Dans le cadre du projet Dial-IA, l’IRES et 4 organisations syndicales dont la CFE-CGC publient un manifeste et présentent une boîte à outils pour sensibiliser les acteurs du dialogue social aux enjeux de l’intelligence artificielle au travail.
Contribuer à une meilleure prise de conscience des enjeux de l’intelligence artificielle et apporter des réponses : telle est en résumé la démarche du projet Dial-IA (dialoguer sur l’IA) présenté le 7 janvier à l’occasion d’une conférence de presse organisée à Paris par l’Institut de recherches économiques (IRES) avec les témoignages de quatre représentants syndicaux : Nicolas Blanc (CFE-CGC), Charles Parmentier (CFDT), Éric Peres (FO-Cadres) et Matthieu Trubert (Ugict-CGT).
Coordonné par l’IRES, piloté par 4 organisations syndicales (CFE-CGC, CFDT, FO-Cadres, Ugict CGT) et co-financé par l’Agence nationale pour l'amélioration des conditions de travail (ANACT), « Dial-IA est le fuit de 18 mois de travail avec une cinquantaine d’intervenants issus du monde syndical, patronal, des entreprises, des administrations publiques, des experts et des chercheurs », souligne Odile Chagny, chercheuse à l’IRES et coordinatrice du projet. « Il s’agit de contribuer à déployer un cadre méthodologique partagé pour faire du développement du dialogue social technologique au travail et de la déclinaison de l’accord cadre européen de 2020 sur la numérisation du travail un levier opérationnel de la transformation numérique. »
Partageant la conviction « qu’un dialogue social constructif est une condition essentielle pour déployer et utiliser l’IA dans le monde du travail de manière vertueuse et efficiente », les travaux visaient à :
- Faire émerger une « grammaire commune » des spécificités de l’IA comme objet sociotechnique impactant le monde du travail.
- Prendre la mesure du puissant levier qu’offre le dialogue social technologique pour exploiter pleinement les opportunités du déploiement de l’IA dans les organisations.
- Concevoir des outils pour accompagner et favoriser le déploiement opérationnel de ce dialogue social technologique.
Devant la presse, les équipes de l’IRES ont présenté les résultats, à savoir :
- Un manifeste commun intitulé « Pour un dialogue social au service des bons usages de l’IA et d’une nouvelle étape de progrès social dans les entreprises et les administrations ».
- Une boîte à outils (glossaire, état du développement des systèmes d’intelligence artificielle, cartographie des enjeux, modalités du dialogue social…) à destination principalement des représentants du personnel pour sensibiliser les acteurs du dialogue social sur l’IA et leur fournir des leviers opérationnels.
« Tous ces sujets s’inscrivent dans l’actualité avec l’entrée en vigueur progressive du règlement européen sur l’IA et le Sommet pour l'action sur l'intelligence artificielle (IA) qui se tiendra à Paris les 10 et 11 février 2025. Le dialogue social est identifié comme un vecteur important de diffusion de l’IA et il est donc important que les organisations syndicales s’emparent de ces problématiques et fassent des propositions. »
« Ce projet Dial-IA est très structurant pour apporter des solutions avec divers outils. Il faut dorénavant des actes car je considère qu’aujourd’hui qu’il n’y a pas de réel dialogue social autour de l’IA, que le phénomène d’IA clandestine (« shadow IA ») n’est pas bien appréhendé par les employeurs et qu’il convient d’encadrer l’utilisation de l’IA générative en entreprise. Il faut ainsi éviter que les salariés et les représentants du personnel se retrouvent un peu perdus face à ces outils complexes. La confiance ne se décrète pas : au-delà du simple soft law et des chartes, il s’agit d’acculturer toutes les parties prenantes, de dialoguer avec les directions, de former et de faire monter en compétences les élus au sein des comités sociaux et économiques (CSE). »
« Outre ce travail nécessaire en intersyndicale, la CFE-CGC et ses militants travaillent en profondeur pour développer un dialogue social adapté aux enjeux de l’IA. »
Mathieu Bahuet