statistique marquante : « 85 % des handicaps surviennent à l’âge adulte. Cela nous concerne donc tous, un jour ou l’autre. Pourtant, en Pays de la Loire, les entreprises atteignent à peine 3,8 % de travailleurs handicapés, loin des 6 % requis par la loi. »
Constat unanime : l’accessibilité reste un point noir. « Sur les 250 principaux sites devant être accessibles, seuls 3 % le sont », a déploré Christophe Legois, délégué national CFE-CGC, qui a rappelé l’engagement du syndicat : « Nous prenons tous les dossiers à bras le corps pour faire reconnaître les compétences et les mettre à la bonne place dans l’entreprise. »
AIDANTS : L’INVISIBLE ÉPUISEMENT
Qui dit handicap, dit souvent aidant familial… Virginie Saint-Pierre (APEI 44) a mis en lumière les réalités des proches aidants : « Un salarié sur dix est aidant mais beaucoup ne se reconnaissent même pas comme tels. Et la majorité sont épuisés. Cependant, j’ai l’impression que ça commence à évoluer. On dit souvent aux aidants que c’est un marathon et pas une course de vitesse. Il faut tenir sur la durée et la prévention de l’épuisement est donc incontournable. »
Pour Christophe Legois, il est temps de reconnaître ce statut : « La CFE-CGC milite pour une reconnaissance du travailleur aidant et la RQTA (reconnaissance de la qualité de travailleur aidant) afin que cela débouche sur des droits. Aujourd’hui, le congé de proche aidant est non rémunéré et ne compte pas pour la retraite. »
ÉGALITÉ FEMMES-HOMMES : DES PROGRÈS, MAIS ENCORE TROP LENTS
L’intermède, animé par Émilie Orrière (directrice d’EHPAD et militante CFE-CGC) et Marie-Astrid Clergeau (Secafi), a porté sur l’égalité femmes-hommes. Là aussi, malgré des avancées, l’écart de rémunération reste d’actualité : « En 2025, on constate encore un différentiel de 10 à 20 % à compétences égales. »
François Hommeril, président de la CFE-CGC, a tenu un discours sans détour : « Il faut sortir du déni. La discrimination est organisée, dans l’entreprise comme dans la société. »
La nécessité d’agir à tous les niveaux a été soulignée : négociation salariale, accès aux responsabilités, développement des compétences, meilleure conciliation entre vie professionnelle et vie personnelle.
LGBT+ : ÊTRE SOI-MÊME AU TRAVAIL, UN DROIT ENCORE TROP FRAGILE
La seconde table ronde s’est penchée sur l’inclusion des personnes LGBT+ au travail (voir le guide CFE-CGC dédié). Soazig Le Coq, co-présidente de L’Autre Cercle, a rappelé que « 40 % des personnes LGBT+ préfèrent cacher leur orientation ou identité de genre au travail ».
Fatima Hamadi (CFE-CGC Orange) a expliqué les efforts menés dans son entreprise : « Nous avons un réseau de référents, un partenariat avec L’Autre Cercle et des outils concrets pour les manageurs, les RH et les collaborateurs. Mais tout repose sur l’exemplarité des dirigeants. »
En effet, les défis sont nombreux sur le terrain. « Faire exister un réseau LGBT+ en région, ce n’est pas simple. Il faut ouvrir des portes, faire face à des préjugés, parfois au rejet », témoigne la consultante Elvire Pasteau (Enedis).
Alain Parmentier, expert CFE-CGC, a insisté sur le rôle de la CFE-CGC : « Nos délégués doivent être formés pour accompagner. Nous avons créé une mallette pédagogique, un réseau interfédéral. L’étiquette CFE-CGC nous impose de devoir répondre à la personne qui vient nous voir parce qu’elle rencontre une difficulté. »
ALLER PLUS LOIN, ENSEMBLE
« L’inclusion, c’est la vie en communauté, a rappelé François Hommeril en conclusion des échanges. Le problème, c’est que l’entreprise traite souvent les gens comme des individus interchangeables, alors qu’ils sont des individualités. »
Cecilia Escorza