En amont du 37e congrès confédéral, François Hommeril, en conférence de presse, avait planté le décor : « Au-delà des enjeux statutaires, ce Congrès 2019 doit aussi être un temps fort de débats. Avec trois grandes thématiques : que signifie être membre de l’encadrement aujourd’hui ? Comment recréer l’attachement à l’entreprise ? Comment sortir de l’impasse de la gestion par les coûts ? ».
Dans la droite lignée des riches travaux prospectifs (gouvernance d’entreprise, intelligence artificielle et big data, rapport des nouvelles générations au travail…) conduits un an plus tôt par les militants CFE-CGC à l’occasion de l’université d’automne CFE-CGC, le congrès confédéral a donc été le théâtre, le 10 octobre, d’une passionnante matinée d’échanges et de votes qui ont débouché sur l’adoption de 37 nouvelles résolutions qui sont à la fois le fruit de propositions confédérales et d’amendements portés par les fédérations CFE-CGC. Objectif de ces résolutions : consolider le corpus militant de la CFE-CGC et le décliner de manière opérationnelle à tous les niveaux de la négociation (nationale interprofessionnelle, branches, entreprises) au service de toutes les structures de l’organisation : Confédération, fédérations, unions territoriales, adhérents, militants et sections syndicales.
VALORISER LA PRISE DE RESPONSABILITÉS ET FORMER L’ENCADREMENT FACE AUX NOUVEAUX DÉFIS DE L’ENTREPRISE
Sur la première thématique (Que signifie être membre de l’encadrement aujourd’hui ?), 11 résolutions ont été adoptées. Syndicat de l’encadrement (cadres, agents de maîtrise, techniciens, ingénieurs, agents des services publics), la CFE-CGC, convaincue de l’avantage compétitif pour les entreprises que représente un personnel d’encadrement motivé, impliqué, compétent et reconnu, souhaite ainsi valoriser la prise de responsabilités et former l’encadrement pour affronter les nouveaux défis de l’entreprise et des services publics.
Alors que les fonctions d’encadrement ne font plus rêver et que ces populations témoignent d’un sentiment de démotivation, voire de déclassement social, il s’agit notamment de faire bénéficier l’encadrement d’une confiance « a priori », d’une responsabilisation, de moyens et d’une authentique autonomie. Il convient également de promouvoir la hiérarchie intermédiaire, liant incontournable entre la direction et les équipes. Autres priorités : professionnaliser le management pour en faire une fonction reconnue ; reconnaître le droit à l’erreur et protéger le droit de retrait ; valoriser l’expérience, l’expertise et la prise de responsabilités par la progression salariale et de qualification ; veiller à la mise en œuvre effective des accords de gestion prévisionnelle des emplois et des compétences.
Enfin, sans un monde du travail en pleine transformation sous l’effet de la révolution numérique, il faut par ailleurs veiller à ce que toute technologie introduite dans l’entreprise soit accompagnée d’une étude d’impact sur l’évolution du rôle de la hiérarchie intermédiaire et sur l’évolution des compétences techniques.
DÉVELOPPER D’AUTHENTIQUES POLITIQUES DE QUALITÉ DE VIE AU TRAVAIL
Sur la seconde thématique (Comment recréer l’attachement à l’entreprise ?), la CFE-CGC dresse le constat que la déshumanisation des organisations et la perte d’autonomie face à la pression du « reporting » créent de la souffrance et de la moins-value économique. Pour enrayer cette spirale négative et la dégradation des conditions de travail des populations de l’encadrement, la CFE-CGC milite pour le développement d’authentiques politiques de qualité de vie au travail (QVT). Face à l’urgence à recréer du désir d’attachement à l’entreprise, il faut en effet repenser l’intérêt du travail, en interrogeant ses conditions et son but.
Les 14 résolutions spécifiques adoptées visent ici d’une part à améliorer le sens et l’utilité du travail ; de l’autre à changer les conditions du travail et l’environnement de travail. Dans le détail, la CFE-CGC invite toutes les parties prenantes (employeurs et représentants des salariés) à travailler conjointement sur l’organisation du travail afin de limiter les conséquences d’une organisation pathogène sur la santé des salariés et sur la compétitivité de l’entreprise. Il est notamment indispensable de promouvoir les actions en faveur de la QVT tant celle-ci est un facteur de compétitivité et de réduction des coûts pour les entreprises. Comme l’a rappelé Martine Keryer, ancienne secrétaire nationale CFE-CGC en charge de la santé au travail, « un euro investi dans la QVT rapporte 13 euros à l’entreprise ».
La CFE-CGC plaide également en faveur de la maîtrise des temps de travail (avec une attention particulière pour les salariés au forfait-jours, trop souvent victimes d'abus et de dérives), d’une charge de travail raisonnable et de mesures favorisant une meilleure conciliation des temps de vie personnelle et professionnelle. Dans un environnement de travail hyperconnecté, un amendement a aussi été voté afin de rendre effectif le droit à la déconnexion en fixant les règles et plages d’activité habituelles, ce qui permettra de dégager les responsabilités des salariés hors de ces périodes.
Afin de peser sur les pouvoirs publics et de faire évoluer la législation du travail en intégrant la prévention primaire permettant d’améliorer l’organisation du travail, un amendement porté par la CFE Énergie a permis l’adoption d’une résolution visant à proposer et étudier la faisabilité d’un « crédit d’impôt » Santé, Sécurité et QVT, lequel reposerait sur une évaluation externe indépendante et certifiée des actions mises en œuvre et des résultats obtenus.
REDÉFINIR L’ENTREPRISE ET EN FAIRE UN BIEN COMMUN
Enfin, sur la troisième thématique (Comment sortir de l’impasse de la gestion par les coûts ?), convaincue que la valorisation du capital humain dans l’entreprise est le seul moyen pour celle-ci de penser une stratégie adaptée à son développement à long terme, la CFE-CGC revendique une définition nouvelle de l’entreprise.
Les 12 résolutions adoptées par les congressistes ont ici pour objectif d’inventer les principes de gouvernance dans l’entreprise de demain ; de réformer la vision comptable et normative de l’entreprise ; et de promouvoir la responsabilité sociétale des entreprises (RSE). Cela passe notamment, pour la CFE-CGC et ses militants, par le fait que chaque entreprise doit se doter d’une raison d’être précise - non uniquement financière ou actionnariale - intégrant la dimension d’intérêt collectif et/ou de bien commun et reconnaissant les deux parties constituantes de l’entreprise que sont les actionnaires et les salariés.
Une résolution stipule par ailleurs la promotion d’un code de gouvernement d’entreprise qui garantirait des mécanismes de décision des instances de gouvernance respectant strictement la raison d’être de l’entreprise. La CFE-CGC a également adopté une résolution visant à exiger l’extension de la prise en compte des éléments extra-financiers dans les normes comptables.
Mathieu Bahuet
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Publié le 14 - 10 - 2019
La CFE-CGC enrichit son corpus militant avec 37 résolutions
Outre les enjeux électifs, le 37e Congrès confédéral, dans le sillage de l’université d’automne organisée l’an passé, a été le théâtre de débats ayant débouché sur l’adoption de 37 résolutions thématiques.