Secrétaire national en charge du dialogue social, de la restructuration des branches et de la représentativité, Gilles Lécuelle décrypte les résultats de la nouvelle mesure d’audience syndicale et rappelle combien la CFE-CGC répond aux aspirations des salariés de l’encadrement dans les entreprises.
Comment accueillez-vous les résultats de la nouvelle mesure d’audience de la représentativité syndicale dévoilés le 30 mars dernier ?
Gilles Lécuelle : La mesure d’audience s’apparente à un examen au long cours. Avec 19,39 % des voix dans son champ catégoriel de l’encadrement - soit une progression de près de 7 % par rapport à 2013 - et un score de 12,27 % tous collèges confondus (contre 10,78 % en 2013), la plus forte progression des organisations syndicales, la CFE-CGC valide ses diplômes catégoriel et généraliste avec deux mentions très bien ! Ces excellents scores confirment la montée en puissance régulière de la CFE-CGC sur tous les terrains : chambres d’agriculture, TPE, PME et grandes entreprises. En tant que secrétaire national confédéral, je tiens à féliciter toutes les forces vives de la CFE-CGC, en premier lieu nos militants. Ces résultats sont le fruit du travail de tous : délégués syndicaux, sections d’entreprise, fédérations, unions territoriales, adhérents et salariés confédéraux.
"La CFE-CGC progresse sur tous les terrains"
Gilles Lécuelle décrypte les résultats de la nouvelle mesure d’audience syndicale.
La CFE-CGC est la porte-parole de l’encadrement pour répondre concrètement aux problèmes, sans idéologie ni dogmatisme"
Comment expliquer cette progression structurelle continue de la CFE-CGC ?
GL : La CFE-CGC est la porte-parole des salariés de l’encadrement pour répondre concrètement à leurs attentes et à leurs problèmes, sans idéologie ni dogmatisme. Notre positionnement - entre les syndicats réformistes prêts à tout accepter, et les syndicats purs contestataires - répond aux aspirations des salariés dans les entreprises. La CFE-CGC est identifiée comme un partenaire social indépendant, responsable et exigeant, qui milite au quotidien pour un dialogue social constructif. C’est aussi parce que les populations de l’encadrement sont trop souvent maltraitées (suppressions d’emploi, PSE, perte de pouvoir, budgets imposés par les directions etc.) et que leurs métiers ont été complètement bouleversés ces dernières années que les techniciens, les agents de maîtrise, les ingénieurs et les cadres ressentent de plus en plus le besoin d’être protégés et défendus. Par ses valeurs et ses propositions, la CFE-CGC incarne ce collectif et répond à ces aspirations.
Dans un passé récent, de vifs débats ont agité la CFE-CGC pour savoir si l’organisation devait rester catégorielle ou devenir généraliste. A la lumière, entre autres, de ces nouveaux résultats, le sujet est-il définitivement tranché ?
GL : Personne n’a de boule de cristal en la matière... De mon point de vue et pour une large majorité de nos adhérents et militants de terrain, la valeur ajoutée de la CFE-CGC, c’est véritablement d’être catégorielle et de défendre spécifiquement les salariés de l’encadrement. Nous sommes la seule organisation qui incarne ce syndicalisme spécifique et qui agit concrètement au quotidien pour faire en sorte que l’encadrement ne soit pas le grand oublié ou négligé des négociations. Sans cet indispensable marqueur catégoriel, la CFE-CGC perdrait beaucoup. La stratégie fonctionne très bien puisque, répétons-le, le seul syndicat catégoriel est celui qui progresse le plus dans les urnes !
"Toutes les structures de la CFE-CGC sont associées pour assurer sur le long terme la représentativité de l’organisation"
Au-delà de cette mesure d’audience 2017, la CFE-CGC a fait de la représentativité une priorité absolue.
GL : Le développement et la représentativité (nationale, par branche, par secteur et interprofessionnelle) sont des priorités incontournables pour la CFE-CGC. Il s’agit d’allouer les moyens et ressources nécessaires en fonction des besoins des sections syndicales à développer ou à créer quand elles n’existent pas. Il convient également d’analyser les branches dans lesquelles notre organisation est plus fragile et pour lesquelles notre potentiel de développement est le plus important. Rappelons notamment qu’en soumettant l’obtention de la représentativité à l’atteinte du seuil des 8 % dans le commerce, la construction, l’industrie et les services, la loi rend désormais interdépendants ces quatre grands secteurs.
Pour coordonner l’ensemble de ces actions, une instance spécifique a été mise en place ces derniers mois par la confédération. Quid de sa composition et des objectifs assignés ?
GL : Cette instance est chargée d’identifier les actions prioritaires à mener pour assurer sur le long terme la représentativité de la CFE-CGC, c’est-à-dire notre capacité à négocier et à signer des accords. Toutes les structures de l’organisation sont associées : la confédération, les fédérations et les unions territoriales. Ce travail collaboratif doit permettre de partager les bonnes pratiques, de déployer des synergies et de mettre en place tous les outils nécessaires au développement, sans oublier l’indispensable formation des militants et le renouvellement générationnel. L’instance est notamment chargée d’analyser les résultats électoraux par branche et de proposer toutes les actions adéquates à mener. D’ores et déjà, l’exploitation des résultats dans le logiciel MARS nous permet d’identifier les secteurs les plus porteurs en termes d’audience. Nous devons collectivement être vigilants et proactifs pour préserver ou conquérir notre représentativité !
Propos recueillis par Mathieu Bahuet