Les récents résultats de la représentativité syndicale ont acté une nouvelle progression de la CFE-CGC. Quelle est votre analyse ?
Lors des deux derniers cycles électoraux, c’est-à-dire depuis huit ans, la CFE-CGC est l’organisation syndicale représentative qui progresse le plus, et de manière significative. C’est une grande satisfaction et un résultat remarquable que je veux dédier en premier lieu à nos militants, à nos délégués syndicaux et à nos sections syndicales sur le terrain. Il faut les féliciter pour la qualité de leurs actions et leur investissement sans faille. Je veux aussi remercier l’ensemble de nos structures, nos élus ainsi que les salariés de la Confédération et des fédérations. Ces résultats sont la récompense de leur travail.
Quelles sont les raisons de cette bonne dynamique ?
Il y a d’abord la qualité de nos militants, de mieux en mieux formés par nos services face à des problématiques de plus en plus complexes en entreprise. Cela leur permet d’être très impliqués auprès des salariés et de pouvoir composer avec les directions. L’autre raison réside dans les valeurs, la doctrine et l’offre syndicale de la CFE-CGC, en phase avec les attentes des salariés. Nous défendons en permanence l’idée selon laquelle il n’y a pas de progrès collectif sans l’investissement individuel de chacun - dans ses études, sa carrière - pour progresser et prendre des responsabilités. C’est l’essence de l’encadrement et des populations que nous représentons. Des populations qui sont, rappelons-le, au centre de la solidarité inter-catégorielle de notre système social.
Comment interpréter la baisse de la participation sur le dernier cycle électoral ?
C’est une des conséquences des ordonnances Macron, instaurées sans concertation et dont la CFE-CGC n’a cessé de pointer la nocivité. La mise en place des comités sociaux et économiques (CSE) a beaucoup affaibli - de l’ordre de 50 % en moyenne - les moyens des élus pour représenter les salariés, même si nous avons su adapter nos pratiques syndicales, en particulier depuis la crise sanitaire.
« La CFE-CGC est en phase avec les attentes des salariés »
François Hommeril revient sur les résultats de la représentativité syndicale et fixe les prochains caps. Le président confédéral évoque par ailleurs les enjeux de la reprise du travail en présentiel.
La question de l’implantation syndicale est fondamentale, il faut poursuivre nos efforts »
Comment renforcer la visibilité de la CFE-CGC là où elle n’est pas ou peu présente ?
La question de l’implantation syndicale est fondamentale, il faut poursuivre nos efforts. En procédant à l’analyse détaillée des entreprises et des branches professionnelles, la CFE-CGC a une grande marge de progression. C’est tout le travail mené ces dernières années par nos équipes pour accompagner le développement syndical en termes de ressources, d’outils et de formations. Notre récente réforme territoriale va dans ce sens pour donner le plus de moyens opérationnels aux structures de terrain.
Le retour progressif au bureau s’amorce. Quels en sont les enjeux ?
La crise sanitaire a bouleversé les organisations. Il y aura un avant et un après-Covid. Au-delà des aspirations très diverses des salariés sur le télétravail et le travail en présentiel, notre mission syndicale est de trouver des moyens, par la négociation et des accords collectifs, pour établir des principes de fonctionnement dans l’entreprise. S’il faut traiter ces sujets, gare toutefois à ne pas tomber dans la précipitation. Par ailleurs, certains employeurs ont déjà résilié des baux ou envisagent de le faire. Le flex office va se développer pour les effectifs tertiaires. Tout ceci n’est pas anodin et peut toucher à des éléments très structurants comme la nature du contrat de travail, le lien de subordination ou le statut de salarié. Il faut donc négocier. C’est tout le sens de l’accord national interprofessionnel signé fin 2020 par les partenaires sociaux pour encadrer le télétravail.
Sur la réforme des retraites, il n’y a jamais d’urgence à faire des bêtises »
La réforme des retraites, suspendue depuis mars 2020, fait son retour dans le débat public. Qu’en est-il ?
Jusque-là, le président de la République et le gouvernement ne font que de la communication politique. Les partenaires sociaux n’ont pas été informés de quelconques discussions prochaines. Pour en revenir au fond du dossier, je dirais qu’il n’y a jamais d’urgence à faire des bêtises. La CFE-CGC a largement contribué à déconstruire tous les arguments du gouvernement en faveur d’une réforme dont le seul objectif est de baisser le niveau des pensions. L’exécutif doit donc purement et simplement abandonner son projet de régime universel par points.
La CFE-CGC, comme d’autres organisations syndicales, a déposé au Conseil d’État un nouveau recours contre la réforme gouvernementale de l’assurance chômage qui doit s’appliquer au 1er juillet prochain. Avez-vous bon espoir ?
Bien sûr. Nos équipes ont énormément travaillé l’argumentation contre une très mauvaise réforme, stigmatisante et pénalisante pour les demandeurs d’emploi. Nous ciblons en particulier le nouveau calcul du salaire journalier de référence (SJR), particulièrement impactant selon la situation des intéressés, qui génère de graves injustices.
Qu’en est-il de l’agenda social autonome fixé entre partenaires sociaux ?
Nous poursuivons nos échanges sur divers sujets dont celui de la formation professionnelle pour analyser en profondeur les effets de la dernière loi entrée en vigueur en 2018. Encore faut-il que les organisations patronales soient véritablement motivées pour négocier.
Propos recueillis par Mathieu Bahuet