Effectifs, statut, rémunération, droits à la retraite et régimes spécifiques, élections professionnelles en 2018… Simon-Pierre Policciardi passe en revue les grands sujets d’actualité des trois fonctions publiques (Etat, Territoriale et Hospitalière). A l’aube de ce nouveau quinquennat, le secrétaire national confédéral en charge du secteur public invite l’exécutif à respecter l’indispensable dialogue avec les partenaires sociaux. Entretien.
Maintien d’un véritable statut pour les agents de la fonction publique
Effectifs, statut, rémunération, droits à la retraite et régimes spécifiques, élections professionnelles en 2018…
Le ministre de l’Action et des Comptes publics, Gérald Darmanin, a réaffirmé la volonté gouvernementale de supprimer 120 000 postes de fonctionnaires sur le quinquennat, un engagement du président de la République. Quelle est la position de la CFE-CGC ?
En premier lieu, la CFE-CGC a critiqué la suppression du ministère de la Fonction publique dans le nouveau gouvernement, un mauvais signal donné aux cinq millions et demi d’agents publics de notre pays. L’annonce de la baisse sensible des effectifs est une source d’inquiétude forte. Sans être fermée à la discussion, la CFE-CGC déplore une simple logique comptable et exige l’ouverture sans délai d’un espace de discussion sur le sujet. Plus largement, notre organisation s’inquiète, depuis l’élection d’Emmanuel Macron, du quasi silence sur l’avenir réservé aux fonctions publiques et sur l’indispensable dialogue social qui doit s’instaurer avec les partenaires syndicaux du Conseil commun de la fonction publique (CCFP).
Nous serons très vigilants sur la question des droits à la retraite et des régimes spécifiques »
Quels seront, pour la CFE-CGC, les principaux points de vigilance ?
La CFE-CGC reste indéfectiblement attachée au statut des agents titulaires de toutes les administrations. Nous exigeons un véritable statut, lisible et applicable, pour tous les versants. Je pense notamment au million d’agents contractuels de droit privé ou de droit public « oubliés » par les statuts de la fonction publique comme par le droit du travail. Ce « no man's land » est insoutenable ! Nous serons aussi très vigilants sur la question des droits à la retraite et des régimes spécifiques. Contrairement à ce que certains veulent faire croire, le régime de retraite du secteur public, en moyenne, n’est pas plus avantageux que celui du secteur privé, comme l’a notamment démontré le Conseil d'orientation des retraites (COR). Sur l’ensemble d’une carrière, les deux systèmes sont équivalents. Affirmer le contraire est un mensonge. La CFE-CGC s’insurge également contre l’idée selon laquelle un euro cotisé donnerait la même chose à tous. Cette simplification, dangereuse et démagogique, ne tient compte d’aucun historique ni des contraintes propres à chaque métier.
La problématique de la rémunération, avec le probable gel du point d’indice cette année, cristallise encore et toujours les critiques…
La CFE-CGC demeure amère quant aux six longues années de gel du point d’indice des fonctionnaires. La dernière revalorisation salariale intervenue au printemps 2016 - un relèvement de 1,2 % de l’indice gelé depuis 2010 - était clairement insuffisante au regard du travail et de l’investissement quotidien de millions d’agents. La CFE-CGC continuera donc de se battre pour une véritable reconnaissance salariale des agents des trois fonctions publiques.
Comment moderniser les fonctions publiques ?
La CFE-CGC attend que l’ensemble du service public - en particulier les services les plus « pauvres » : la fonction publique territoriale, hospitalière, les administrations centrales et les unités de missions régaliennes - fasse l’objet d’une profonde et ambitieuse réforme sur le numérique, le télétravail et l’emploi des personnes handicapées. Sur le handicap, la CFE-CGC dénonce les ponctions financières sur le fonds d’insertion à l’emploi des personnels handicapés dans le public. Idem s’agissant des grandes administrations comme l’Education nationale, qui ne respectent pas le taux d’embauche réglementaire de collègues en situation de handicap.
La CFE-CGC en ordre de marche pour les élections professionnelles de 2018 »
La mort dans ses fonctions du policier Xavier Jugelé, le 20 avril dernier sur les Champs-Elysées, a suscité une vague de réactions. Quel est le message de la CFE-CGC vis-à-vis d’une corporation en souffrance ?
Comme l’avait alors rappelé François Hommeril, il n’y a pas de démocratie sans une force républicaine pour la défendre. On ne rend pas suffisamment justice à ces hommes et ces femmes prêts à sacrifier leur vie pour garantir nos libertés. Les syndicats affiliés à la CFE-CGC, ceux du ministère de l’Intérieur et les douanes sont solidaires des agents de tous grades et de tous corps. La douleur de perdre un collègue n’enlève rien au sens du devoir qui anime chaque jour les effectifs de la Police nationale et des forces de l’ordre. La CFE-CGC et ses syndicats affiliés (parmi lesquels Alliance Police Nationale, Synergies Officiers, le Syndicat Indépendant des Commissaires de Police…) travaillent au quotidien avec l’autorité de tutelle pour que l’environnement de travail de ces personnels, aux missions si particulières, s’améliore.
Comment la CFE-CGC prépare-t-elle l’échéance décisive des prochaines élections professionnelles dans la fonction publique, qui se dérouleront en décembre 2018 ?
Par la qualité et le sérieux de ses engagements, la CFE-CGC abordera avec confiance et ambition ce scrutin important pour sa représentativité. La CFE-CGC se met progressivement en ordre de marche. Nous allons nous appuyer sur nos militants, sur la fédération CFE-CGC des services publics et l’ensemble de nos structures. Depuis le dernier scrutin en 2014, notre organisation a créé des centaines de nouvelles sections dans tous les versants du public - notamment l’Hospitalière - pour tous les grades et les corps, y compris les docteurs scientifiques et la fonction publique territoriale. Chacun mesure combien les organisations affiliées à la CFE-CGC, dans le privé comme le public, sont attachées aux choix du personnel qu’elles représentent.
Propos recueillis par Mathieu Bahuet