La CFE-CGC a pris part, du 5 au 16 juin à Genève, à la 111e Conférence internationale du travail (CIT). Quel bilan en faites-vous ?
L’événement a rassemblé 5 000 délégués représentant les gouvernements, les employeurs et les travailleurs des 187 pays membres de l’Organisation internationale du travail (OIT). Elle s'est clôturée par l'adoption d'une recommandation sur les apprentissages de qualité ; de résolutions sur une transition juste et la protection du travail ; d’un rapport sur les normes, le programme et le budget ; et d’une résolution sur la Biélorussie. Le durcissement généralisé de la position des employeurs s’est confirmé. En dehors du droit de grève que les employeurs refusent de reconnaitre comme corollaire de la convention n°87 sur la liberté d’association, la notion de négociation collective est malmenée, les employeurs préférant le terme de collaboration. Le refus de certains groupes régionaux de mentionner les discriminations LGTBI, prenant en otage le vote du budget, a mis l’organisation en émoi avant d’être résolu in extremis.
« La CFE-CGC œuvre au dialogue social international »
Secrétaire nationale CFE-CGC Europe et international, Anne-Catherine Cudennec fait le point sur la récente Conférence internationale du travail et souligne l’implication de la CFE-CGC dans les instances.
La France a récemment ratifié la convention n°190 de l’OIT pour l’élimination des violences et du harcèlement au travail, adoptée en juin 2019. Quel regard porte la CFE-CGC ?
C’est encore une occasion manquée pour la France de transformer en actes ses engagements et de concrétiser la « grande cause du quinquennat », qui est définitivement un coup de communication. Cette ratification à droit constant s’appuie sur une étude d’impact gouvernementale qui a conclu que le droit français était déjà conforme à la convention. La CFE-CGC déplore que la France se contente d’une conformité a minima sans l’ambition politique d’étoffer le droit interne. Impliquée tout au long du processus, la CFE-CGC a rappelé que les cadres doivent souvent gérer ces situations de violences au travail. Si la convention étoffe la responsabilité des employeurs, dont une mention explicite des risques psychosociaux, il aurait été important que la France précise ce qu’englobe cette responsabilité pour que les cadres n'aient pas indument à en endosser une partie.
Au nom de la CFE-CGC, vous êtes depuis fin 2022 vice-présidente du groupe de travail sur les multinationales et la conduite responsable des entreprises dans le giron de l’OCDE. Quelle sont les missions de l’instance ?
C’est un des 3 groupes de travail (GT) du TUAC, la commission syndicale consultative auprès de l’OCDE, dont sont membres des confédérations ou fédérations internationales et des confédérations nationales des 57 pays membres de l’OCDE. Le GT dont j’assure la vice-présidence veille à ce que les multinationales assument leurs responsabilités vis-à-vis des impacts sociaux et environnementaux de leurs activités. Le GT a contribué aux déclarations des travailleurs lors des réunions des L7 et L20, et nous avons contribué à la révision des principes directeurs de l’OCDE. Notre long engagement au sein du Point de contact national (PCN) français nous place au cœur des débats pour contribuer efficacement aux travaux. Chaque fois que nécessaire, la CFE-CGC met en avant le rôle de l’encadrement dans le fonctionnement de l’entreprise, dont la possibilité d’être un lanceur d’alerte précoce.
Propos recueillis par Mathieu Bahuet