Handicaps mental et psychique et travail : oui, c'est possible !
La 2ème édition du salon « Handicap, emploi et achats responsables » s'est tenue le 27 mars au Palais des congrès de Paris.
Objectif : favoriser l'employabilité des personnes en situation de handicap. Christophe Roth, délégué national CFE-CGC, y a porté la voix de la Confédération lors de la conférence "Handicaps mental & psychique et organisation du travail : témoignages et bonnes pratiques".
«Si on vous dit maladie mentale, qu'est-ce qui vous vient à l'esprit ? » C'est avec ce petit film que la conférence a débuté. Une vidéo sur le handicap psychique, qui témoigne des peurs irrationnelles très présentes dans l'imaginaire collectif. Des peurs et de nombreuses idées reçues qui constituent les premiers obstacles à l'accès et au maintien dans l'emploi.
- Le handicap psychique : triste état des lieux
Les chiffres (Ariane Conseil) sont éloquents : plus d'un Français sur quatre estime que les personnes souffrant de problèmes de santé mentale sont incompatibles avec une activité professionnelle. Or on estime que dans trois ans, en 2020, la dépression sera la 2ème cause de maladie et d'arrêts de travail. Cette réalité est-elle appréhendée par les entreprises ? Pour 90 % des sondés, c'est non. Christine Blanc-Michelland (Enedis) le confirme : « Dans le monde professionnel, on ne doit pas montrer ses faiblesses : c'est pour cela que le handicap psychique dérange tellement ».
Les participants étaient donc réunis pour esquisser des solutions et échanger des bonnes pratiques.
- Sensibiliser
Pour Valérie Tran, du cabinet Ariane Conseils, la sensibilisation est la première étape au sein de l'entreprise. C'est aussi un des axes principaux de la CFE-CGC. Christophe Roth a expliqué que la 6e convention handicap CFE-CGC-Agefiph signée il y a quelques mois a pour fil conducteur la sensibilisation autour du handicap psychique. Une initiative jugée très "novatrice" par Valérie Tran.
- Avec la CFE-CGC, une voix sur tout le territoire
Ce partenariat avec l'Agefiph permet à la CFE-CGC de s'engager pleinement sur le sujet. « Nos référents handicap sont présents sur tout le territoire grâce à notre maillage régional et départemental, mais également par le biais de nos différentes fédérations professionnelles. Nous les faisons régulièrement monter en compétences. Avec les outils que nous leur fournissons, ils sont armés vont aller épauler leurs collègues. »
- Les outils pour favorises l'emploi des handicapés
Ces dernières années, la CFE-CGC a réalisé un '' Guide handicap '' dont le riche contenu juridique permet de négocier les accords handicap en entreprise. De nombreux supports ont également été publiés par la CFE-CGC : vidéo, bandes-dessinées, fiches techniques, goodies, organisation de colloques... Mais sensibiliser au handicap psychique, c'est aussi former les militants CFE-CGC et les écouter. « On met chaque jour les mains dans le cambouis et les pieds dans la glaise pour défendre notre cause », assure Christophe Roth.
- Accompagner
Pour Christine Blanc-Michelland, la phase de sensibilisation doit être suivie d'une phase d'accompagnement car '' le problème n'est pas de savoir de quoi la personne souffre, mais quels sont les impacts sur sa vie professionnelle ''.
Là aussi, l’organisation syndicale a son rôle à jouer. « Face au handicap physique, nous avons un devoir de solidarité et d'écoute », témoigne Christophe Roth. Que ce soit dans les entreprises ou dans la fonction publique, la CFE-CGC demande une évaluation précise de la situation et un accompagnement sur le lieu de travail qui peuvent être réalisés par le biais d'un intervenant extérieur via, par exemple, l’emploi accompagné (job coaching). Et bien entendu, le suivi par le médecin du travail ! Jean-Philippe Cavroy a présenté le ClubHouse Paris, spécialisé dans l'emploi accompagné pour les handicapés, qui accompagne les projets individuels sur le long terme, prépare la prise de poste et suit le maintien dans l'emploi.
- Créer
Avancer sur le terrain de l'employabilité pour le handicap psychique, c'est aussi être audacieux. Quand rien n'existe, il faut inventer. Jean-François Dufresne (Andros) a livré un beau témoignage sur la création de sept postes pour des autistes (bientôt renforcés par cinq postes de plus) au sein de son entreprise. « Les autistes font peur. Pourtant, ils ont une formidable capacité de concentration et de minutie et ils ne sont pas rebutés par les travaux répétitifs. Alors, je me suis dit : pourquoi ne pas les faire travailler ? ». Le bilan s'avère extrêmement positif, aussi bien pour les salariés autistes pour qui les bénéfices sont indiscutables, que pour l'entreprise : « L'état d'esprit est magique et les salariés sont tout autant productifs. »
Reste donc à convaincre d'autres entreprises d'oser créer et oser changer le regard sur le handicap ! Acteur incontournable résolument engagé au quotidien sur tous ces sujets, la CFE-CGC y prendra toute sa part.
Cecilia Escorza