Au terme d’une négociation constructive et sur la base du retour d’expérience vécu pendant la crise sanitaire, la direction d’Enedis et trois syndicats représentatifs (l’alliance CFE UNSA Énergies, la CFDT et FO) ont signé, le 6 août dernier, un nouvel accord de travail à distance (TAD), le précédent datant de 2018. Applicable depuis le 1er septembre et éligible aux 38 000 salariés de l’entreprise dont l’activité le permet, cet accord, prévu pour quatre ans, s’inscrit dans le cadre du projet TAUTEM 2021-2025 (Travaillons Autrement et Transformons Ensemble nos modes de Management), engagé par l’entreprise de service public, gestionnaire du réseau de distribution d’électricité.
Enedis : un accord structurant sur le travail à distance
Signé par la CFE UNSA Énergies et reprenant une bonne partie de ses revendications, l’accord, éligible aux 38 000 salariés de la filiale d’EDF, prévoit notamment jusqu’à 10 jours de télétravail par mois.
« Le présent accord, sur la base du volontariat et réversible, n’est certes pas parfait mais il est meilleur que le précédent et prend en considération les attentes et les besoins des télétravailleurs, très divers en matière de télétravail, résume Laurent Koessler (en photo ci-dessus), délégué syndical central CFE-CGC et secrétaire fédéral au sein de la Fédération CFE Énergies. Très investie dans la négociation, l’alliance CFE UNSA Énergies a obtenu plusieurs avancées concrètes, que ce soit sur le nombre de jours de télétravail, les indemnités, l’accompagnement matériel et les nécessaires actions de formation des managers et des salariés pour la mise en place d’un projet collectif de fonctionnement d’équipe (PCFE). »
Positionner le télétravail comme une modalité complémentaire de l’organisation qui allie confiance mutuelle, équilibre vie pro/vie privée et performance collective. »
Dans le détail, le texte prévoit la possibilité de travailler jusqu’à 10 jours à distance par mois (flexibles et/ou fixes) avec au moins 2 jours de présence sur site par semaine pour préserver le collectif de travail. À titre de comparaison, l’ancien accord prévoyait seulement 25 jours par an pour le travail à distance occasionnel. Concernant les indemnités, 50 % des frais matériels d’installation seront remboursés par l’entreprise, jusqu’à 150 euros maximum. La période Covid ayant engendré un transfert de charges financières vers les salariés, la CFE-UNSA Énergie a par ailleurs obtenu une indemnité de deux euros par jour travaillé à distance, afin que les salariés n’aient pas à supporter des charges qui incombent à l’employeur. « L’entreprise est qui plus est dans une bonne situation financière », rappelle Laurent Koessler, Enedis ayant réalisé un bénéfice de 882 millions d’euros au premier semestre 2021.
« Même si nous visions un accord plus ambitieux pour les salariés en RCTT 32h (réduction collective du temps de travail) et le personnel médical, pour la restauration méridienne (via des tickets restaurant pour tous), pour du télétravail par demi-journée ou pour du télétravail hybride, les dernières concertations ont abouti à des propositions mieux-disantes et plus dignes de l’engagement d’une majorité, explique Laurent Koessler. Au-delà, nous estimons que le travail à distance ne se limite pas qu’aux seuls aspects financiers. Ce qui compte, c’est de positionner le télétravail comme une modalité complémentaire de l’organisation du travail qui allie confiance mutuelle, équilibre vie professionnelle/vie privée et performance collective. »
NÉGOCIATION EN COURS SUR LE DROIT À LA DÉCONNEXION
Deuxième organisation syndicale chez Enedis avec 23 % de représentativité et sur une dynamique favorable (+12 % d’adhérents durant la crise sanitaire, malgré la distanciation sociale), la CFE-CGC suivra avec attention les modalités de mise en œuvre de ce nouvel accord, en phase transitoire jusqu’au 31 décembre 2021. En parallèle, une autre négociation importante s’est ouverte sur le droit à la déconnexion. « Nous avons voulu dissocier les deux sujets, car dans le précédent accord télétravail, le droit à la déconnexion était réduit à quelques lignes dans le texte final, souligne Laurent Koessler. Nous menons cette fois une négociation à part entière pour une prise en compte engageante et efficiente de la problématique, en espérant parvenir à un accord début 2022. »
Mathieu Bahuet