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Publié le 04 - 05 - 2020

    « Face à la crise, il faut un dialogue social de très haut niveau »

    Sur BFM Business, le 30 avril, François Hommeril, président de la CFE-CGC, a évoqué la situation de crise, le déconfinement et les forts enjeux de dialogue social.  

    LE DIALOGUE SOCIAL EST LA CLÉ DU REDÉMARRAGE DE L’ACTIVITÉ

    « Je reçois l’appel au dialogue social lancé par le Premier ministre (ndlr : Edouard Philippe s’est entretenu par visio-conférence, le 30 avril, avec les leaders syndicaux). C’est un bon début. Depuis plus de 6 semaines, nous sommes dans une interaction assez forte avec les pouvoirs publics et le gouvernement. Tout le monde joue le jeu. Pour faire face à une période si troublée, il faut un dialogue social de très haut niveau et permanent. C’est le cas dans les entreprises qui ont redémarré. Cela a été possible parce qu’il y a eu travail en commun entre les représentants des salariés et les directions. Ce mécanisme doit se poursuivre et s’amplifier. »

    LA CFE-CGC N’ACCEPTERA AUCUN RECUL DES DROITS DES SALARIÉS

    « Les organisations syndicales ont accepté et toléré un certain nombre de choses, présentées comme urgentes. Il y avait en effet des mesures nécessaires et de bon niveau. Mais Il faut comprendre que dans les jours et semaines à venir, nous n’accepterons pas que certaines mesures présentées au nom de l’urgence sanitaire viennent à s’installer dans la durée.

    DES GUIDES POUR LES SALARIÉS ET LES EMPLOYEURS

    François Hommeril a salué la publication, par le ministère du Travail, de Guides et fiches conseils pour aider les salariés et les employeurs dans le cadre de la reprise d’activité : « C’est une bonne chose, car toutes les entreprises n’ont pas la même taille et n’ont pas les mêmes moyens d’action. C’est là un soutien important. »

    C’est une très mauvaise décision, car ça infantilise les organisations syndicales."

    DÉLAI D’INFORMATION ET DE CONSULTATION DES ÉLUS DU PERSONNEL

    En revanche, le président confédéral s’est montré très hostile au raccourcissement du délai d’information et de consultation des représentants du personnel pendant la crise. « C’est une très mauvaise décision, car ça infantilise les organisations syndicales. Le délai de consultation est nécessaire. Il faut être prudent et ne pas considérer que l’urgence doit nous amener à faire n’importe quoi. »

    HORAIRES DÉCALÉS ET TÉLÉTRAVAIL

    « Je suis favorable à toutes les solutions négociées et intelligentes. Il faut gérer la reprise avec un encadrement sanitaire. À ce titre, je ne suis pas défavorable au fait de maintenir et de prolonger le dispositif de l’activité à domicile, mais on ne peut pas appeler cela du télétravail. Travailler dans la cuisine, avec les enfants, dans un environnement qui n’est pas prévu pour cela, ça n’est pas du télétravail. Le télétravail est quelque chose de codifié, d’organisé via un accord. »

    FIN DU CHÔMAGE PARTIEL À NÉGOCIER DANS LES ENTREPRISES

    « L’économie doit repartir dans un climat de confiance et de sérénité. Avant la reprise, beaucoup de paramètres doivent être sous contrôle (transports etc.). Il faut trouver le juste moment où le chômage partiel sera une exception. Et ça, c’est aux entreprises de le dire, dans le cadre d’un dialogue avec les représentants du personnel. Les gens sont pris en tenaille avec une double crainte : devoir aller travailler dans des conditions sanitaires pas optimales et la crainte de perdre leur emploi. »

    La CFE-CGC demande l’extension de la reconnaissance en maladie professionnelle du coronavirus."

    RECONNAISSANCE DU COVID-19 COMME MALADIE PROFESSIONNELLE

    « La CFE-CGC demande l’extension de la reconnaissance en maladie professionnelle du coronavirus au-delà du personnel soignant. Attraper le coronavirus pour certaines professions, c’est un risque professionnel. Nous demandons depuis des années la reconnaissance des risques psychosociaux (RPS). Nous sommes dans la même logique. »

    LA CFE-CGC DEMANDE L’ABROGATION DE LA RÉFORME DE L’ASSURANCE CHÔMAGE

    « Je demande que la réforme gouvernementale de l’assurance chômage de l’été dernier soit abrogée. Nous sommes dans des conditions pires qu’en 2008. Nous avons obtenu la suspension de la dégressivité des allocations. Cette dégressivité est scandaleuse, mais il y a d’autres points scandaleux, tant cette réforme tape sur tout le monde, y compris les plus précaires. »

    RETENIR LES LEÇONS DE LA CRISE

    « J’espère que les gens auront de la mémoire et sauront tirer le meilleur parti de ce que nous avons appris et partagé pendant la crise. Mais j’ai encore quelques doutes. La faculté à oublier les expériences structurantes est très forte. Au-delà des discours, il faudra incarner tout cela de façon opérationnelle et respectueuse des prérogatives de chacun. »