Politique sociale plus volontaire et ambitieuse
Ce 25 mars 2017, le Traité de Rome – traité fondateur de l’Union européenne – fête ses 60 ans.
Soixante années d’une vie riche, mais qui ne peut aujourd’hui masquer quelques rides creusées en profondeur. Signe qu’il est peut-être temps de procéder à un lifting de taille…notamment sur le plan social.
En 60 ans, que du chemin parcouru pour l’Union européenne ! Un chemin jonché de multiples succès, mais également d’échecs. Pour n’en citer qu’un : le référendum anglais de juin 2016, qui a ouvert la voie du Brexit, est certainement le signe d’un malaise profond et de la nécessité de revoir le projet européen pour le rendre plus en adéquation avec les attentes des citoyens européens.
Certes, l’objectif premier de la construction européenne, qui était d’assurer la paix en Europe, a été atteint et reconnu officiellement par l’attribution du prix Nobel en 2012. Mais l’idée que, tout naturellement, le développement économique de l’Union européenne se traduirait nécessairement par un renforcement des progrès sociaux et de la cohésion sociale, non seulement s’est révélée fausse, mais nous a illusionné.
Remettre l’humain et le social au cœur de la construction
L’Europe sociale s’est endormie, détournant les citoyens du projet européen et stoppant l’élan populaire. La crise économique qui a touché l’UE a montré les limites de ce projet commun et la nécessité d’apporter des réponses qui remettent l’humain et le social au cœur de la construction. Jacques Delors était dans le vrai en affirmant qu’ « après les pompiers, l’Europe attend les architectes ». Le risque porte sur la pérennité même du système, si difficilement atteint, comme le montre le référendum de juin 2016 au Royaume-Uni.
Face à des déséquilibres sociaux et macroéconomiques qui se sont creusés, l’UE doit renouer avec une politique sociale plus volontaire et ambitieuse. Dans toutes les politiques européennes - et surtout économiques - des objectifs sociaux ambitieux et suivis doivent être intégrés, comme préconisé dans l’article 9 du Traité de Fonctionnement de l'Union européenne (TFUE).
Créer un Socle de droits sociaux : une absolue nécessité
Pour la CFE-CGC, la création d’un Socle de droits sociaux et la portabilité de ce socle dans toute l’UE est une priorité. Pour réaliser un réel marché du travail européen fluide, beaucoup reste encore à faire. Il faut œuvrer pour créer des passerelles, faciliter et sécuriser les parcours professionnels européens, lever tous les freins encore existants à la mobilité des travailleurs : jeunes, apprentis, travailleurs détachés, transfrontaliers... et tout particulièrement de « l’encadrement et des cadres », du privé ou du service public, qui bénéficient en général de régimes particuliers dans leur pays.
La CFE-CGC est persuadée que la méthode à suivre pour atteindre ces objectifs est le dialogue social, tant au niveau européen que national, avec un rôle accru des partenaires sociaux intégrant distinctement la catégorie spécifique des cadres et l’encadrement.
Depuis la création de la Communauté du Charbon et de l’Acier en 1951, la Confédération International des Cadres, et plus tard, la Confédération européenne des cadres, n’ont cessé de soutenir, accompagner et nourrir la construction européenne dans sa dimension sociale mais aussi politique au sens large.
Telle est notre conviction : nous restons persuadés que l’Europe est la voie à parcourir ! L’édifice n’est pas terminé et des étapes importantes restent à franchir. Mais c’est unis et ensemble que nous pourrons trouver les solutions nécessaires à aller de l’avant et dépasser le milieu du gué !