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Publié le 17 - 10 - 2024

    La CFE-CGC en première ligne sur le dossier Michelin

    L’inquiétude monte concernant l’avenir de plusieurs sites industriels de Michelin en France. Mais la direction ne répond pas aux demandes de la CFE-CGC en intersyndicale.

    Mercredi 16 octobre, à l’issue du CESC Michelin, l’intersyndicale CFE-CGC, CGT, FO, SUD a prononcé le gel du dialogue social avec la direction. Une décision grave qu’elle explique par le fait que « les réponses de l’employeur ne sont pas à la hauteur des attentes des salariés ». L’intersyndicale estime que « Michelin joue la montre avant d’éventuelles annonces visant à supprimer des emplois en France voire au-delà, et ne respecte pas les salariés ni leurs représentants. »

    UN DROIT D’ALERTE SUR TROIS USINES

    José Tarantini, le DSC CFE-CGC de Michelin France, rappelle que les représentants du personnel « alertent l’entreprise depuis plusieurs mois » et que, « sans réponse concrète de leur part, la CFE-CGC s’est jointe à l’intersyndicale » qui a lancé un droit d’alerte économique le 19 avril 2024, en réunion extraordinaire du CSEC, concernant la situation de trois sites français : Cholet (Maine-et-Loire), Vannes (Morbihan) et Tours (Indre-et-Loire), qui fabriquent des produits semi-finis et des pneus.

    Le rapport d’expertise qui a suivi, rendu par Secafi le 9 octobre, a acté « la situation particulièrement préoccupante » de ces trois sites. L’usine de Cholet, dont l’activité Camionnette est très concurrentielle, a perdu 35 à 40 % de ses tonnages en 5 ans, sans perspective de rebond à court terme ni investissement structurant. Celle de Joué-lès-Tours a perdu 27 % de ses volumes entre 2019 et 2022. L’usine de Vannes, du fait de la baisse continue de son activité, a perdu le quart de ses effectifs entre 2015 et 2022, baisse qui devrait encore se poursuivre du fait de la forte réduction de l’activité Poids lourds en Europe.

    UNE ATTITUDE DE L’EMPLOYEUR INACCEPTABLE

    « Les résultats de l’expertise sont éloquents et alarmants. Face à des chiffres en forte baisse des productions et des effectifs, le manque de réaction de l’employeur est inacceptable », s’indigne José Tarantini. Les élus de l’intersyndicale posent une simple question : face au marasme des chiffres affichés qui dépassent largement les trois sites expertisés, que compte faire l’entreprise ?

    A ce stade, la direction de Michelin reste profondément énigmatique sur ses projets, se contentant de proposer à l’intersyndicale de rencontrer deux directeurs industriels Europe, ce qu’elle a refusé. La pilule du mutisme a d’autant plus de mal à passer que la direction de Michelin pratique une communication corporate sur le thème de l’employeur modèle qui « verse-des-salaires-décents-et-ne-laisse-personne-sur-le-bord-de-la-route », mais parle dans le même temps de « restructurations » comme de quelque chose d’inéluctable…

    EFFORTS ET SENTIMENT D’ABANDON DES SALARIES

    Au niveau industriel, par ailleurs, les trois usines et leurs salariés ont déjà réagi et engagé des actions afin de baisser les coûts. En réduisant fortement les effectifs, en utilisant les 3 années de RCC (2021 à 2023) et depuis le début de l’année 2024 le dispositif GEPP Michelin, en adoptant l’organisation, en lançant des chantiers sur l’énergie, la sous-traitance, le fonctionnement… « Sur les 3 sites concernés par l’étude, il est constaté une grande mobilisation de l’ensemble des acteurs (direction, encadrement, représentants du personnel, salariés) pour faire face à la situation et aller dans le bon sens : réduire les coûts, défendre la compétitivité, rester dans la bonne direction », souligne explicitement le rapport d’expertise.

    Tous efforts non reconnus pour l’instant par une direction incapable de redonner de la visibilité et un cap aux salariés. Moyennant quoi « un certain sentiment d’abandon, d’isolement, de solitude exprimé par le personnel des sites » a été entendu par les experts.  Situation qu’ils résument en trois mots : « les usines souffrent ».

    Gilles Lockhart